L'ascèse, le renoncement au désir, n'est pas une vertu pour Spinoza, mais une diminution de la puissance d'être, qui conduit davantage à la tristesse qu'à la joie. Il ne faut pas diminuer ou supprimer le désir, mais l'orienter par la raison.
La sagesse ne consiste donc pas à brimer l'élan vital, mais à le soutenir et à le guider. Elle ne consiste pas à diminuer la force du désir, mais à l'orienter.
Ne plus rien désirer, c'est éteindre la flamme de la vie. C'est anéantir toute puissance vitale. C'est se déshumaniser. Et c'est cette force naturelle, cette puissance vitale, source de tous nos désirs, qui fonde la vertu et conduit au bonheur.
... , la jalousie face au bonheur des autres naît-elle de la frustration que nous ne pouvons partager leur joie tant qu'ils en possèdent l'objet en exclusivité.
La sagesse, pour Spinoza, n'est pas un devoir. C'est une proposition offerte à ceux qui souhaitent augmenter la puissance de leur vitalité corporelle et spirituelle, et vivre de plus en plus dans la joie.
... Spinoza appelle à ne poser aucun jugement sur les hommes et leurs actions, car il est impossible de les comprendre tant qu'on n'a pas compris les causes profondes qui les meuvent.
Or, si "l'obéissance extérieure" est plus forte que "l'activité spirituelle interne", pour reprendre ses propres expressions, nos démocraties risquent de s'affaiblir. C'est pourquoi il rappelle l'importance cruciale de l'éducation des citoyens. Cette éducation ne doit pas se limiter à l'acquisition de connaissances générales, mais aussi enseigner le vivre-ensemble, la citoyenneté, la connaissance de soi et le développement de la raison.
La démocratie n'est donc pas nécessairement le régime le plus vertueux d'un point de vue moral, mais c'est le plus efficace, le plus à même d'assurer la cohésion des citoyens. Il est donc le plus vertueux d'un point de vue politique : assurer de manière pérenne la sécurité et la paix entre les hommes.
Ainsi, plus un être humain développera sa raison, des idées adéquates, et sa puissance d'être et de joie, plus grande sera la part de son esprit qui survivra à la destruction du corps. Inversement, l'esprit d'un homme qui ne vit que sous l'emprise de son imagination et de ses affects déréglés ne survivra que peu, ou pas du tout au corps.