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Critique de Nemorino


Dans le passé lointain, j'ai lu passionnément du Saint Augustin et du Pierre Abélard (curieusement, grâce à l'érudition et au charisme de mon professeur de l'histoire de la musique ancienne). Plus récemment j'ai fait connaissance (en version originale) des poésies de S. Averintsev, Blok, Brodsky, Bounine, Volochine, Hippius, Dostoïevski, Essenine, Mandelstam, Merejkovski et de beaucoup d'autres, réunies dans l'opuscule « Les vers de Noël » que j'ai acquis à la nouvelle église russe au bord de la Seine à Paris. Pour moi, l'oeuvre de Patrick Lusicine rejoint ce cénacle.
Je suis un peu claustrophobe des religions. Ma « porte ouverte », c'est la création, je me « philosophe » toujours une sortie. Je suis pour une spiritualité universelle, évoquée dans le Jeu des perles de verre de Hermann Hesse, et pour l'Art comme religion (Kunstreligion). Et pourtant je ne prierais pas d'intervenir mon dieu la Plume ! En dernier recours il y a quand même cette force et présence que Patrick Lucisine appelle Lui. Cependant ma relation trop intime avec Lui m'est impossible à partager avec les autres sauf éventuellement avec mon enfant. C'est là que résident mon respect et mon admiration pour l'écrit de Lusicine : il a réussi sa tâche difficile et nous dévoile le cheminement de son coeur avec une sincérité touchante et pudeur, sans jamais sombrer dans le «mysticisme hystérique».
Si le thème spirituel vous empoigne, ces phrases de Patrick Lucisine résonneront particulièrement dans votre esprit :

« si donc
temps
espace
sont infinis
il y a une infinité de chances
que tu existes
que tu n'existes pas
que chaque chose existe
que chaque chose n'existe pas
l'univers s'annihile
se dévore


pourtant
tu existes

et chaque chose existe » (page 39)


Je crois qu'au commencement, il était une parcelle de naïveté que l'auteur a su cultiver en lui au lieu de la chasser hautainement. Elle a donné un fruit remarquable. Je pense à la beauté de ce texte aux seules majuscules attribuées à Lui, à sa disposition sur la page, ses « blancs » qui interpellent à l'instar des silences dans la musique contemporaine et pareillement aux morceaux d'Anton Webern qui transfigurent l'auditeur. Ces vocables égrenés sonnent tel le frisson d'une harpe qui n'importune jamais.
Pourquoi « baisser la garde » ? Lisez cette oeuvre à part, ne résistez plus !
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