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Critique de BazaR


Lovecraft et moi c'est une histoire compliquée constituée d'admiration autant que de déception. Je ne me précipite jamais sur ses oeuvres mais je tente le coup de temps en temps. Parfois j'accroche, parfois je laisse tomber. Cette nouvelle traduction de David Camus reste dans le même ton, comme quoi le passage au français n'est pas en cause.

J'admire sa créativité lorsqu'il s'agit d'inventer un panthéon mythologique original. Son univers hanté par des créatures à nulle autre pareilles, existant depuis des millions voire des milliards d'années et dont les ombres viennent encore faire frémir les pauvres humains, est fascinant. L'impression de petitesse de l'humanité qui en ressort est à la mesure de la sensation de vertige qui naît lorsqu'on essaie de réaliser pour de bon sa position dans l'immensité de l'espace et du temps. L'expression « nous ne sommes que poussière » prend tout son sens dans l'univers lovecraftien. C'est une constante.

En revanche sa façon de raconter les histoires manque d'imagination. C'est toujours la même chose : un type raconte les horreurs qu'il a rencontrées lors d'aventures passées et l'on a droit à d'interminables description que jamais ne vient distraire le moindre dialogue. C'est rugueux et souvent ennuyeux à la longue (en tout cas pour moi). Je vous l'accorde, les descriptions des cités anciennes ou cachées sont d'une précision atomique et toujours d'une grande originalité non dépourvue de beauté. Lovecraft a aussi le chic pour se renseigner à mort sur les sujets historiques ou scientifiques dont il a besoin pour ses récits ; il fait parfois acte de Hard science.
Autre chose qui m'agace profondément, c'est l'abus de qualificatifs horrifiques, utilisés à tort et à travers, et qui décrédibilisent la sensation d'angoisse absolue qu'éprouvent les personnages humains. Je secoue la tête quand je lis « temple hypostyle avec piliers à l'horreur inhumaine » ou « inquiétant fragment de poterie ». C'est plus risible qu'effrayant. J'ai l'impression que ces gars prendraient leurs jambes à leur cou à la vue d'une peinture cubiste.

Ce recueil – nouvelle traduction de David Camus – contient six nouvelles classées par ordre chronologique de création et de publication. « Dagon », « La Cité sans Nom », « Prisonnier des Pharaons », « L'Appel de Chtulhu », « Les Montagnes Hallucinées » et « Dans l'Abîme du Temps ». Ma préférence va aux trois dernières, alors que Lovecraft avait bien développé son univers. « L'Appel de Chtulhu » est ma préférée car elle contient une espèce d'enquête qui maintient l'attention. « Les Montagnes Hallucinées » est intéressante, ne serait-ce que pour la préparation de l'expédition antarctique et la vision des Grands Anciens, mais elle est beaucoup trop longue et ses descriptions interminables. « Dans l'Abîme du Temps » exploite de manière très originale l'idée du voyage dans le temps. La Grande Race qui y est dépeinte n'a rien d'horrible, au contraire (et pourtant les qualificatifs effrayants abondent). Dommage que là aussi j'aie fini par me perdre d'ennui dans les couloirs effondrés de la cité enfouie sous les sables d'Australie.

Une lecture en demi-teinte donc, comme à chaque fois. Peut-être devrais-je lire des nouvelles reprenant le même univers sous la plume d'autres auteurs comme Robert Bloch ou Clark Ashton Smith, histoire d'ajouter un autre angle à ma vision.
De fait, l'héritage de Lovecraft continue d'inspirer bon nombre d'écrivains, de dessinateurs et de cinéastes. La culture lui en est redevable, c'est certain.

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