Dans chaque famille, il y a un « petit rigolo », celui qui fait le clown aux fêtes de famille, chante fort « le temps des cerises » pour plaire à Maurice (il y a souvent un Maurice!), amuse ou exaspère les autres, selon. Dans la famille Roche, c'est Daniel, Oncle Daniel, l'original, le globe-trotter, l'écrivain pour jeunes qui met en scène des épisodes exotiques aux noms prometteurs pour la collection « La marque noire ». Vingt-trois livres pour jeunes ont déjà été publiés, le vingt-quatrième est en cours et ce sera le dernier, l'ultime aventure de Peter- Ashley Mill. Les fans s'arrachent les nouveaux écrits et les autographes, parmi eux, Guillaume, l'amoureux d'Hélène. Et c'est Hélène qui occupe le premier rôle dans ce roman de
Déborah Lévy-Bertherat, étudiante en archéologie, jeune femme de vingt ans que son plaisantin d'oncle n'amuse plus depuis longtemps même si elle apprécie de recevoir des cartes postales de tous les lieux qu'il visite, même si elle apprécie de loger dans sa chambre de bonne du côté de Montparnasse, même si elle se lance dans la découverte du parcours du « vrai » tonton Daniel.
Car ce monsieur d'un certain âge a d'abord été un enfant caché, un enfant adopté par une famille française, un petit garçon juif polonais traumatisé par la disparition de sa famille victime des nazis. Et nous assistons à la patiente reconstitution du passé de Daniel par Hélène, photos, objets, texte en yiddish, quartier de Paris démoli pour permettre la création de cette curiosité esseulée dans le quatorzième arrondissement, la Tour Montparnasse, survivance de certains vieux Parisiens, de certains petits coins de Paris, pas encore massacrés. L'archéologue en formation trouve une sorte de terrain de recherche dans le terreau de sa propre histoire : avec angoisse, avec émotion, elle rassemble les fils de l'histoire de sa famille entre Paris, l'Auvergne et New-York. Elle y gagne un passage plus ou moins en douceur de l'enfance à l'âge adulte, elle y éclaircit – plus pour le pire que le meilleur – sa relation avec son amoureux. de savoureux passages sur les étranges courriers reçus, sur la vieille tante américaine Mala archi-maquillée et plus ou moins sénile, sur la fête de la Pâque juive vécue à New-York, sur la fête d'anniversaire finale.
Distraction de ma part ? Je n'ai pas toujours trouvé limpides les relations entre les personnages et le parti-pris du discours rapporté m'a parfois semblé un peu lourd. Mais dans l'ensemble un moment agréable de lecture.