Vraiment, il y a de terribles arcanes primitives de la Terre qu'il vaudrait mieux laisser dans l'inconnu sans les évoquer ; de dangereux secrets qui n'ont rien à faire avec l'homme et que l'homme ne peut apprendre qu'en renonçant à la paix et à la raison ; des vérités chiffrées qui font pour toujours de l'initié un étranger au milieu de ses semblables et l'obligent à marcher seul sur la Terre. Des choses qui ont d'une manière blasphématoire traversé en désordre les siècles pour parvenir à une époque qui n'était pas faite pour elle. Des entités monstrueuses qui sont restées plongées dans un sommeil sans fin au sein de cryptes incroyables et de cavernes reculées, en marge des lois de la raison et de la causalité, prête à être réveillées par tels blasphémateurs qui connaîtraient leurs signes noirs interdits et leurs mots de passe furtifs.
(William Lumley; Le journal d'Alonso Typer)
(Lovecraft inscrivit en marge de la dernière page de ce manuscrit cette note destiné à Barlow : « En réalité, les insectes et les autres formes de vie dureront sans aucun doute plus longtemps que l'homme et ses confrères mammifères. »)
(Robert H. Barlow; "Jusqu'à ce que toutes les mers... ")
C'est ce qu'il y a de curieux avec les masses. Quand leur presse à sensation fait des allusions, elles sont prêtes à tout avaler. Mais lorsqu'une révélation stupéfiante et anormale est vraiment faite, elles l'écartent comme mensongère et en rient. C'est probablement mieux pour l'équilibre général.
( Hazel Heald ;Surgi du fond des siècles)
Et maintenant, pour finir, la terre était morte. Le dernier survivant pitoyable était mort. Tous les milliards d'êtres foisonnants, les siècles lents à s'écouler, les empires et les civilisations du genre humain se résumaient dans cette pauvre forme tordue, et comme tout cela avait été monumentalement dépourvu de signification ! A présent, en vérité, étaient venues la fin et l'apogée de tous les efforts de l'humanité, quelle apogée monstrueuse et incroyable aux yeux de ces pauvres fous pleins de satisfaction des jours de prospérité ! La planète ne connaîtrait plus jamais le bruit de tonnerre que font les pas de millions d'hommes, ni même la reptation des lézards et le bourdonnement des insectes, car eux aussi étaient partis. A présent était venu le règne des branches desséchées et, à perte de vue, des champs d'herbes épineuses. La terre, comme sa froide, imperturbable lune, était abandonnée pour toujours au silence et à l'obscurité.
(Robert H. Barlow; "Jusqu'à ce que toutes les mers... ")
Il est impossible à une intelligence mortelle de résister à une force qui dépasse l'imagination. Il n'est pas possible à un esprit immortel de conquérir ce qui a sondé les profondeurs et fait de l'immortalité un passage. La fin ? Non ! Ce n'est que le bienheureux commencement.
(C.M. Eddy Jr; Sourd, muet et aveugle)