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Citations sur Les Chansons de Bilitis (suivi de) Pervigilium Mortis (16)

LE VIEILLARD ET LES NYMPHES


Un vieillard aveugle habite la montagne.
Pour avoir regardé les nymphes, ses yeux sont morts, voilà longtemps.
Et depuis, son bonheur est un souvenir lointain

« Oui, je les ai vues, m’a-t-il dit : Helopsychria, Limnanthis ;
elles étaient debout, près du bord, dans l’étang vert de Physos.
L’eau brillait plus haut que leurs genoux.

« Leurs nuques se penchaient sous les cheveux longs.
Leurs ongles étaient minces comme des ailes de cigales.
Leurs mamelons étaient creux comme des calices de jacinthes.

« Elles promenaient leurs doigts sur l’eau
et tiraient de la vase invisible les nénufars à longue tige.
Autour de leurs cuisses séparées, des cercles lents s’élargissaient… »
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11- IMPATIENCE

Je me jetai dans ses bras en pleurant, et longtemps elle sentit couler mes larmes chaudes sur son épaule, avant que ma douleur me laissât parler :

« Hélas ! je ne suis qu’une enfant ; les jeunes hommes ne me regardent pas. Quand aurai-je comme toi des seins de jeune fille qui gonflent la robe et tentent le baiser ?

« Nul n’a les yeux curieux si ma tunique glisse ; nul ne ramasse une fleur qui tombe de mes cheveux ; nul ne dit qu’il me tuera si ma bouche se donne à un autre. »

Elle m’a répondu tendrement : « Bilitis, petite vierge, tu cries comme une chatte à la lune et tu t’agites sans raison. Les filles les plus impatientes ne sont pas les plus tôt choisies. »

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Le désir


Elle entra, et passionnément, les yeux fermés, elle unit ses lèvres
aux miennes et nos langues se connurent… Jamais il n’y eut
dans ma vie un baiser comme celui-là.

Elle était debout contre moi, toute en amour et consentante.
Un de mes genoux, peu à peu, montait entre ses cuisses
chaudes qui cédaient comme pour un amant.

Ma main rampante sur sa tunique cherchait à deviner le corps
dérobé, qui tour à tour onduleux se pliait, ou cambré se
raidissait avec des frémissements de la peau.

De ses yeux en délire elle désignait le lit ; mais nous n’avions
pas le droit d’aimer avant la cérémonie des noces, et nous nous
séparâmes brusquement.


/Ed. Librairie Charpentier et Fasquelle, 1949
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Élégies à Mytilène
La petite Astarté de terre cuite


La petite Astarté gardienne qui protège Mnasidika fut modelée à
Camiros par un potier fort habile. Elle est grande comme le
pouce, et de terre fine et jaune.

Ses cheveux retombent et s’arrondissent sur ses épaules étroites.
Ses yeux sont longuement fendus et sa bouche est toute petite.
Car elle est la Très-Belle.

De la main droite, elle désigne son delta, qui est criblée de petits
trous sur le bas-ventre et le long des aines. Car elle est la Très-
Amoureuse.

Du bras gauche elle soutient ses mamelles pesantes et rondes.
Entre ses hanches élargies se gonfle un ventre fécondé. Car elle
est la Mère-de-toutes-choses.


/Ed. Librairie Charpentier et Fasquelle, 1949
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Le tombeau des naïades


Le long du bois couvert de givre, je marchais ; mes cheveux
devant ma bouche se fleurissaient de petits glaçons, et mes
sandales étaient lourdes de neige fangeuse et tassée.

Il me dit : « Que cherches-tu ? » — « Je suis la trace du satyre.
Ses petits pas fourchus alternent comme des trous dans un
manteau blanc. » Il me dit : « Les satyres sont morts.

« Les satyres et les nymphes aussi. Depuis trente ans, il n’a pas
fait un hiver aussi terrible. La trace que tu vois est celle d’un
bouc. Mais restons ici, où est leur tombeau. »

Et avec le fer de sa houe il cassa la glace de la source où jadis
riaient les naïades. Il prenait de grands morceaux froids, et les
soulevant vers le ciel pâle, il regardait au travers.


/Ed. Librairie Charpentier et Fasquelle, 1949
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L’ARBRE


Je me suis dévêtue pour monter à un arbre ;
mes cuisses nues embrassaient l’écorce lisse et humide;
mes sandales marchaient sur les branches.

Tout en haut, mais encore sous les feuilles et à l’ombre de la chaleur,
je me suis mise à cheval sur une fourche écartée
en balançant mes pieds dans le vide.

Il avait plu. Des gouttes d’eau tombaient et coulaient sur ma peau.
Mes mains étaient tachées de mousse,
et mes orteils étaient rouges, à cause des fleurs écrasées.

Je sentais le bel arbre vivre quand le vent passait au travers ;
alors je serrais mes jambes davantage et j’appliquais mes lèvres ouvertes
sur la nuque chevelue d’un rameau.
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