Que se passerait-il si j'imitais ce couple de touristes italiens en appuyant mes paumes sur ces boutons de pierre polis par des millions de mains ?
Les amours meurent-elles subitement, comme les humains ?
La fiction était pour moi un prolongement de l'enfance, un havre nécessaire et confortable.
Ce qui, une première fois, provoquait chez moi un malaise, c'était que la musique semblait être pour elle un besoin absolu, primordial, derrière lequel notre relation devait s'effacer.
Je n'ai pas pour autant perdu mon intérêt pour la musique. Dévoreur de romans, écrivaillon doué, puis étudiant en littérature, j'ai gardé pour le son un respect qui a grandi à mesure que m'apparaissaient les limites du langage. À moins d'être lus à haute voix, le mot, la phrase, le texte touchaient le lecteur par l'intermédiaire de concepts. La note était une onde qui agissait physiquement, en transcendant les cultures et les idéologies. Errant dans ma forêt de mots, j'ai continué à écouter de la musique, de façon éclectique. J'ai quelque peu délaissé la chanson, art périssable, pour m'intéresser au classique, cet assemblage de sons policé, rigoureux, mystérieux, qui traversait les âges.
– Pourquoi t'as un chapeau ? me demande Milan, qui semble posséder une excellente vision périphérique.
– C'est la guerre.