- Votre nègre, là...
- Que ?... Qui ? Abe ?
- Peu m'importe son nom, ils se ressemblent tous. Eh bien, il a été malpoli, il a été vulgaire, même !
- Abe ?! Mais ce n'est pas possible ! Comment ? Qu'a-t-il donc fait ?
- Je n'ose le dire... Il m'a... Il m'a parlé !
[ 1927, Lousiane ]
- Encore un... Encore un de parti pendant leurs 'picnics' *... Encore un des nôtres qui vient de tomber sous leurs coups ! Ces Blancs... Tous ces Blancs... Ce ne sont que des monstres, des esclavagistes modernes ! Abe, mon fils, tu dois me promettre une chose !
- Oui, maman ?
- Ne leur fais jamais confiance. Ne deviens jamais ami avec l'un d'eux. Pour l'honneur de nos morts. Pour l'honneur de ta mère. Jamais ! Tu me le promets ?
- Ou... Oui... Maman.
(p. 14)
* jeu de mots tiré du terme 'pique-nique', utilisé par le Ku Klux Klan et signifiant « pick a Niger : ramène un Nègre. » (note de l'auteur)
... Will n'est pas plus blanc que je suis noir.
Je suis là pour lui...
...et il est là pour moi.
C'est tout.
Il en sera toujours ainsi.
Et paradoxalement, je ne l'ai jamais pleurée. Ce soir-là, j'ai découvert que ma mère partageait les mêmes idées que ton père, à sa manière.
Alors qu'elle voulait que je l'accuse, elle ne voyait pas qu'elle-même était dans mes mêmes excès...
(page 44)
Qu'il est dur de haïr ceux qu'on voudrait aimer.
Vous vous êtes laissé aveugler par vos propres démons. En vérité Will n’est pas plus blanc que je suis noir. Je suis là pour lui et il est là pour moi. C’est tout. Il en sera toujours ainsi.
Allez, viens, descendons, nous avons encore une femme à te trouver. Tu es roux, tu manques d'éducation. Ne me dis pas que tu es en plus un inverti ?
(page 35)