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sur 188 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai acheté « Rendez-vous » après avoir lu la quatrième de couverture : l'histoire de ce déchirement entre Alice, mère sublime et déchue, mère aimante et oublieuse, mère modèle et mannequin qui faisait la une des magazines « people » et Louise, sa propre fille, me semblait d'entrée de jeu intéressante en ce sens que je pensais y trouver une analyse en profondeur des ressorts psychologiques de leur relation. Je me suis donc plongé dans la lecture de ce livre que le format (177 pages) rend très accessible. Je n'ai pas trouvé l'analyse en profondeur que je recherchais mais j'ai été séduit par le récit dont j'ai rapidement deviné l'issue.

Le lecteur a entre les mains un ouvrage écrit par la fille de BHL alors qu'elle avait 20 ans : certains pourront voir, dans ces pages écrites à vif, un énième livre-confession rédigé par quelqu'un de BCBG dans le cadre du business de l »intimité des célébrités de ce monde. D'autres pourront y voir le produit d'une demande de transparence formulée par la société. Il n'y a pas forcément « d'attentat contre la littérature » quand des gens reconnus socialement s'exposent dans des livres. Par ailleurs, ça ne serait pas la première fois qu'on puisse disposer de livres « people », sans que cette appellation présuppose de la qualité de l'ouvrage.

L'auteure dit de ce premier ouvrage (Justine Lévy a écrit plusieurs ouvrages après le « Rendez-vous ») qu'il « avait au moins le mérite de la sobriété » ; elle rapporte même qu'elle est « assez contente d'être allée au bout de ce premier roman : c'était une victoire contre moi-même, mes petites lâchetés, mes renoncements, mes peurs ». Justine Lévy a attendu « que l'écriture vienne à elle, que l'envie d'écrire devienne un besoin, et le besoin une douleur ». Au final, elle trouve que ce livre « n'est pas mal mais un peu trop appliqué ».

Comment juger cette appréciation sans se référer au contenu du roman (à l'histoire) et à l'intention du livre ?

Concernant l'histoire, les choses sont assez simples : Louise et Alice ont rendez-vous dans un café à Paris, Alice tarde à venir et pendant cette attente (de 15h00 à 21h00) Louise est envahie progressivement par des souvenirs gais ou douloureux qui remontent parfois à prime enfance. Parmi ses souvenirs, il y a celui du père de Louise, qui était avant leur divorce le mari d'Alice. Il se trouve que Louise ressemble beaucoup à son père : cette image renvoyée en permanence à Alice devient rapidement perturbante au point qu'Alice mette suffisamment Louise mal à l'aise pour que celle-ci fasse une fugue. A ce stade, Alice -qui avait déjà perdu son mari- perd sa fille et se lance dans une vie « de bohème et de désordres » complètement débridée : voyages à Kuala Lumpur, amants multiples (tout en veillant qu'aucun d'entre eux ne s'installe dans la durée, ce qui rappellerait trop l'image de l'ex.), drogue douce puis drogue dure (les seringues finissent par joncher le sol du salon), aventure amoureuse prolongée avec Sophia, lesbienne en mal d'affection avec laquelle elle sort regarder des films classés X, nuits passés tantôt ici, tantôt là ce qui l'amène à confier la garde de Louise à de multiples « nounous » occasionnelles jusqu'à une overdose à laquelle Alice manque de succomber ! Et Louise dans tout çà ? Oscillant « entre gaîté et douleur », Louise mène une vie chaotique, tentant sans y parvenir réellement de se réapproprier sa mère d'origine, son Alice d'avant le divorce (elle va même jusqu'à inonder son plat de ketchup pour faire comme sa mère). Épreuve difficile s'il en est mais qui devrait être facilitée par le rôle de parent dans lequel s'investit Louise : c'est Louise qui fait transporter sa mère à l'hôpital suite à son overdose, c'est Louise qui rend visite à sa mère alors qu'elle purge une courte peine de prison pour vol à l'étalage. Mais ces difficultés sont trop importantes pour Louise qui, à son tour, tente un suicide en avalant une pleine poignée de pilules de sa mère. Tiraillée entre la dette qu'elle a envers sa mère, la rancune qu'elle ressent envers une mère qui se plaisait dans une attitude de fuite irresponsable (« Maman, je te déteste de t'aimer tant »), culpabilisant à l'idée de n'avoir pas réussi à empêcher le divorce de ses parents, souffrant du peu de temps que lui consacrait son père (lire à cet égard la page 75), courant désespérément après le bonheur traditionnellement dévolu au monde de l'enfance, Louise effectue une manière de pèlerinage en se rendant, plusieurs années après ces événements, au lieu où elle avait rendez-vous avec Alice, sa mère. A cette date, Louise (qui est devenue grande au fil des pages) a noué une relation stable avec un homme : elle se sent donc assez forte pour affronter ses souvenirs, régler ses comptes avec son passé et repartir sur de bonnes bases.

Quant à l'intention de ce premier roman, elle me paraît assez claire : Louise, en fait Justine Lévy, utilise le procédé de l'auto-fiction pour remporter une victoire contre elle-même, contre ses petites lâchetés, contre ses renoncements et ses peurs. La fille de BHL a vécu le divorce de ses parents comme une situation douloureuse, pour ne pas dire traumatisante : elle règle donc grâce à ce premier roman ses comptes, entamant de fait une saine entreprise de reconstruction psychologique. le divorce a des conséquences connues sur les enfants : perturbation, agressivité, troubles caractériels (fugue, violences …). L'enfant reproduit l'agressivité de chacun de ses parents à l'égard de l'autre : dans certains cas (et c'est ce qui arrive à Louise), ceci peut conduire à un comportement suicidaire (surtout chez les jeunes de 15 à 20 ans). Les enfants qui s'accusent d'être à l'origine du divorce de leurs parents (c'est probablement le cas de Louise) peuvent ressentir de la culpabilité et de la honte. Les filles réagissent souvent par la dépression, l'anxiété et le retrait. Garçons comme filles, tous craignent que l'autre adulte s'en aille. Les pédiatres constatent chez tous les enfants de divorcés un hyper-investissement intellectuel, comme s'ils cherchaient à se fondre dans le moule de l'enfant modèle parfait tel que l'adulte en rêverait. Généralement, ces enfants entrent vite dans la maturité de l'âge adulte ; certains reproduiront hélas la même situation familiale que celle qui aura été vécue dans leur enfance, sans que l'on puisse en déduire qu'il y a persistance à long terme des effets socio-émotionnels du divorce sur la personnalité du jeune adulte.

Le livre est touchant, plaisant, lucide, bien écrit (encore faut-il ne pas être allergique aux flash-backs). Les émotions (belle remontée d'innocence), les blessures et le détachement sont réels. le ton est léger même si le sujet est grave. le style est percutant, alerte et sans détours : il n'y a pas de place pour de longues introspections. le dénouement est malheureusement sans surprise. Sans voyeurisme aucun, vous évoluez dans l'intimité attachante de l'auteure, avec complicité, pudeur et tendresse. Bref, un livre plutôt sobre et de qualité.
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Rendez-vous est un livre agréable à découvrir, le style est fluide et il se lit très facilement.
C'est un premier roman très réussi que je conseille pour aller à la plage, ou à lire dans le métro. Ce n'est pas une lecture prise de tête et il n'est pas nécessaire d'être au calme pour le bouquiner.
L'histoire est originale car c'est en fait un retour en arrière mais ça se tient toujours, ce n'est pas fouillis ou difficile à comprendre.
A partir d'un fait simple : une jeune fille attend que sa maman vienne au rendez-vous qu'elle lui avait fixé ; on apprend à découvrir celle ci ainsi que sa vie, son entourage, ses pensées...
Ca change des romans faits sur un schéma classique, là on vogue entre le passé, le futur et le présent, par moment on est avec Louise dans ce café et ensuite on est ici ou là au gré de ses pensées, de ses humeurs, c'est surprenant et très intéressant.
Je trouve que l'héroïne est attachante, parfois impatiente et, comme elle, on se demande si oui ou non Alice va venir. Jusqu'à la fin il est impossible de deviner la réponse.
On apprend à découvrir la mère de Louise grâce aux souvenirs de celle ci, des pensées parfois dures ou tendre vis à vis d'une maman qui n'en a pas vraiment toujours été une.
Un premier écrit qui donne envie de découvrir les prochains et de suivre une auteure dont la sensibilité est très attachante.
Il y a dans ce livre quelques pointes de cynisme tout à fait appropriées, je trouve que Justine Levy a bien dosés tous les sentiments que peut ressentir Louise et c'est très intéressant.
C'est avec plaisir que je mets quatre étoiles :)
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Personnellement, je ne suis pas du genre déprimée mais j'aime bien ce premier roman d'une jeune fille de bonne famille écorchée vive, qui doute, qui culpabilise.
Certes, je ne dis pas que « le Rendez-vous » de Justine Lévy est un chef d'oeuvre mais j'ai passé un bon moment de lecture d'autant plus que le lieu m'inspire particulièrement.
Dans un café, place de la Sorbonne, Louise attend sa mère, Alice, femme fantasque, désarmante, excessive. Elles se sont donné rendez-vous car Louise n'a pas vu sa mère depuis un an. Comme elle n'arrive pas, la jeune fille se remémore les souvenirs agréables et pénibles de son enfance, de son adolescence.
Ce roman d'autofiction traite des rapports difficiles mère-fille avec des sourires attendris qui se mêlent à la colère, à la rancoeur et pour un premier roman je trouve qu'il est bien écrit.
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J'ai partagé un bon moment avec Louise. Nous avons attendu sa mère qui lui avait donné rendez-vous dans un café, mais comme elle ne venait pas, Louise m'a raconté sa mère. Une mère frivole, désinvolte, amoureuse, absente..une absence qui a de nombreuses fois fait souffrir Louise quand elle était petite mais qui maintenant qu'elle est adulte a décidé de ne plus souffrir, ni d'attendre désespérément une femme qui ne viendra pas.
Une jolie réflexion intime sur le manque, l'absence.

C'est le premier roman de Justine Lévy et il est très réussi !

je vous invite à aller partager un café avec Louise si vous ne l'avez pas déjà fait, elle a une jolie histoire à vous raconter.
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Voilà une nouvelle fois, une superbe découverte !

On le sait, on ne choisit pas sa famille et ce roman en est la preuve. Bien que je ne sois pas certaine que Louise, l'héroïne, en voudrait d'une autre.

Louise a dix-huit ans et la vie devant elle. Elle attend sa mère Alice, qu'elle n'a pas vu depuis plus d'un an, à un café place de la Sorbonne. Mais visiblement celle-ci n'est pas décidée à pointer le bout de son nez, comme souvent d'ailleurs. Alors en attendant Louise va se remémorer son enfance, faire appel à sa mémoire pour remonter les souvenirs parfois douloureux de cette relation mère-fille. Puis elle songera, elle songera à ce qu'elle aimerait lui dire si Alice se décidait enfin à venir. Mais oserait-elle dire tout ce qu'elle n'a jamais réussi à lui dire étant enfant ? Est-elle prête à lui envoyer ses quatre vérités en pleine figure ? Pourrait-elle vider son sac rempli à la fois de rancoeur et de tendresse ?
Qu'importe, après tous ses souvenirs, Louise est décidée à ne plus souffrir pour un énième rendez-vous manqué.

Dans ce roman, l'héroïne s'adresse au lecteur comme un confident et cela rend le récit d'autant plus poignant. J'ai ressenti une réelle empathie pour Louise, j'ai eu de la peine pour elle et avec elle, j'ai eu envie de pousser des coups de gueule comme elle et j'ai imaginé : et moi comment réagirai-je ? Pourrai-je entrer en guerre avec ma propre mère dans son cas ? Je ne sais pas… Je ne pense pas que j'aurai pu faire mieux que l'héroïne face à une mère si instable et destructrice car l'amour que l'on porte à une mère est viscéral.

Il y a une chose terrible dans ce roman, c'est cette emprise qu'à la mère sur sa fille. Une mère absente, une mère fourrée dans les mauvais coups, une mère qui néglige son enfant et qui pourtant réussi toujours à la faire culpabiliser : « est-ce de ma faute si maman ne vient pas ? », « qu'ai-je fait pour l'irriter ?» …

Je n'ai pu m'empêcher de me dire que Justine était tout simplement Louise et que ce roman lui servait d'exutoire. Elle, la fille de BHL …

En tout cas, l'écriture de Justine Lévy est fluide, rythmée et simpliste et ce n'est aucunement péjoratif. J'ai vraiment apprécié ce côté simpliste car j'ai eu la sensation d'être associée aux souvenirs de l'héroïne, comme-ci Louise et moi nous nous connaissions. Et malgré la dureté parfois des propos, Justine Lévy a parsemé ce récit d'humour comme pour dédramatiser les souffrances encore trop présentes.

Le rendez-vous n'est en rien une analyse psychologique des relations parents-enfants mais il s'agit là d'un récit vibrant qui ne m'a pas laissé indifférente et que je vous conseille vivement de découvrir.
Lien : http://livresselitteraire.bl..
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e livre m'a , à sa façon , évoqué " Precious" mais dans un style tout autre, et je te le prêterais si tu veux.
Justine Levy, fille de Bernard Henri Levy, évoque sa mère indigne mais une mère qu'elle admire cependant ...
Ambivalence des sentiments : son amour pour elle lorsqu'elle l'attend des heures dans ce café, sa haine quand elle ne la voit pas arriver. Elle est impatiente de la revoir malgré les tous les coups tordus que cette mère lui a fait subir.
L'image de son père, Bernard Henri-Lévy, lointain mais très prévenant, est toujours en complète opposition avec celle de sa mère, frivole et irresponsable... on ne peut qu'admirer la justesse des sentiments, et de cette oscillation permanence entre l'amour et la haine, qui n'ont jamais été aussi proches.
Je vais lire " mauvaise fille " du même auteur.
Car comment vivre au mieux sa propre maternité quand on a eu une mère pareille...
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Ma lecture: un livre court et percutant, une lecture rapide et intense, un texte qui est comme une déchirure. Certains pourraient se lasser des flash-backs qui ponctuent ce récit, personnellement cela m'a plu. L'attente dans un café fait surgir des souvenirs, des images, des émotions de la petite fille malmenée par une maman loufoque, inconséquente, aveugle face à la souffrance de sa fille. Pendant la lecture, on sent une enfance si peu protégée, une mère qui entraîne son enfant dans des lieux, des histoires, des situations qui n'ont rien à voir avec l'enfance. Une enfant qui finalement vivra chez son père mais qui ponctuellement verra sa mère. Une enfant qui dira "Vois-tu, nos seuls moments de bonheur, il me semble que je les ai rêvés."
Lien : http://lejournaldechrys.blog..
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L'histoire de mon adolescence,
attendre ma maman ... bipolaire non diagnostiquée, à l'époque on se contentait de parler de "malade des nerfs" ... on se donnait rendez-vous dans un café, après l'école ... j'attendais, elle ne venait pas ... ou plus tard ... pas de portable, pas de possibilité de prévenir ni de la chercher ...
Ce livre de Justine Lévy a résonné en moi, comme celui de Delphine de Vigan d'ailleurs ... peut-être pas vraiment pour la qualité littéraire mais pour l'histoire, ces rendez-vous manqués, quelle que soit la raison, une fille attend sa mère et se retrouve face à elle-même pendant des heures, les questionnements sont multiples, les inquiétudes, les exaspérations, tout se bouscule et on n'en sort pas vraiment indemne
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Premier roman de l'auteure, écrit alors qu'elle n'a que vingt ans.
Une jeune fille attend sa mère qui lui a fixé rendez-vous dans un café parisien. L'attente se prolonge et on comprend très vite que la mère ne viendra pas et d'ailleurs y a-t-il eu vraiment un rendez-vous de fixé? a-t-il été fixé ailleurs que dans le désir de la jeune fille ?
Cette attente prolongée et stérile est le prétexte à l'évocation de souvenirs autour de cette mère si peu mère, de cette femme si belle à la fêlure si profonde.
Un roman transparent, cette histoire colle de très près à l'histoire véritable de l'auteure dont la mère, mannequin, très belle mais aussi très fantasque, immature et que drogue et alcool vont conduire à une mort prématurée.
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Constat d'une relation particulière mère/fille...
J'ai beaucoup aimé, j'apprécie l'écriture de Justine Levy.
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