Citations sur L'Apothicaire (296)
- Il y a un monstre en chacun de nous, mon garçon. La trahison ne pas celle de Mélusine, qui cachait sciemment sa nature véritable, mais bien celle de Raymondin, qui ne lui accorda guère le droit de dissimuler ce qui devait l'être pour sauver leur amour.
- C'est une morale douteuse, maître. Je crois, moi, qu'on ne doit rien cacher à la personne qu'on aime.
- Et je crois, moi, que nul n'appartient à personne et que l'amour ne saurait être une prison.
Le lecteur, comme il voulut bien le faire plus tôt, nous pardonnera ici d'accélérer un instant la narration des événements que nous voulons porter à sa connaissance car, pour dire vrai, il serait fastidieux et inutile que de raconter en détail les quatre jours qu'il fallut à Aalis pour aller de Pau à Bayonne, et notre histoire étant déjà un peu longue, nous ne voudrions perdre quiconque en chemin par d'inutiles détours.
Tu peux choisir de traîner les pieds, de marcher sur le bas-côté, tu peux choisir de suivre le troupeau sans lever le front, ou bien du peux chercher ton propre chemin, sans te soucier de celui que l'on veut t'obliger à prendre. Décider que nul autre ne peut marcher à ta place.
"Depuis le XIIIe siècle, les Juifs et tous leurs biens avaient été déclarés propriété des seigneurs sur les terres desquels ils habitaient. Mais, comme si cette spoliation n'eût point suffi, on les obligea aussi à porter un signe extérieur qui permettait de les discriminer. De fait, une ordonnance du roi Saint Louis commanda à tous les baillis, vicomtes, sénéchaux et prévôts de France de contraindre leurs Juifs à porter sur leurs habits deux rouelles, qui étaient des cocardes jaunes, de la taille d'une main, l'une dans le dos, et l'autre sur la poitrine. "
p.483
"Les paroles d'autrui ne peuvent nuire en rien à l'hommequ'une conscience propre ne salit pas"
p.196
« Sachez qu’il existe deux chemins pour venir à Compostelle, et ces chemins, on les prend immanquablement l’un et l’autre, et en même temps. Le premier est bien réel, il est fait de cailloux, de montagnes à gravir et de fleuves à traverser, le second est intérieur, mais il est tout autant fait d’efforts, d’embûches, qui sont les épreuves de passage, des initiations, et alors le cheminant s’élève et devient digne de recevoir ce que renferme vraiment l’ultime destination. »
L' amour n'est qu'un mot pour dire ce sentiment si flou qui nous pousse à vouloir pénétrer l'âme et le corps d'un autre, pour n'être plus seul, tout en restant un, et qu'ensuite on entretient aussi longtemps qu'on le peut en continuant de lui donner ce nom, car la pudeur nous interdit de dire qu'il est éphémère et se mue invariablement en tendresse, dans le meilleur des cas, et en inimitié dans le pire.
Sur l'instant il reconnut là les turpitudes contradictoires de la nostalgie, laquelle, souvent, conduit à la mélancolie, dont il était la plus secrète et silencieuse victime.
La mélancolie... Cet état délicat où l'on se complaît à être triste, dont on dit parfois qu'il est à l'origine même de la philosophie parce qu'il nous confronte à la solitude profonde de l'être et donc au questionnement du sens que l'on donne à cette solitude, à la vie même. Fardeau de celui qui, toujours, a besoin d'éprouver, de ressentir de l'émoi pour se savoir vivant, fût-ce de la torpeur ou de l'exaltation, fût-ce de la douleur ou du plaisir. Tempérament que décrivait déjà Hippocrate, père des médecins comme des apothicaires, et qui terrasse l'homme assailli par la crainte de la mort, le regret des choses perdues et le vertige de l'altérité. Punition de celui qui sonde les raisons de son existence, et réconfort de celui qui découvre combien la chose est universelle.
Tu sais, Aalis, tout ce qui n'est pas donné est perdu.
Le cul d'une putain, c'est une abbaye qui ne chômera jamais faute de moines.