elle a un talent fou. Si les professeurs ne s'en rendent pas compte, ce sont de parfaits crétins. Elle ne joue de cette clarinette que depuis quelques mois et elle parvient à exécuter des syncopes et des septièmes. Par moments, elle atteint même cette chose inexplicable qu'est le swing.
( p 258)
Steffi a arrêté de se connecter à La Salle. Enfin, pas tout à fait. Elle y traîne parfois, pour voir. Et elle enlève systématiquement tous les commentaires qui sont sur sa page; elle essaie de ne pas les lire, mais c'est plus fort qu'elle. Elle fait tout son possible pour rester impassible aux " pute", " gouine" ou " boule puante", mais elle n'y arrive pas. Pourtant elle ne se prostitue pas, n'a jamais été amoureuse d'une fille et se douche tous les jours. Finalement, ce sont les mots qui souillent. Elle devrait définitivement arrêter de se connecter. Aujourd'hui, en tous cas elle n'ira pas.
( p 9 )
Moi je suis blue. C'est une expression des premiers temps du blues, un sentiment de résignation, l'impression de crouler sous le poids de ce qui nous arrive. Dans mon cas, des agressions. Mais seuls les lâches s'en prennent aux autres. Les forts... Les forts vont de l'avant.
L'ennui, c'est qu'elle ne comprendrait pas tout, par exemple la sensation que l'on éprouve en descendant un escalier jusqu'à une cave, pendant la guerre, et que l'on y trouve, dans l'obscurité du black-out... LE JAZZ.
C'était ça, le jazz. Les choses trop convenables n'avaient plus cours. Il fallait être fougueux, farouche, indomptable. Il était donc parfaitement normal que le piano ne sonne pas parfaitement juste. Erling assembla sa clarinette en cinq secondes, puis produisit l'une de ses fameuses mélopées sauvages. Impossible de les noter, elles n'existaient que dans l'atmosphère.
Alvar avait compris une chose en ce qui concerne les buts dans la vie : il fallait être suffisamment intelligent pour savoir en changer.
Moi, je suis blue. C’est une expression des premiers temps du blues, un sentiment de résignation, l’impression de crouler sous le poids de ce qui nous arrive. Dans mon cas, des agressions. Mais seuls les lâches s’en prennent aux autres. Les forts… Les forts vont de l’avant.