Rosemary, tome 1 : Un bébé pour Rosemary

Ils entendirent la voix de Minnie Castevet avant de la connaître. Elle leur arrivait de l'autre côté de la cloison de leur chambre, une voix braillarde, avec un affreux accent du Middle West. "Roman ! Viens te coucher ! Il est onze heures vingt ! " Puis, cinq minutes après: "Roman ? Apporte-moi un verre de root beer quand tu viendras !"

La douleur avait empiré ; elle était devenue si envahissante que Rosemary se referma sur elle-même – emmurant tout au fond d’elle ce qui lui restait de force de résistance et jusqu’au souvenir de sa santé – et qu’elle cessa de réagir, cessa de parler de sa douleur au Dr Sapirstein, cessa d’y faire allusion, cessa même d’y penser. Jusqu’alors, la douleur avait été en elle ; maintenant elle-même était prise à l’intérieur de la douleur ; autour d’elle tout était douleur, le temps, le jour, le monde entier. Abrutie, épuisée, elle se mit à dormir davantage, et à manger davantage aussi – davantage de viande presque crue.

Le bébé gigotait comme un diable. Rosemary lui dit que s'il n'arrêtait pas elle allait lui renvoyer ses coups de poing.

Quand on joue à pile ou face, on peut très bien faire cinq faces coup sur coup; cela ne veut pas dire qu'aux cinq coups suivants on va continuer à tomber sur face, et cela ne veut pas dire non plus que la pièce qu'on a lancée à quelque chose de différent des autres pièces. C'est une coïncidence, c'est tout.

C'est toujours autour des saloperies que se fait la publicité.

J'ai lu, p. 243

« — Les gens qui ont besoin de plus d'une valise ne sont pas de vrais voyageurs, ce sont des touristes [...]. »

- Je vous salue, Rosemary.

- Quand Roman est pris du démon des voyages, dit Minnie, il n'y a pas moyen de le retenir.
- C'est exact, dit Roman. Après avoir passé toute ma vie à voyager, il m'est pratiquement impossible de rester plus d'un an dans la même ville. Et cela fait maintenant quatorze mois que nous sommes rentrés du Japon et des Philippines.

Tu as l'air de miss Camp de Concentration 1966.

- Accordez-vous tout ce qui vous fera envie. Vous serez étonnée des choses bizarres que votre corps vous réclamera dans les mois qui vont venir. Et si vous avez des questions à poser, téléphonez-moi, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. C'est à moi qu'il faut demander conseil, pas à votre mère ou à la tante Adèle. Je suis là pour ça.
(Le Dr Sapirstein)