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Citations sur Des mille et une façons de quitter la Moldavie (31)

Seraphim se faisait l'impression d'être un ver à pomme qui a enfin trouvé son fruit.
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- Mais nous avons quand même volé le vélo entier, s'indigna Vassili.
- Nous n’avons utilisé que les pédales! rétorqua Séraphim. Ça change tout!
-Non, répliqua Vassili après quelques secondes de réflexion. Quand un renard étrangle une oie pour n'en manger que la cervelle, on dit pas qu'il a tué la cervelle. On dit qu'il a étranglé une oie.
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Et, phénomène incroyable dans la mesure où les derniers volumes de la bibliothèque du village avaient disparu sous les assauts répétés de la neige, du vent, de la canicule et de la pluie plus de dix ans auparavant, chacun avait un livre à la main! Un livre intact, qui avait l'air neuf! Pas besoin d'être grand clerc pour soupçonner qu'une diablerie se cachait là-dessous.
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D'un commun accord, on décida par conséquent de ne pas céder à la provocation et de ne plus jamais vendre de reins. ... Mais tard dans la nuit, la maison où logeaient les propagandistes venus d'Israël vit défiler un par un quatorze candidats, dont le vieil Ion...
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Bien entendu, si le douanier avait dit aux deux amis qu’ils étaient ses premiers prisonniers moldaves, c’était juste pour le plaisir de faire un bon mot. La prison – un édifice solide à un étage, doté d’épais grillages aux fenêtres, d’un système d’alarme et entouré de fil de fer barbelé – abritait déjà quelques cent personnes. Près de la moitié d’entre elles étaient les Tziganes d’une caravane qui effectuait depuis cinq cents ans des allers et retours entre Soroca, Odessa et Nikolaïevo. Même le pouvoir soviétique avait fini par s’en accommoder. Mais, ayant accumulé suffisamment d’argent pour sa prison, le douanier Diordita avait arrêté les Tziganes au cours d’une énième migration et, pour employer l’une de ses expressions, les avait installés dans un endroit où l’on n’était jamais incommodé par le soleil.
– Vous allez rembourser la Moldavie pour avoir traversé la frontière de son État sans papiers et sans vous être acquittés des taxes en vigueur, leur avait annoncé le douanier en faisant tinter ses clefs. Dès que ce sera le cas, je vous laisserai sortir. Parce que vous, les Roms…
Bien entendu, les Tziganes ne remboursèrent rien du tout car le travail en tant que tel allait à l’encontre de leur mode de vie multiséculaire. En principe, vivre en prison sur les deniers de l’État leur aurait convenu, sauf qu’il y avait un « mais » : les deniers en question n’existaient pas. On ne nourrissait pas les détenus dans cet établissement.
– Comment on va survivre, mon bon monsieur ? demanda le chef de la caravane à Mihai. A quoi vont te servir des Tziganes morts ? Tu crois qu’ils te paieront une caution ?
– Les Tziganes vivants paieront rien non plus, répliqua le douanier. Alors débrouillez-vous.
Du coup, les Tziganes se montrèrent débrouillards et creusèrent un lac dans la cour de la prison, où des colonies de pélicans firent bientôt halte pendant leur migration. les détenus attrapèrent des oiseaux, les salèrent, les fumèrent et ils eurent ainsi de quoi manger pour une année.
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- Je m’en fiche de toute façon, lâcha-t-il sous le regard critique du vieux Tudor. J’en ai rien à faire de rien, ni du travail ni de la biture que j’ai prise hier. Je me moque de tout ce qui se trouve ici. Je vais aller en Italie, un point, c’est tout. Alors, tout peut partir en sucette et ma ferme se casser la figure, ça me fait une belle jambe !
Le vieux continuait à regarder Séraphim de son air réprobateur, tandis que celui-ci se baignait le visage et le corps avec l’eau qu’il avait mise à geler pendant la nuit, comme le lui avait appris son père. Saisi par le froid, il se remémora les paroles de son géniteur : « Tu tires de l’eau du puits, tu en laisses un seau dans la cour et, pendant la nuit, le froid tue les microbes. Les autres saletés qu’elle contient se retrouvent coincées dans la glace. Au final, tout ce qui n’a ni gelé ni coulé au fond du seau, c’est de l’eau vive. Lave-toi avec, rince-toi les dents, et tu resteras gaillard jusqu’à cent ans. Si tu la bois, ton cœur se couvrira de fleurs ; si tu t’y trempes, ton corps rajeunira et se redressera comme un jeune peuplier plein de vigueur. »
Séraphim s’ébroua et cracha en repensant à l’image qu’offrait son père à l’âge de quarante ans, avec ses dents cariées, son dos voûté et sa sempiternelle cigarette coincée entre les lèvres, garnie de cette saleté de tabac moldave qui empestait. Bon, d’accord, papa avait toujours dit que ce qui l’avait tué, c’était le travail harassant de la terre. « Ne te donne jamais complètement à elle. Réfléchis plutôt à la façon de tirer d’ici. »
Séraphim avait donc agi en conséquence, se mettant à rêver de l’Italie, ce pays où les rues sont toujours propres, les gens accueillants et souriants et où, sans trop se fatiguer, on gagne en un mois ce que ne rapporteraient jamais trois années de dur labeur sur la terre moldave. En Italie, la terre exhale l’odeur des herbes aromatiques avec lesquelles on assaisonne les pâtes ; la mer diffuse en bouche un léger goût de sel, elle est chaude et excitante comme la sueur d’une femme sur laquelle on est allongé ; la…
– Ta ferme peut bien se casser la figure ? C’est ça que tu viens de de dire ? siffla le vieux Tudor d’un ton sévère. Eh ben, visiblement elle t’a entendu, ta ferme. Elle doit comprendre le langage des humains !
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Cinq mille dollars ! s'écria triomphalement le vieil Ion (qui vient de vendre un de ses reins). Ils m'en avaient promis neuf mille. Ils m'ont presque pas arnaqué ! (chapitre 10)
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Le plus répugnant dans cette affaire, c’est que, sans les Moldaves, nous sommes perdus, parce que, comme me l’a lancé une fois un prolétaire particulièrement insolent, sans eux nous n’aurons personne pour ramasser notre merde !
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- La nuit, je fais sécher des colliers d’ail sur elle, confessa-t-il d’un doigt dressé.
- Mais pourquoi tu fais pas ça dans la cave ? demanda bêtement Tudor.
- Parce que là-dedans, l’air circule pas, alors que dehors il y a un petit vent, expliqua Vassili. Quand le corps tourne, ça aère l’ail, et c’est justement ce qu’il lui faut pour sécher…
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On vivait pas bien non plus sous l’URSS, objecta le vieux tout en pédalant les yeux fermés. Toi, tu es trop jeune pour t’en souvenir. Mais moi, j’ai pas oublié : que ce soit la saleté, la pauvreté ou les immondices, y en a toujours eu, ici.
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