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Citations sur Zibaldone (20)

La lecture est à l’art d’écrire ce que l’expérience est à l’art de vivre et de connaître les hommes et les choses dans le monde. Étendez et appliquez cette observation, en particulier à ce qui vous est arrivé quand vous étudiiez la langue et le style, et vous verrez que la lecture a produit en vous le même effet que l’expérience par rapport au monde.
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“La mémoire n’est presque rien d’autre qu’une faculté d’imitation, car toute reminiscence est comme une imitation que la mémoire, c’est à dire ses organes propres, fait des sensations passées.”
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LE SUICIDE RAISONNABLE




« On n’a jamais lu chez aucun auteur ancien qu’on se soit tué par ennui de la vie, alors que la chose est courante chez beaucoup de nos modernes. Voyez le Suicidio ragionato [Suicide raisonnable] de Buonafede *. Et parce que de tels faits se produisent aujourd’hui principalement en Angleterre, on croit que c’était une chose commune en ce pays, jusque dans les temps anciens, même si l’on n’en a pas le souvenir. Les poèmes d’Ossian nous montrent combien les anciens habitants de ce pays étaient loin de concevoir l’absolue nécessité du néant et l’ennui de la vie, et plus loin encore de se désespérer et de se tuer pour cela. Les anciens Celtes et les autres peuples de l’Antiquité se tuaient à cause d’un désespoir né de passions et d’infortunes qui n’étaient jamais considérées comme absolument inévitables et inhérentes à la condition humaine, mais propres au désespoir individuel, fruit de l’infortune et du malheur. Le désespoir et le découragement devant la vie en général, la haine de la vie en tant que vie humaine (et non individuellement et accidentellement malheureuse), la misère à laquelle est inévitablement destinée notre espèce, le néant et l’ennui inhérents et essentiels à notre vie, l’idée en somme selon laquelle notre vie par elle-même n’est pas un bien, mais un fardeau et un malheur, n’a jamais effleuré un esprit antique ni un esprit humain avant ces derniers siècles. Au contraire les anciens étaient poussés au suicide et au désespoir précisément parce qu’ils estimaient et se persuadaient qu’ils étaient impuissants, à cause de malheurs individuels, à obtenir et à jouir de ces biens de l’existence auxquels ils croyaient.»
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2 janvier 1821


« L’égoïsme général provoque et nécessite l’égoïsme de chacun, car si personne ne fait rien pour vous, il vous faudra vivre en faisant tout par vous-même. Si les autres vous privent autant qu’ils peuvent de l’essentiel et que, tout à leurs propres avantages, ils ne se préoccupent pas du dommage qu’ils vous causent, il vous faudra pour vivre vous battre et affronter les autres le plus possible. Quelle que soit la chose que vous vouliez céder, vous ne devez en attendre ni gratitude, ni contrepartie, puisque l’échange où chacun se sacrifie pour l’autre, la libéralité et les bienfaits réciproques ont été abolis. Mais si vous reculez d’un seul pas, les autres vous repousseront de vingt, chacun s’y employant de toutes ses forces. C’est pourquoi il est nécessaire que chacun aille le plus possible contre les autres et combatte pour soi jusqu’à la fin et de toutes ses forces : la réaction doit être proportionnée à l’action pour pouvoir aboutir à un résultat, c’est-à-dire vivre; si l’une est importante l’autre doit nécessairement augmenter d’autant. Telle une meute de fauves affolés autour d’une proie, où chacun est décidé à ne rien laisser aux autres à moins d’y être obligé : le fauve qui reste sans agir, recule devant les autres, attend qu’ils pensent à lui ou n’engage pas toutes ses forces restera le ventre vide ou perdra d’autant plus de nourriture qu’il avait engagé ou pu engager moins de force. En vertu du système de l’égoïsme universel, tout ce que l’on donne est perdu. Par ailleurs, un tel égoïsme est également la cause de l’égoïsme individuel, non seulement d’après cet exemple mais parce qu’il donne à l’homme vertueux l’exemple de la triste expérience de l’inutilité, ou plutôt le caractère nuisible de la vertu et des sacrifices magnanimes, et lui fait perdre ses illusions ; cela s’explique aussi par la misanthropie qu’inspire le spectacle de tous ces gens préoccupés d’eux-mêmes, insoucieux de votre bien-être, ingrats envers vos bienfaits et qui sont prêts à vous nuire, qu’ils en tirent ou non un bénéfice. Un tel état de choses modifie le caractère des gens et enracine non seulement concrètement mais radicalement l’égoïsme jusque dans les esprits les mieux faits. Ce sont d’ailleurs les plus touchés, puisque l’égoïsme n’y entre pas comme une passion inférieure et vile, mais au contraire comme une passion supérieure et magnanime, telle par exemple la passion de la vengeance et de la haine envers les méchants et les ingrats. Si nocentem innocentemque idem exitus maneat, acrioris viri esse, merito perire [Si le coupable et l’innocent doivent avoir la même fin, c’est se montrer un homme ardent que de mériter sa mort] disait l’empereur Otton selon Tacite, Histoire, Liv. I, chap. 21. (2 janvier 1821.) »
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6 novembre 1823



« Dès que l’homme pense, il désire, car il pense autant qu’il s’aime. À chaque instant, à mesure que sa faculté de penser est plus libre et moins empêchée, et qu’il l’exerce pleinement et plus intensément, son désir est plus grand. Aussi, dans un état d’assoupissement, de léthargie, de certaine ivresse, dans les plis et replis du sommeil, et autres états dans lesquels la proportion, la somme, la force de la pensée, l’exercice de la pensée, la liberté et la faculté actuelle de la pensée sont moindres, plus empêchés, plus faibles, etc., l’homme désire proportionnellement moins vivement, son désir, la force, la somme de celui-ci sont moindres; et c’est pourquoi l’homme est proportionnellement moins heureux. Plus s’étend cette action de l’esprit, qui est inséparable du sentiment de la vie et relative au degré de ce sentiment, et plus s’étend, toujours relativement à son degré, le désir de l’homme et du vivant, et l’action du désir. Chaque acte libre de l’esprit, chaque pensée qui n’est pas indépendante de la volonté, est en quelque façon un désir actuel, parce que de tels actes et de telles pensées ont une fin que l’homme désire à ce moment en proportion de l’intensité, etc., de cet acte ou de cette pensée, et toutes ces fins touchent le bonheur que l’homme et le vivant désirent nécessairement par nature plus que toute autre chose et qu’il leur est impossible de ne pas désirer. »
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6 novembre 1820


« Celui qui sait se nourrir de petits bonheurs, qui recueille dans son cœur les petits plaisirs qu’il a éprouvés durant la journée et qui sait donner du poids à ses petites aventures, traverse facilement l’existence, et s’il n’est pas heureux, il peut croire qu’il l’est sans s’apercevoir qu’il n’en est rien. Mais celui qui ne s’intéresse qu’aux grands bonheurs, qui compte pour rien ces petits événements agréables, ces petites victoires, satisfactions, réussites, etc., qui ne cherche pas à s’en nourrir, qui n’y revient plus et qui pense que tout n’est que néant s’il n’atteint pas le but important et difficile qu’il s’était proposé, celui-là vivra toujours dans l’affliction, dans l’anxiété, sans aucune jouissance et il ne trouvera jamais qu’un malheur perpétuel à la place de son grand bonheur. Et quand il l’atteindra, il le trouvera bien inférieur à ses espérances, comme cela arrive toujours avant ce que l’on désire et recherche ardemment. »
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Trouvant la route comme ouverte, je m'y précipitais.
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Les illusions ne peuvent être condamnées, méprisées, pourchassées, que par ceux qui en sont les victimes et par ceux qui croient que le monde est ou puisse être vraiment quelque chose, et quelque chose de beau.
Illusion capitale : le demi-philosophe combat donc les illusions précisément parce qu'il en est la victime ; le vrai philosophe les aime et s'en fait l'apôtre parce qu'il en est dépourvu : en général, combattre les illusions est le signe le plus sûr d'une science très imparfaite et d'une illusion notable.
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Veniamo alla inclinazione dell'uomo all'infinito, Indipendentemente dal desiderio del piacere, esiste nell'uomo una facoltà immaginativa, la quale può concepire le cose che non sono, ed in modo in cui le cose reali non sono. [ ... ] Il piacere infinito che non si trova nella realtà si trova cosi’ nell’ immaginazion
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Deux vérités que d'ordinaire les hommes n'admettent pas: l'une est qu'ils ne savent rien; l'autre qu'ils ne sont rien. Ajoutez-en une troisième, intimement liée à la précédente: qu'ils n'ont rien à espérer après la mort.
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