Citations sur Les trois dames de la Kasbah - Suleïma Textes extraits .. (8)
Il y en avait de toutes sortes, de ces femmes, et plus l'heure s'avançait, plus les vieilles portes s'ouvraient.
Des Mauresques toutes roses, à demi-cachées sous des voile de gaze de soie blanche. Des Juives pâles, aux sourcils minces, au corsage de velours. D'autres qui, pour se prostituer, étaient venues de deux cents lieues dans l'intérieur, des oasis lointaines, et qui avaient d'étranges figures du désert; - immobiles à leur porte, elles se tenaient les yeux baissés, la voix rauque, avec de hautes coiffures tout en plaques de métal, et des bijoux barbares.
Même il y avait des négresses d'un type rare et d'une laideur très surprenante. Enveloppées de la tête aux pieds dans des cotonnades bleues à carreaux, elles étaient les plus entreprenantes, et, en allongeant de grandes pattes noires, elles les tiraient par leur manche pour les faire entrer. Eux les regardaient sous le nez, éclataient de rire, et passaient leur chemin.
Il y a toujours ce vent d'inconnu et d'aventures qui nous talonne tous, et sans lequel notre métier ne serait pas possible ; quand une fois on a respiré ce vent-là, on étouffe après, en air calme ; toutes les choses douces et aimées, après lesquelles on a soupiré quand on était au loin, deviennent peu à peu monotones, incolores ; - et, sourdement, on rêve de repartir.
Il m'a toujours attiré irrésistiblement, ce soleil ; je l'ai cherché toute ma vie, partout, dans tous les pays de la terre. Encore plus que l'amour, il change les aspects de toute chose, et j'oublie tout pour lui quand il paraît. Et dans certaines contrées de l'Orient, dans le grand ciel éternellement bleu, jamais adouci, jamais voilé, sa présence continuelle me cause une mélancolie inexprimable, plus intime et plus profonde que la tristesse des brumes du Nord ...
En haut, sur nos têtes, nous brûlant à travers les tentes blanches, il y avait ce soleil, radieux, éternel, que j'ai vu, partout et toujours, sourire de son même sourire de sphinx, sur les regrets vagues qui ne durent pas, comme sur les grands déchirements et les grands désespoirs, qui, hélas ! passent aussi.
Mais, c'est en Afrique, dans les sables de la grande Mer-sans-Eau, que je me suis senti le plus étrangement près de sa personnalité dévorante.
Cette femme parée comme une idole dans ce lieu triste leur inspirait une crainte superstitieuse...
Elles étaient comme plongées dans une tristesse immense, dans un écœurement d’abruties, filles d’une race condamnée, subissant des choses fatales avec une résignation morne.
On a toujours tort de chercher à faire du mal au gens, surtout lorsque ce sont de bons loulous affectueux comme ceux de cette histoire ; tôt ou tard, on est fatalement puni.