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Citations sur Le Fabricant de miroirs : Contes et réflexions (3)

Sic !
Il faut compter parmi les rares éléments positifs de notre temps l'éclipse du principe d'autorité : il ne viendrait à l'esprit de personne, aujourd'hui, de fortifier ses propres affirmations en recourant à des citations tirées de classiques grecs ou latins comme le faisait Montaigne, qui était cependant un esprit ouvert, critique et plein de bon sens . Et pourtant quel plaisir délicat éprouve-t-on toujours lorsqu'on parvient à mettre la main sur une citation élégante et rare !
D'où vient ce plaisir ? C'est parfois la satisfaction sincère de se trouver tellement d'accord avec le grand auteur qu'on peut en insérer un fragment dans notre propre tissu sans que se manifestent des irritations à la lisière du transplant ou des réactions de rejet, mais, plus souvent, c'est un plaisir moins noble, une façon de dire au lecteur :"Voilà, je puise à des sources que tu ne connais pas, je sais une chose que tu ne sais pas, je suis donc situé un peu plus haut que toi ."
Le besoin de citer est si fort que certains écrivains le font inconsciemment, à la façon dont se déplacent les somnambules : lorsqu'ils relisent ce qu'ils ont écrit, parfois avec un recul de plusieurs années, ils y retrouvent le passage choisi, qui a trouvé le chemin menant des profondeurs à la page sans intervention de la volonté . Le phénomène de la citation inventée est presque complémentaire : Rabelais,Borges, Wilcock sont des maîtres dans l'art de citer des phrases merveilleuses extraites de livres inexistants d'auteurs inexistants ( ou même existants ) .
Sur le plan de la polémique, on sait à quelles bassesses on peut se livrer, souvent impunément,en citant le texte adverse de façon incomplète ou inexacte . On peut obtenir des effets voyants en omettant une phrase ou en cousant bout à bout deux qui étaient séparées; le sommet est atteint , et l'on totalise un nombre de points décisif, quand on réussit à insérer des crochets dans le corps de la citation et à écrire dedans "sic !" .
Ce sic est l'équivalent du mat aux échecs, ou de la balle impossible à rattraper au tennis : de même que ces coups il est sans pitié et, comme eux, il suppose une faute de la part de l'adversaire . Ce peut être une faute vénielle, une bévue grammaticale ou même orthographique, mais le sic, ce sanglot de surprise vertueuse et scandalisée, l'agrandit immensément, l'éclaire d'une lumière sans ombres, le met au centre de l'attention du lecteur . SIC : celui que je cite ici, et avec lequel évidemment, je diffère d'opinion comme toute personne sensée, oui, Messieurs, est un âne . Il ose écrire dans notre langue, mais il ne la connait pas, ce qui l'amène à écrire de telles énormités : oui, sic, c'est bien ce qu'il dit, comparez donc avec l'original . Comment pouvez-vous lui faire confiance ? Il a mis le sujet à l'accusatif : donc, chacune de ses affirmations est suspecte et chacun de ses jugements est à prendre avec des pincettes .
[13 mars1977 ]
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Quand la neige sera toute fondue
Nous irons en quête du vieux sentier,
Celui qui se couvre de ronces
Au pied du mur du monastère,
Et tout sera comme autrefois .

Bien cachées dans la bruyère,
Nous retrouverons des herbes
Dont je ne puis citer le nom :
Je le rapprends le samedi
Mais le lendemain je l'oublie .
On m'a dit qu'elles sont rares
Et bonnes contre le mal
Qui a nom mélancolie .

Tendres comme des nouveau-nés,
Au bord du chemin les fougères
Sont sorties à peine de terre,
Enroulées en crosses et en spires,
Et cependant
Déja prêtes pour leurs amours--
Des amours alternés et verts,
Beaucoup moins simples que les nôtres .

Leurs germes sont impatients,
Petits mâles, petites femelles,
Dans les sporanges couleur de rouille,
A la pluie ils 'élanceront,
Nageant dans la première goutte,
Pressés de s'unir et agiles,
Vivent les nouveaux époux !

Nous sommes bien las de l'hiver :
Du gel la morsure a laissé sa marque
Sur la chair, l'esprit, la boue et l'écorce,
Vienne le dégel et fonde le souvenir
Des neiges de l'an passé .
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Aux amis
Chers Amis, si je vous appelle ainsi
C'est au sens large de ce mot :
Femme, soeur, cousins, camarades,
Compagnes et compagnons de jeunesse,
Et vous rencontrés une seule fois
Ou pratiqués toute la vie,
Pourvu qu'entre nous, fût-ce un seul moment,
Une corde ait été tendue.

A vous, compagnons d'un chemin
Que n'a pas épargné la peine,
Mais à vous aussi qui avez perdu
Le coeur et l'envie de vivre.
Personne ou quelques uns, un seul ou toi
Qui me lis : souviens-toi du temps
Avant que se fige la cire :
Chacun de nous porte l'empreinte
De l'ami rencontré en route.
Dans les bons et les mauvais jours,
Nous les fous, ou nous les sages,
Chacun porté par chacun.

Maintenant que le temps presse,
Que les combats sont finis,
A vous tous le souhait modeste
Que l'automne soit long et doux.
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