Les salauds gentilshommes, tome 1 : Les mensonges de Locke Lamora

Il est difficile d'ajouter quelque choses aux nombreuses critiques déjà rédigées sur ce bijou de la Fantasy.
Au demeurant, j'ai trouvé que c'était un plus un roman de cape et d'épées que de Fantasy, celle-ci servant plus de couleur locale et d'arrière plan léger.

Le monde de Locke Lamora est très riche et l'auteur a choisi la technique des "interludes-flashback" pour apporter régulièrement les informations nécessaires à la compréhension de l'histoire au moment où on en a besoin. C'est efficace, mais ce n'est pas sans inconvénients : cela introduit une certaine lourdeur au récit et brise parfois le rythme de l'histoire.
J'ai du régulièrement me faire "violence" pour ne pas sauter ces interludes pour continuer à devorer l'intrigue.

Reconnaissons-le : Locke Lamora ne fait pas dans le petit et il fait sienne la devise qui dit que pour résoudre un problème, le plus simple c'est d'en créer un autre, de préférence plus gros.

Je rapproche son personnage de celui de Don Benvenuto de Gagner la Guerre de Jaworski. de vraie crapules, mais si brillantes qu'on a envie de tout leur pardonner.

"Les Salauds Gentilshommes" apparaît davantage comme un roman de cape et d'épée qui s'inscrit plus dans l'époque renaissance que dans la Fantasy, celle-ci ne servant que d'arrière-plan relativement accessoire. Scott Lynch a imaginé un univers complexe et haut en couleur, dominé par Camorr, cité lacustre gangrenée par le brigandage et le crime, largement inspirée de Venise avec ses canaux et la richesse de son architecture. Un ouvrage divisé en plusieurs parties avec deux phases centrales constitué par l'arnaque contre les nobles du royaume et la vengeance envers le nouveau "capa" qui contrôle toutes les bandes de voleurs. L'auteur a choisi, pour développer son récit, le procédé des flashbacks pour apporter au fil de l'action les informations nécessaires à la compréhension des évènements et expliquer le contexte en détaillant comment les héros en sont arrivés là. Dans le même temps, Scott Lynch insère des interludes qui dévoilent par étapes le passé de Locke et des Salauds Gentilshommes, c'est pertinent mais l'ensemble introduit une certaine lourdeur et brise souvent le rythme de l'histoire. L'écriture est agréable, plaisante, parfaitement détaillée, pimentée par beaucoup d'humour mais s'égare souvent dans de stériles répétitions et une facilité prosaïque avec de nombreuses situations qui se dénouent idéalement d'une manière expéditive et, en fin de compte, plutôt prévisible. En dépit de ces multiples parenthèses pesantes, beaucoup d'éléments, pour cerner les personnages, les comprendre pleinement et pouvoir les apprécier véritablement, manquent à l'appel. Premier volume d'une série qui s'annonce riche et inventive, Les mensonges de Locke Lamora offre de nombreux rebondissements et présente une équipe de voleurs aussi atypiques qu'astucieux. L'aspect amplement descriptif et lourdement académique du récit renferme à la fois son attrait et ses défauts selon l'attente et la façon d'appréhender le développement d'une histoire. Les intrigues ne sont pas inintéressantes, les machinations ingénieuses mais plus de concision, de linéarité et moins de redondance auraient rendus l'ensemble davantage enthousiasmant et dynamique.