Le Chevalier d'Eon : ''Une vie sans queue ni tête''

Les cruciverbistes connaissent bien ce chevalier qui en trois lettres occupe une partie de leur temps lorsqu'ils remplissent leur grille. Enfant, je me suis essayé, avec mon grand-père, aux mots-croisés. C'est sur une table de cuisine, armé d'un crayon à papier et d'une gomme, que j'ai rencontré le chevalier d'Eon. En parcourant le dictionnaire pour en savoir plus sur ce chevalier, l'enfant que j'étais est resté sans réponse sur le mystère de ce personnage historique au sexe ambiguë pour ses contemporains.
Aussi, l'occasion m'a été donnée, en lisant ce livre de pouvoir lever le voile. Jainas dans sa critique du 08 mars 2015 expose parfaitement l'avis que j'ai de ce livre. Il est complet mais sa lecture est parfois rendue complexe par la retranscription complète des correspondances du chevalier.
Néanmoins, cette petite histoire dans L Histoire, que l'on pourrait transposer aujourd'hui dans l'environnement "peopolarisé" des tabloïds, est à conseiller pour ceux qui veulent connaître la vérité.
Lire ce récit en ayant à l'esprit les débats actuels sur la reconnaissance sexuelle donne également un intérêt à ce livre.

Il n'est point besoin d'être agrégé d'Histoire pour avoir eu vent de la légende du Chevalier d'Éon et de l'ambiguïté relative à son sexe. Je me promettais périodiquement d'approfondir le sujet et puis je passais à autre chose, il y a tant à lire.

C'est maintenant chose faite, je ne prétendrai certes pas avoir épuisé le sujet avec cet ouvrage d'Evelyne Lever, mais il m'a semblé suffisamment complet et étayé pour étancher ma curiosité à propos du sulfureux Chevalier.

Toutefois, bien que fort intéressante, cette lecture s'est avérée pour moi parfois laborieuse. S'agissant du travail d'une historienne, on comprend que la rigueur prime sur le style mais le plaisir de lecture s'en ressent lorsque les extraits de correspondances se répondent de pages en pages, accumulant les redondances.

Il y a néanmoins un réel plaisir à parcourir cette langue du 17ème et, sous la plume de l'auteure, le Chevalier d'Éon perd une bonne part de son mystère.
L'intérêt du récit ne se limite d'ailleurs pas au Chevalier. Avec lui nous fréquentons la cour de Louis XV et celles de Russie et d'Angleterre, nous frayons entre diplomatie et espionnage, nous vivons les prémices de la révolution depuis la Bourgogne puis ses soubresauts vus de Londres.

Pour finir, la dernière partie, spéculant sur la possibilité d'une pathologie mentale chez le Chevalier, m'a moins convaincu mais je me trouve insuffisamment motivé pour pousser plus loin sur le sujet.

Bonne lecture.

Homme ou femme ? C'est sur cette ambiguïté que toute la vie de Charles Geneviève Auguste Louis André Timothée d'Eon de Beaumont se jouera. Eon grandi en tant que garçon, il deviendra un personnage important dans le monde politique de la Diplomatie. de Russie à Londres, ses talents et sa loyauté feront de lui le représentant idéal de la France. Non reconnu, sans ressources, il passera sa vie à tenter de récupérer son dû, par le chantage, les procès. Tous les coups sont permis pour ses ennemis quitte à le dénigrer, à lancer des rumeurs. Charles en jouera à son profit quitte à se perdre et se croire vraiment femme. Il aura tout de même un impact certain sur l'évolution de la mentalité féminine et la notion de genre.