Frères, presque indiscernables : insistant, dans une lettre à l'un de ses éditeurs (Jérôme Lindon), sur "le côté commun de Blanchot et Bataille", Georges Bataille se plaira à rappeler la confusion commise par Heidegger, qui aurait dit, vers 1953, que Bataille est aujourd'hui la meilleure tête pensante de France". Heidegger pensait en fait louer Blanchot, dont il avait apprécié l'étude (dans le numéro 7 de critique) consacrée à l'un de ses essai sur Hölderlin.
Seule la littérature est un jeu, qui jette les dés pour atteindre un chiffre imprévisible...
Georges Bataille, Ce monde où nous mourons.
Depuis Mai, la rue s'est réveillée : elle parle.
"L'écrivain se trouve dans cette situation de plus en plus comique de n'avoir rien à écrire, de n'avoir aucun moyen de l'écrire et d'être contraint par une nécessité extrême de toujours l'écrire... Le signe de son importance, c'est que l'écrivain n'ait rien à dire..."
Une citation qui n'a plus en elle de potentialité interprétative devient une lettre morte.
Eric Hoppenot, Au commencement de l'écriture... de la copie à la citation.
Partout errent des ombres d'événements, des fantômes de conjoncture. Le temps se délègue en intermittences épuisantes. Les faits poussent de loin en loin les mêmes cris. Dans cette forêt impénétrable des origines, les plus puissantes figures sont dévorées par les formes d'une durée illusoire.
Blanchot, Joseph et ses frères, par Thomas Mann.
(...) la pensée de votre présence nous soutient chaque jour, Janine et moi, alors même que nous avons tous deux comme le sentiment perpétuel d'être dévastés, de suivre survivre sous des décombres.
Louis-René Des Forêts.
Rendre Blanchot visible tout en sauvegardant sa part d'invisibilité : telle pourrait être la formule de ce cahier.
Les mots sont toujours trop lourds pour décrire adéquatement ce que Blanchot veut nous communiquer. Ainsi va-t-il leur faire subir une atténuation systématique.
Michel Butor, Note de lecture sur Celui qui ne m'accompagnait pas.
"(...) écrire c'est jeter et jeter encore sa ligne pour ramener quelque chose qui glisse et se dérobe, et, lorsqu'on l'a hissé, quand c'est là, étalé au grand jour, cela meurt. Et toujours on recommence. En fin de compte, c'est dans ce mouvement acharné à ramener quelque chose qui est en train de mourir que se concentre "la vie".
Nathalie Sarraute.