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Citations sur Femmes et fantômes (4)

[...] ... Après le travail, je suis allée là-bas. Je devinai à quel point Greg était encore furieux à la manière dont il avait jeté mes affaires par la porte de la cuisine. Ma chemise de nuit couleur lavande semblait avoir été étranglée, et il y avait des miettes de toasts aux raisins partout ; un flacon d'après-shampoing qu'il n'avait même pas pris la peine de reboucher avait tout inondé. Un vrai gâchis. Pendant tout le temps où je nettoyai ce chantier, je n'ai cessé de pleurer, car je pensais encore être amoureuse de Greg, et je me disais que tout était ma faute. Ensuite, je n'ai pas pu m'empêcher de regarder une dernière fois à travers la vitre de la cuisine pour voir si Ilse se trouvait à l'intérieur. Peut-être qu'elle sourirait maintenant, ou même qu'elle rirait. La porte du placard bâillait, mais il était vide.

J'ai entassé toutes mes affaires dans ma voiture, puis je suis rentrée chez moi ; heureusement, le bail ne se terminait pas avant un an mais mon appartement se trouvait dans un état lamentable. Je n'y vivais presque plus depuis des semaines. Il y avait de la poussière partout, et de la suie noircissait les fenêtres. Je suis parvenue à décharger la voiture et à tout monter, puis j'ai balancé mon tas de vêtements poisseux d'après-shampoing et parsemé de miettes dans la baignoire, près de laquelle je me suis agenouillée pour mettre l'eau à couler.

Ensuite, je me suis vraiment effondrée. Je me sentais tellement vaincue, folle, malheureuse, que je me suis laissée glisser sur le lino jaune sale pour me blottir entre la baignoire et les toilettes. J'avais envie de me suicider, mais pas la force de bouger. Je me disais que dans un petit moment, j'allais peut-être ramper jusqu'au four et me mettre la tête dedans.

Et puis tout d'un coup, j'ai pris conscience d'être assise par terre, dans un endroit exigu, exactement comme Ilse. Elle avait fini par me réduire à une condition aussi pitoyable que la sienne.

Mais peut-être n'était-elle pas la seule en cause. Et pour la première fois, je me suis demandé si Greg lui avait déjà dit le même genre de choses qu'à moi durant ce week-end, jusqu'à ce qu'elle s'accuse de tous les torts et se sente vidée, battue à plates coutures. Je me suis souvenue de la façon dont [le visage de Greg] s'était transformé en image de film d'horreur, et soudain, je me suis dit que j'avais de la chance d'avoir quitté sa maison. Même s'il changeait d'avis et me demandait de retourner vivre avec lui, même s'il se montrait aussi charmant et affectueux qu'avant, je ne pourrais jamais oublier ce week-end ni cesser de me demander si un tel incident risquait de se reproduire, et je me sentirais obligée de marcher sur la pointe des pieds toute ma vie. ... [...]
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Je n'ai jamais vu de fantômes agitant des draps, de cavaliers sans tête, des manoirs hantés, ni rien de ce genre. Mais une fois, il s'est passé quelque chose d'étrange...
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[...] ... C'est le jour suivant que j'ai vu Ilse pour la première fois. J'avais encore mon appartement dans le centre-ville, mais je passais beaucoup de temps chez Greg et y dormait presque toutes les nuits. Je m'étais levée tôt le dimanche pour préparer des saucisses et des gaufres au sirop d'érable parce que deux jours plus tôt, nous avions discuté des petits-déjeuners américains traditionnels et il m'avait dit ne jamais en avoir goûté un bon.

C'était un matin d'hiver humide et sombre, et une pluie à moitié gelée striait les vitres de la cuisine comme une colle transparente. En entrant dans la pièce, j'ai d'abord aperçu quelque chose ressemblant à des jambes et à des pieds, avec des collants gris et des ballerines noires éculées, dépasser entre le réfrigérateur et le mur. J'ai voulu crier, mais rien n'est sorti à part une sorte de gargouillis. Ensuite, j'ai fait un pas en avant et j'ai vu une femme pâle, vêtue d'une robe noire recroquevillée dans le trou.

Je n'ai pas pensé à Ilse. Si jamais j'ai pensé à quelque chose, c'est que nous avions laissé la porte de derrière ouverte et qu'une pauvre sans-abri ou une étudiante schizo était entrée.

- "Bon Dieu, qu'est-ce que c'est que ça ?" ai-je hurlé en reculant pour allumer la lumière.

Ensuite, j'ai regardé à nouveau, mais il n'y avait personne. Tout ce qu'il y avait, c'étaient les bottes en caoutchouc noir de Greg, qu'il avait mises à sécher en rentrant du cinéma la veille au soir, et sa longue écharpe de laine grise accrochée à côté des chiffons à poussière. Je ne voyais pas comment mon esprit avait pu assembler ces divers objets pour en faire une silhouette de femme, mais l'esprit fait parfois de drôles de choses.

Plus tard, après avoir retrouvé ma respiration, j'ai repensé à l'histoire de Greg et j'ai compris que ce que j'avais vu, ou cru avoir vu, était Ilse Spiegelman. Cet incident m'a troublée car il signifiait que l'ex-femme de Greg me trottait dans la tête à un point que je n'avais pas soupçonné. ...
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