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Citations sur La princesse Ligovskoï (27)

Descendu du pont de l'Ascension et se préparant à tourner à droite le long du trottoir, il [le jeune fonctionnaire] entendit soudain un cri : "Attention, tire-toi de là !". Droit sur lui fonçait un trotteur bai ; derrière le cocher frémissait un plumet blanc et bâillait le collet d'une capote grise. A peine avait-il eu le temps de lever les yeux qu'un limon était devant sa poitrine et que la vapeur qui s'échappait en nuage des naseaux du coursier lui enveloppait le visage ; il s'agrippa machinalement des deux mains au brancard, et tout aussitôt un fort élan du cheval le rejeta de côté, à plusieurs pas sur le trottoir...Des cris retentirent : il l'a écrasé, il l'a écrasé ! ", des cochers s'élancèrent à la poursuite du coupable, mais ils n'eurent que le temps de voir disparaître au loin le plumet blanc.
Quand le fonctionnaire revint à lui, il ne ressentait nulle part de douleur, mais ses genoux tremblaient encore d'effroi ; il se leva, s'accouda au parapet du canal, cherchant à rassembler ses esprits. Des pensées amères s'emparèrent de son être, et à partir de cet instant il reporta des cochers aux plumets blancs toute la haine dont son âme était capable.
Pendant ce temps le plumet blanc et le trotteur bai filaient le long du canal, tournaient à la perspective Nievski, puis à la rue des Caravanes, de là gagnaient le pont Siémionovski, puis à droite la Fontanka, où ils s'arrêtaient devant un riche portail avec avant-toit et porte de verre brillamment garnie de bronze.
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Catherine Ivanova était une dame point sotte, au dire des fonctionnaires qui servaient sous les ordres de son mari ; une femme adroite et retorse de l’avis d’autres dames d’âge ; une maman bonne, confiante et aveugle pour la jeunesse dansante… quant à son vrai caractère, je ne l’ai pas encore bien démêlé ; je tâcherai dans mes descriptions de réunir et de traduire ensemble les trois appréciations que je viens de rapporter… et s’il en résulte un portrait fidèle, je promets de me rendre à pied au monastère d’Alexandre Nievski écouter les chantres !... 
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 On s’efforce vers un amour durable, vers une gloire durable, vers une richesse durable, et puis soudain… la mort, la maladie, le feu, l’inondation, la guerre, la paix, un rival, un changement de l’opinion publique –et tous vos efforts sont réduits à néant !... Quant à l’oubli… l’oubli est également inexorable aux minutes et aux siècles. Si l’on me demandait de choisir entre une minute de pleine félicité et des années de bonheur ambigu… je préférerais concentrer tous mes sentiments et ma passion sur un moment de divin bonheur, et souffrir ensuite tant qu’on voudrait, plutôt que de les faire durer indéfiniment et de les placer un à un dans les intervalles de l’ennui et du chagrin.
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Oh ! Les dames étaient le véritable ornement de ce bal, comme de tous les bals possibles !... Que d'yeux étincelants et d'étincelants brillants, que de lèvres roses et de roses rubans... merveilles de la nature et merveilles du magasin de modes... ravissants petits pieds et souliers merveilleusement petits, épaules marmoréennes et fards français de première qualité, phrases sonores empruntées au roman à la mode, bijoux de location...
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Durant toute sa jeunesse, cet homme ne s’était passionné de rien : ni des femmes, ni du vin, ni des cartes, ni des honneurs, et avec tout cela, pour faire comme ses camarades et amis, il s’enivrait très souvent, il s’était amouraché deux ou trois fois pour faire plaisir à des femmes qui voulaient lui plaire, il avait une fois perdu trente mille roubles au jeu quand il était à la mode de perdre, il avait compromis sa santé au service pour être agréable à ses supérieurs. Égoïste au plus haut point, il avait néanmoins toujours eu la réputation d’un bon garçon prêt à toutes les complaisances, et s’il s’était marié, c’était parce que toute sa famille le désirait.
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Une larme brilla le long de ses longs cils, comme une goutte de pluie laissée par l'orage sur une feuille de tremble et qui glisse en frémissant sur ses bords, jusqu'à ce qu'une nouvelle rafale de vent l'emporte... Dieu sait où
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P34
Les dames du grand monde formaient un groupe à part sur les degrés inférieurs du grand escalier ; elles riaient, parlaient fort et dirigeaient leurs faces- à-main d’or sur celles du petit monde, les dames de petite noblesse ordinaire, et les unes enviaient secrètement les autres : les premières la beauté des secondes, les secondes, hélas ! l’orgueil et l’éclat des premières.
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 … je ne sais pas, mais à mon sens, une femme dans un bal constitue avec sa toilette quelque chose de global, d’indivisible, de spécial : une femme au bal est tout autre chose qu’une femme dans son boudoir ; juger de l’âme et de l’intelligence d’une femme après avoir dansé avec elle une mazurka, c’est tout comme juger de l’opinion et des sentiments d’un journaliste après avoir lu un article de lui. 
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Elle n'était pas une beauté, bien que ses traits fussent assez réguliers. [...] La perpétuelle mobilité de sa physionomie, contrastant visiblement avec ce que ses traits avaient d'un peu accusé, l'empêchait de plaire à tous et de plaire toujours; mais un homme exercé à suivre ces changements instantanés auraient pu y découvrir une rare ardeur intérieure, et cette constante excitabilité nerveuse qui promet tant de jouissance à un amant perspicace. [...] En la voyant pour la première fois vous auriez dit, si vous êtes un observateur expérimenté, que c'était une femme de caractère ferme, décidé, froid, croyant en sa propre conviction, prête à sacrifier son bonheur aux principes, mais non à la rumeur publique. En la voyant à la minute de la passion et de l'émotion, vous auriez dit tout autre chose, - ou plutôt vous n'auriez su que dire.
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A partir de onze heures du soir, les coupés arrivèrent l'un après l'autre à l'entrée brillamment éclairée de son hôtel. Des deux côtés du perron, sur le trottoir, les passants se pressaient, arrêtés par la curiosité et par le risque de faire écraser. Krasinski était du nombre : serré contre le mur, il regardait avec envie d'importants personnages décorés que de grands laquais aidaient précautionneusement à descendre de voiture, des jeunes gens qui sautaient négligemment de leur traîneau sur les marches de granit, et les pensées se pressaient en foule dans sa tête. " En quoi suis-je moins bien qu'eux ? se disait-il ; ces visages blêmes, exténués, déformés par de mesquines passions, c'est donc eux qui plaisent à des femmes qui ont le droit et la possibilité de choisir ? L'argent, l'argent et rien que l'argent... qu'ont-ils besoin de beauté, d'esprit et de cœur ? Oh, je serai riche, absolument, à tout prix, et alors j'obligerai cette société à me rendre justice !"
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