Nous ne devons pas tenter d’élucider tous les pourquoi de la vie réelle. Elle est ainsi, un point c’est tout. Elle nous assomme de détails trop bien connus et confond notre ignorance en nous plaçant devant des faits mystérieux et imprévisibles.
Il n’y a guère qu’au cinéma ou dans les romans qu’on voit les Chinois s’extérioriser de la sorte, oubliant à tout propos les bonnes manières : on les y dépeint bizarrement comme des êtres fragiles et sensibles, à l’image de ces chiens de race qui ne supportent pas les courants d’air et qu’il faudrait placer sous cloche. À croire que les Chinois ont vécu depuis des générations dans des conditions matérielles et morales privilégiées !
Misère de la femme, promise à la défaite dans son combat contre le temps ! Et pourtant les femmes d’aujourd’hui, tout en se sachant battues d’avance, résistent jusqu’au bout, derrière leurs robes à fleurs, leurs bijoux en or, leur fard et leur rouge à lèvres. Tant il est vrai que l’homme moderne ne recule plus devant rien.
Dans le déclenchement des faits les plus graves, il est des détails que l’on tiendra pour négligeables. En effet, l’étroitesse de notre champ de vision fait paraître anodines nombre de circonstances liées à des affaires importantes.
Quand les moines s’enrichissent, le temple s’appauvrit. (p.60)
- Je n'aime pas la guerre.
- Mauviette, va! Non, je plaisante. N'empêche que la guerre est un raccourci fantastique pour les échanges culturels. Puisque de toute façon on doit mourir, que cela serve au moins à quelque chose.
- Tu crois que si elle [était vraiment fière], elle serait devenue célèbre? Depuis l'Antiquité les sages et les saints ont toujours été des solitaires. Les gens supérieurs, on sait même pas qu'ils existent. [...]
Au début tout était calme, paisible, serein, comme au premier jour. Leur vie et leur façon d’être évoquaient ces feuilles d’un vert tendre et luisant dont les nervures transparaissaient sous le soleil de midi. Ils n’étaient pas de ces gens flous qui ne laissent où ils passent que des bribes de vie confuses et finissent par tout embrouiller autour d’eux, les hommes, l’existence et l’histoire.
Jin Xiang et Zeng Shanmei étaient des feuilles vertes sous le soleil : tous leurs collègues de l’Institut de recherche métallurgiques partageaient cette certitude, convaincus qu’ils étaient de pouvoir distinguer jusqu’à leur moindre capillaire.
Pluie du ciel est vite absorbée,
Mots d'époux sont vite oubliés,
Une fois l'orage passé,
On fait la paix sur l'oreiller
Presque toutes les invitées du sexe féminin, en revanche, se sont maquillées pour l’occasion et ont sorti les plus beaux vêtements de leur garde-robe. Chacune affiche un sourire candide comme au temps de sa jeunesse. Mais ce sourire, si sincère soit-il, n’a plus grand-chose a voir avec celui d’autrefois et ferait plutôt penser aux minauderies