Me revoilà dans ma petite médiathèque, opération “petits éditeurs”. Je regarde la première de couverture, à l'affût. Pourquoi m'être arrêtée sur
Macadam Butterfly ? Probablement à cause de sa couverture super moche (six chipos reliées façon bâtons de dynamite sur un fond bleu pétard). Et puis lecture de la quatrième de couverture : “ Avec mordant et jubilation,
Tara Lennart nous fait entendre des voix plurielles qui dessinent les multiples facettes de notre condition humaine contemporaine. Série d'instantanés irrévérencieux, drôles et souvent touchants,
Macadam Butterfly dresse un portrait acéré et enlevé de son époque”. Tout ça sonne comme une bien belle promesse…
Par acquis de conscience, je me rends sur le site Internet de l'éditeur que je ne connais pas : “Rue des Promenades”. Éditeur bimédia, certains ouvrages sont disponibles en version papier et d'autres en version numérique. Je clique sur “Présentation”, histoire d'en apprendre un peu plus sur la ligne éditoriale. “Rue des Promenades choisit les textes pour ce qu'ils nous disent, mais d'abord pour la façon dont ils le disent”. Rolala, j'ai donc entre les mains un livre sur la condition humaine qui doit être très très bien écrit… Un détail attire tout de même mon attention : la rubrique “Un tour du côté du nailart”. Ce doit être une métaphore me dis-je. Je clique. J'avais tort. Point de métaphore, mais un véritable concours de nailart. Je reste perplexe.
Mais passons. Je commence donc avec délectation ma lecture. le livre est composé de 16 courts textes. Pas des nouvelles. Pas des histoires. C'était d'ailleurs marqué sur la quatrième de couverture : “
Macadam Butterfly est son premier texte publié”. Ça ne raconte rien ou presque. Ce sont plutôt des tranches de vie, des pensées intérieures de personnages, des dialogues. le livre porte le titre d'une des histoires. Premier texte : “Dame pipi”. Extrait : “Putain de sa mère la pute, enculés. Enculés de fils de pute, enculés putain. Merde merde merde. Putain les enculés.” Deuxième texte : “Effets secondaires du féminisme”. Extrait : “ Putain de plasticienne de mes deux …” Alors oui, j'ai sélectionné les extraits et tout le texte ne se réduit pas à ça. Quelques passages sont même plutôt pas trop mal écrits. Mais j'avais visiblement mal interprété la ligne éditoriale …
Pas grave, concentrons-nous sur la condition humaine contemporaine. Un constat s'impose très vite : je me suis encore fait avoir par la quatrième de couverture. Je n'en veux même pas à l'auteur, la pauvre, elle n'y est sûrement pour rien. Il n'est en rien question de la condition humaine. Les personnages des différents textes évoluent globalement dans un monde de hipsters. Ce se drogue, ça baise à tout va, ça mate du porno. le discours se veut résolument féministe, progressiste, ouvert. le texte “2053” propose même un regard anticipé sur le futur où tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes : cannabis dépénalisé, acceptations des orientations sexuelles multiples … le problème c'est qu'on tourne en rond, d'un texte à l'autre. Ce n'est pas la condition humaine, c'est la description d'un milieu (ou sinon, faut croire que je n'appartiens pas à l'humanité, moi qui ne me drogue pas et qui couche avec le même type depuis 20 ans). Je me plante peut-être, mais il y a probablement une dimension autobiographique dans ces textes, et je peux comprendre cette envie qu'à l'auteure de faire partager ses problématiques. Mais cette accumulation de textes sans histoire dessert son propos. Un peu d'humour ou de mise à distance auraient été bienvenus. Malheureusement, les quelques belles trouvailles (la chute de “I'm your virus”, le personnage principal de “Dédé”) sont noyés sous un verbiage indigeste.
Je suis totalement passée à côté, et du thème et du style.