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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce que j'ai ressenti:… L'étrange sensation de Aini berberè zeb'hi…

"-Le temps des rêves est fini, murmura-t-il, maintenant c'est le temps des hyènes."

Le temps des hyènes, c'est un temps de violences qui se cache au pied d'un sycomore…Sous une chaleur étouffante, des vies brisées, des morceaux d'Histoire,des tessons de légendes, des crocs sauvages, des débris de poussières de rêves…Un polar mosaïque aux couleurs chaudes: des pièces de faïences rougies de sang vengeurs, d'autres de couleurs d'or floues, certaines de terres pimentées…Et en fond sonore, un rire carnassier…

Nos deux enquêteurs auront bien du mal à lever le voile sur cette vague de mystères qui entourent ses suicides, mais un peu de génie de Sherlock Holmes semble habiter instinctivement l'un des deux alors, à force de détails et de situations incongrues, tous les petits secrets enfouis dans la terre rouge vont prendre forme dans ce patchwork de cupidité. On se plaît à suivre ce duo improbable, qui dans leur différences, ont toujours au fond des yeux, une marque de respect et la même envie de résoudre les équations que la mafia dissimule dans les sombres recoins…

"Il n'y a rien de plus trompeur que l'évidence."

Dans cette lecture, j'ai aimé l'authenticité. Ce mélange des langues et des expressions non traduit, cette effervescence bouillonnante du choc des cultures, la ronde des mots aux consonances d'ailleurs…Une bonne rasade savoureuse de chianti italien ainsi qu'un mélange de dialecte africain pimenté qui relève le roman noir de Carlo Lucarelli, pour mieux nous raconter les failles d'une colonisation sur les bords de l'Érythrée. Rien n'est évident dans ses relations entre les deux nationalités, mais l'auteur nous le fait ressentir avec une ardeur passionnée et teintée d'une touche de magie noire ensorcelante…

Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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Ce livre sort des sentiers battus. Il nous plonge en pleine colonisation italienne, en Érythrée. Pendant que le Négus tente de mobiliser et envoie ses troupes au combat pour gagner l'indépendance de l'Éthiopie et de l'Érythrée, considérée comme une province, de riches Italiens exploitent les meilleures terres…

Grâce au Club des Explorateurs du polar de Lecteurs.com et aux éditions Métailié que je remercie, j'ai pu découvrir un roman intriguant, dépaysant et très intéressant.
Le temps des hyènes débute dans le village d'Afelba où Jàfet qui mène ses chèvres paître sous le sycomore, découvre un homme pendu. le lendemain, il y en deux autres ! Ce sont des ouvriers agricoles du marquis Sperandio… trois noirs, quelle importance ! Mais, un jour plus tard, c'est le marquis lui-même qui pend à l'arbre !
Carlo Lucarelli débute fort et son roman m'a plongé dans la vie quotidienne de ces Érythréens qui sont de différentes ethnies et tentent de survivre sous la domination de la monarchie d'Umberto 1er, roi d'Italie. L'auteur ne plaint pas les expressions, les formules de différents dialectes aussi bien érythréens qu'italiens.
Pour tenter d'éclaircir le mystère de ces quatre pendaisons, le capitaine des carabiniers royaux, Piero Colaprico, ancien ami du marquis, mène l'enquête, parfaitement secondé par son brigadier, le bachi-bouzouk des zaptiè, les carabiniers indigènes, Obgabriel Ogbà.
Le capitaine est un lecteur assidu des romans de Conan Doyle. Il se réfère évidemment à Sherlock Holmes pour orienter son enquête : « Il n'y a rien de plus trompeur que l'évidence. »
Au fil des pages, j'ai rencontré de nombreux personnages, certains vraiment pas recommandables mais l'auteur a bien su mettre en avant les jalousies, les rivalités, les intrigues entre les Italiens présents en Érythrée : « Ne jamais prendre les Italiens au sérieux, Ils font toujours des choses inutiles. » D'ailleurs, chacun s'exprime avec un accent qui trahit sa ville ou sa région d'origine.
Chercher un assassin dans ce pays de la corne de l'Afrique, c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin mais Colaprico ne se décourage jamais. Il veut finir d'assembler sa mosaïque avec ces tesselles qui motivent beaucoup Ogbà.
Carlo Lucarelli mène son affaire avec un prologue, douze mouvements, deux intermèdes et un épilogue. Entre Asmara, la capitale, située à 2 300 m d'altitude, et Massaoua, le port sur la Mer Rouge, Carlo Lucarelli fait explorer le pays mais je voudrais, pour finir, mettre en exergue l'impressionnante scène, chez Ogbà, lorsque sa femme, Manna, réussit à préparer un repas non prévu pour le capitaine, en un temps record.

Ses cinq enfants : Adèba, Kabbedèsh, Mesfún, Lettebrahán et Tzeghè Ueiné l'aident à préparer l'ingera, l'agibò, le senàfec et la kichà, tout cela paraissant délicieux, comme l'ensemble de ce livre très exotique, même si : « le temps des rêves est fini. » et que c'est « maintenant le temps des hyènes. »


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J'ai été emballée par cette aventure policière dans la colonie italienne d'Érythrée, à la fin du dix-neuvième siècle. Des morts suspectes amènent le capitaine des carabiniers royaux Colaprico et son fidèle zaptiè (désignation locale des unités de gendarmerie abyssines) Ogbà à enquêter.

« – Kem fulut neghèr zeybahriawi yelèn, dit Ogbà, si distrait par sa bière qu'il ne s'est pas aperçu qu'il parlait en tigrigna.
– Tôt ou tard, je devrai l'apprendre moi aussi, cette langue. Qu'est-ce que tu as dit ?
– Excusez-moi, mon capitaine. J'ai dit il n'y a rien de plus trompeur que l'évidence.
Colaprico en resta bouche bée.
– There is nothing so unnatural as the commonplace, murmure-t-il, et cette fois c'est Ogbà qui ne comprend pas. Putain, Ogbà, putain… tu l'as encore fait ! Tu as cité Sherlock Holmes ! »

Dans ce passage, on retrouve quelques éléments de ce qui fait le charme de ce roman : l'humour, pince sans rire et fameux, ainsi que le dépaysement culturel et linguistique. Au début j'ai craint pour la fluidité de la compréhension, car le texte est tout du long émaillé de mots italiens et tigrigna (la langue locale). Mais on s'y fait très vite, et cet ensemble apporte indéniablement une compréhension bien plus fine de ce qui se joue dans ce pays et cette société, ainsi qu'une splendide profondeur aux personnages.

De nombreux clins d'oeil, ici à Conan Doyle, dont Colaprico dévore les textes qu'il se fait envoyer par bateau dès leur parution. À un autre moment ce sera à Rimbaud et sa participation au trafic d'armes en Éthiopie.

Carlo Lucarelli fait revivre l'époque coloniale et n'hésite ni à en brosser un portrait lucide et grinçant, ni à mettre ses personnages en danger – et pas qu'un peu, par moments ! – L'intrigue policière démarre lentement, mais elle est très bien ficelée et évolue vers des pistes surprenantes. Il y a une grande complicité et un profond respect entre Ogbà et son capitaine. Ce dernier étant très loin du racisme ambiant, et Ogbà tiraillé parfois entre le paradoxe de sa fierté de servir et sa conscience aiguë d'être colonisé.

« Il y avait un arbre au bout de la pente, un genévrier fin et fourchu, maigre comme une vache en période de famine mais encore là, accroché au terrain poussiéreux. C'est lui qui l'avait planté là en bas, quand il était encore paysan, à la lisière d'un champ dans lequel il avait essayé de cultiver tant de choses et que les sauterelles, les parasites et la sécheresse lui avaient exterminées dès qu'elles avaient commencé à pousser. Lui seul avait résisté, cet arbre sec et tordu mais vivant et fort, malgré son aspect. Lui seul mais pas Ogbà, qui à un moment, pour ne pas faire mourir sa famille de faim, avait flanché et était allé faire le soldat chez les t'liàn. »

Tout cela donne à ce roman foisonnant et original une saveur unique. Cette enquête est apparemment la troisième du binôme Colaprico-Ogbà, et j'ai sacrément envie de lire les autres ! (chaque roman peut se lire sans problème séparément). Une excellente découverte donc, que je conseille ! J'aime de plus en plus les éditions Métailié et ses choix éditoriaux, à la croisée des genres et des mondes.

« Je suis un con, Ogbà, je suis un con, je les ai perdus parce que je suis un con sans couilles et elle, elle me déteste, mais moi je le connais, Carlo Maria, même mieux qu'elle, jamais, jamais – on aurait cru qu'il ne pouvait plus s'arrêter –, jamais il ne se serait tué. Il avait un rêve, t'as compris, un rêve, et celui qui rêve ne se tue pas ! »
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Un polar Erythréen ou un polar Italien?

Les deux mon capitaine!

Le capitaine des carabiniers royaux, Colaprico est chargé d'une enquête concernant le meurtre (ou le suicide) de trois "indigènes" et du marquis Spérandio, pendus aux branche du sycomore d'Afelba.  Il est accompagné de son "bachi-bouzouk" abyssin, Ogbà.

Nous voici transportés dans la Corne de l'Afrique, colonie italienne. Chaleur accablante et orages de la saison des pluies, pistes poussiéreuses, plantations. Ambiance coloniale, casernes, bordels, alcool, racisme...Vie rurale africaine : traditions, costumes, cuisine. Une leçon de cuisine extraordinaire au foyer d'Ogbà, quand la femme de ce dernier veut honorer le capitaine, son hôte d'un soir.

Roman italien d'une Italie tout juste unifiée avec des provinces bien identifiées par leur dialecte. Comme je regrette que mon faible niveau d'Italien ne me permette pas de goûter les nuances dans les parlers de Romagne, de Livourne, Turin ou Naples! Lucarelli insiste sur les différentes prononciations.  Les jurons doivent être savoureux pour les linguistes. Ces nuances langagières ont leur importance dans la résolution de l'enquête, aussi bien en tigrigna (la langue locale) qu'en Français...

L'histoire italienne ne se résume pas à la colonisation de l'Afrique. En filigrane, on devine Garibaldi, et les républicains italiens, la mafia sicilienne et ses "morts qui parlent"(les vivants n'étant pas bavards).

C'est surtout un polar avec ses mystères, ses rebondissements, les violences et les cadavres qui se décomposent vite. Si Colaprico est un grand lecteur de Sherlock Holmes, c'est plutôt Ogbà qui réfléchit et résout les énigmes.

"
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