Etienne agita ses deux mains calleuses sous le nez de Christian.
" - Pas besoin d'avoir fait Polytechnique… J'y ai caché trois officiers anglais."
(…)
" - Dites-moi, Etienne, je veux bien vous croire, mais la dernière guerre, c'était il y a cinquante ans.
- Ben oui ! J'avais quinze ans. J'ai fait tout ça à quinze ans… Mozart aussi… "
" - Résumons : on met la rate dans un pensionnat de jeunes filles. Pas un mâle dans le voisinage. Pourtant, elle trouve le moyen de tomber enceinte et de s'enfuir pour accoucher dans la sciure d'un de nos boxons… Cette rate, c'est l'Immaculée Conception…
- ça va, ça va, bougonna le laborantin… J'aurais dû demander qui nous l'avait mise là…
- Le Saint-Esprit, forcément," souffla Thévenet.
" - Chaque homme nourrit son rat, et le rat loge sous son toit. C'est ainsi, mais l'homme ne l'accepte pas. Il nous traite en parasites. Il ne veut rien partager… Il veut TOUT … Le monde est devenu sa proie… "
Christian Thévenet n'avait jamais envisagé de devenir un héros de roman. Pourtant, il était sur le point de basculer dans un scénario écrit pour un autre. Il essuya ses mains moites contre son pantalon de velours, inspira et décida d'accepter le rôle.
J'ai tout juste appris que croire, ça ne sert à rien et démontrer, ça suffit à peine.
Tant que le règne animal et l'espèce humaine continueront de s'ignorer, de tels massacres auront lieu.
Melchior pourrirait sur place. C'était à la nature de fournir le linceul. Et aux charognards d'ensevelir ce mort dans leurs entrailles.
L'homme est notre pire ennemi et notre meilleur allié. C'est nous qui l'avons mis au travail. Chaque homme nourrit son rat, et le loge sous son toit. C'est ainsi, mais l'homme ne l'accepte pas. Il nous traite en parasites. Il ne veut rien partager ... Il veut TOUT. Le monde est devenu sa proie.
Pourtant, ce matin-là, il eut le sentiment de partir terrasser le dragon avec une armure en fer-blanc et une épée de bois. Même un gosse aurait mis les pouces. Ça n'étais pas du jeu.
-Tu m'as chassé du paradis. tandis que je baignais dans un sommeil liquide, tu m'as expulsé de ton ventre. ma tête a cogné des os, mon corps s'est tordu pour franchir l'étroit passage. Et j'ai senti tomber sur ma peau nue, dans ma poitrine encore froissée, un froid mortel. A la rumeur qui berçait mes tympans ont succédé des bruits assourdissants, un fracas métallique, des grondements, des cris suraigus.
-Ma bouche est venue te réchauffer. Mon odeur t'a rempli de quiétude. Jamais je ne t'aurais laissé seul.