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Citations sur Le crépuscule des idoles progressistes (16)

Et le philosophe de poser la question qui jamais plus n’affleure, semble-t-il, à l’esprit d’un progressiste : « Qui détient l’assurance que, là où s’affaisse une tradition ou qu’on prononce sa fin, une création prend figure ? » La réponse lui a été apportée : la tradition s’est éboulée et c’est le vide qui s’est installé. Le progressisme a tourné au nihilisme, au sens où c’est le néant qui est venu s’asseoir en face de nous.
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Loin d'avoir débouché sur l'orgie créatrice promise par ses promoteurs, l'idéologie de la non-transmission a engendré des êtres déliés assurément mais non pas libres, sensibilisés à tout mais attachés et fidèles à rien, condamnés à vivre à la surface d'eux-mêmes, privés de cette intériorité qui définit le sujet et permet de n'être pas ballottés à tous les vents, hors sol et sans épaisseur temporelle, incarcérés dans la prison du présent, voués par conséquent à un conformisme de pensée et comportement confondant, soumis fatalement à la tyrannie de l'opinion, pensant comme ON pense, sentant comme ON sent, jugeant comme ON juge, désarmés spirituellement, intellectuellement, dépossédés de la langue - cet instrument d'émancipation par excellence.
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"Vivre sans temps mort et jouir sans entraves", cette formule situationniste qui a fait florès en mai 68 scelle l'alliance implicite du libéralisme économique et du gauchisme culturel. (...) Ce que cette gauche dénonce dans le libéralisme, elle le transpose dans le domaine des moeurs, de l'éducation et de la culture. Les pourfendeurs de l'obsolescence des objets programmée par le Grand Capital (ce qui n'a jamais été démontré) ont programmé l'obsolescence de nos manières de vivre, de nos moeurs, des formes qui règlent les relations entre les hommes et les femmes...
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« La colombe légère, qui, dans son libre vol, fend l’air dont elle sent la résistance, pourrait s’imaginer qu’elle volerait bien mieux encore dans le vide. » Sauf que, dans le vide, nous dit Kant, elle ne volerait pas du tout. Cette résistance qu’elle ressent et appréhende comme un obstacle, un empêchement, est la condition de possibilité de son mouvement, de son déplacement. Faute de « point d’appui », on se condamne à ne faire « aucun chemin », conclut le philosophe. Cette colombe nous ressemble, ou plutôt nous lui ressemblons. Comme elle, nous vivons de l’illusion que les hommes sont et seront d’autant plus libres, d’autant plus créatifs, originaux, d’autant plus eux-mêmes, qu’ils seront délestés de tout héritage. Cette conception de la liberté est au fondement de l’éducation progressiste.
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Michel Foucault est célébré comme le « prophète des radicalités contemporaines », « l’homme de toutes les ruptures », des ruptures sans doute, qui débouchent sur le vide, qui se complaisent dans l’anéantissement. L’effet le plus assuré de sa vaste « archéologie du savoir » est de laisser « assis, dernier compagnon, en face de nous, le néant » (Brecht). On pense non moins à l’entreprise de « déconstruction » de Jacques Derrida, qui n’a d’autre visée que le démantèlement de l’Occident au travers de la traque des discours. Les mots que nous employons ne disent pas les choses, ils les font exister. Le couple féminin/masculin ne dit rien d’une différence des sexes qui serait donnée avec la vie, en tant que nous sommes des êtres incarnés, des êtres de chair, il la fabrique de toutes pièces. Ainsi tout ce que l’Europe a pensé, élaboré sur la dualité sexuelle ne serait que château de cartes qu’il n’y aurait plus qu’à faire tomber, d’autant que cette construction se serait faite, fatalement, selon la règle de la domination des femmes par les hommes.
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La génération des baby-boomers est une génération de transition. François Ricard décrit cela très bien : « Appartenir à la génération lyrique, explique-t-il, c’est être à la fois le dernier et le premier : le dernier de l’ancien monde, dont on a connu la stabilité sans en subir l’oppression, et le premier du monde à venir, dans lequel on saute avec d’autant plus d’enthousiasme qu’on a sous les pieds ce filet solide hérité du passé » – filet que les baby-boomers retireront à leurs descendants, les jetant dans le vide, les privant de tout sol nourricier.
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La génération des baby-boomers et ses héritiers idéologiques savent l'art de se dérober à tout examen critique. Ils incarnent le camp du bien et rien ne les ébranle. Jamais.
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Je ne préconise aucun retour à... Le passé nous est une ressource, un recours, jamais un programme. Il est deux écueils dans notre rapport à l'histoire, fétichiser le passé et en faire table rase.
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Moins on a de passé derrière soi, d'attachement à ce passé, et moins on oppose de résistance au monde comme il va, à ses évolutions présentées comme progrès. C'est au nom de l'histoire qui lui est léguée que l'homme peut ne pas se soumettre à l'injonction d'adaptation. Connaître son histoire, rappelle Pierre Nora, c'est savoir " ce que le passé permet et ne permet pas".
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Notons au passage qu'en renvoyant, au nom du droit à la différence, de l'exaltation de la diversité, les Français d'origine immigrée à leur identité, nous les renvoyons souvent à une abstraction, un exotisme, un orientalisme de pacotille. De là cette exacerbation des pratiques religieuses, l'inféodation à des codes vestimentaires, des interdits alimentaires des plus archaïques mais qui leur donnent un semblant d'identité. On songe au mot de Voltaire : " Ils se sont faits dévots de peur de n'être rien."
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