Au rendez-vous des élégantes

Début des années 50, le jeune Patricio fuit l'Espagne pour une nouvelle vie à Cuba où il va vite trouver des amis et un travail dans un grand magasin. Et sa vie va se trouver bouleverser par sa rencontre avec la très belle Gloria qui est hélas mariée à un chef de la mafia locale. Tout est pratiquement dit dans ce résumé, ce gros roman entraîne le lecteur dans les péripéties et les frasques des personnages, un page-turner prenant, bouleversant et dont on a hâte de connaître la fin en espérant que tout se terminera bien pour les protagonistes.

1947. Patricio, jeune immigré venu des Asturies, débarque à Cuba avec pour seules armes sa belle gueule et son bagou inimitable. Très vite, il se fait une place à La Havane et commence à travailler comme commis dans le très moderne grand magasin « El Encanto ». Tout semble lui sourire ou presque... Il est en effet tombé amoureux de la belle Gloria, épouse d'un patron de la pègre locale, le cruel César Valdès. S'il est prêt à tout pour être avec l'élue de son coeur, son parcours sera, on s'en doute, semé d'embûches...

Petite déception à la lecture de ce roman espagnol qui était pourtant prometteur. Je m'attendais à une fresque mettant en scène une Cuba pré-révolution mais « Au rendez-vous... » s'est avéré être plutôt une gentille bluette aux accents latinos. Après un bon début, émaillé de descriptions truculentes, le récit s'enlise dans une succession de péripéties abracadabrantes. Les dialogues sont plats et les personnages peu fouillés, avec des gentils très gentils et des méchants très méchants. Une approche par trop manichéenne qui aurait gagné à plus de nuance. Heureusement, l'auteure se rattrape dans les 100 dernières pages avec une fin peu convenue.

Je ne m'attendais pas à ce que Au rendez-vous des élégantes soit un roman aussi passionnant. En effet, le récit m'a happée dès les premières pages. Il faut dire que Susanna Lopez Rubio a travaillé son intrigue en l'ancrant soigneusement dans la réalité historique cubaine (et espagnole, dans une moindre mesure). Au fil des pages, le lecteur croise des avancées techniques et technologiques ainsi que de grandes personnalités de l'époque : Sinatra, Ava Gardner et les inévitables Che Guevara et Fidel Castro. Entre autre. La construction de l'histoire semble, tout de même assez classique. En effet, l'alternance des points de vue est une ficelle vue et revue. Mais ici, cela passe plutôt bien grâce aux deux univers différents où évoluent Gloria, mariée à un homme qui la gâte (mais pas seulement, hélas...) et Patricio, l'immigré débrouillard. Cela permet d'observer le pays, l'époque et les relations humaines sous des angles différents... et de mieux comprendre les réactions des personnages tous très attachants, finalement.

Si vous avez aimé Au bonheur des dames d'Emile Zola, certains passages dans les grands magasins (El Encanto) devraient vous ravir.

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