J'ai bien aimé l'histoire de cette école qui se met à n'accepter que des jeunes femmes de couleur. le traitement est cependant moins pertinent, selon moi. J'aime beaucoup ce que fait Lupano, mais il n'est pas toujours exempt de défauts. Ici, je pense que le récit reste trop distant des personnages, ce qui limite l'implication, et quelques ajouts me semblent assez peu pertinents.
Dès le début, des détails m'ont fait tiquer : assez peu de présentation est faite des personnages, ce qui m'a assez vite conduit à me poser des questions sur les actions de Prudence. Pourquoi accepter cette jeune femme puis n'en faire qu'une classe pour personne de couleur avec une telle hostilité dans l'entourage ? Ça ne me parait pas incohérent, mais ne comprenant pas exactement l'origine de ses motivations, j'ai du mal à comprendre pourquoi elle s'obstine autant. Est-ce une question de condition sociale ? de genre ? de lecture qu'elle a faite, de situations qu'elle a vécues ? Je ne sais pas, elle le fait et c'est tout, mais en voyant ce qu'elle subit je me suis demandé ce qui l'animait si fort qu'elle a continué. Elle semblait visiblement convaincue du bien fondé de son action, et je pense pareil, mais qu'est-ce qui faisait qu'elle pensait cela dans une époque où cette pensée n'est pas majoritaire ?
D'autre part, je dois avouer que j'ai été intéressé par les différents personnages qui paraissent dans le récit. D'autant que
Le Sauvage est un ajout qui me parait assez peu pertinent en tant que tel, même si j'ai aimé son discours. Dans un autre domaine, la femme qui apparait en tant que "sorcière" me fait penser à cette flopée de femmes qu'on appelle Sorcières pour ne pas les appeler "libres" et qui me semblent correspondre à une volonté du moment de voir dans la sorcière l'archétype de la femme libre. Non seulement je suis assez peu d'accord avec cette image totalement anachronique mais je pense qu'elle occulte une réalité sur la question de la place de la femme dans les sociétés historiques.
Bref, il y a des qualités et j'aime la façon dont l'État a du passer par un procès pour autoriser cette école, détruite finalement par la violence aveugle. Mais en tant que tel, je trouve que le récit pêche par volonté de bien faire, oubliant de nous faire ressentir quelque chose pour ces personnages. Et l'histoire a beau être intéressante, je trouve que la lecture reste assez oubliable, faute d'intérêt marqué. Dommage, j'aurais aimé donner plus !