Le vent s'était levé à l'ouest et la forêt bruissait comme la mer. A l'extrême pointe de l'Europe, à l'ouest, la mer soulevait au-devant des aventuriers ses lourdes lames et tout son arsenal efficace de brumes, de rochers et de pluies.
Ecrire pour gagner sa vie, c'est bien le plus dur des métiers, sans excepter celui de laboureur. Ecrire afin de libérer son âme, c'est tout autre chose. On éprouve dans le travail l'enthousiasme fébrile de celui qui sauve sa vie.
Or un pays sans oisifs ou sans fainéants est un pays sans idéal. Car l'idéal de la plupart des hommes est de vivre dans l'oisiveté, l'oisiveté sociale, bien entendu.
Je contractai, d'ailleurs, une telle habitude de la malpropreté physique que pendant très longtemps j'éprouvai une sorte de répulsion pour les gens bien lavés. Ils ressemblaient, pour moi, à l'idée que je me faisais des cadavres.
Écrire pour gagner sa vie, c'est bien le plus dur des métiers, sans excepter celui de laboureur. Écrire afin de libérer son âme, c'est tout autre chose. On éprouve dans le travail l'enthousiasme fébrile de celui qui sauve sa vie. Pomper de l'eau pour épuiser l'eau qui s'engouffre dans le navire en perdition peut se comparer au travail littéraire quand la vie de l'écrivain est en jeu, c'est-à-dire quand il sent que la société va se refermer sur sa tête ses griffes inexorables.
On écrit avec la joie de l'aéronaute qui jette du lest et reprend sa liberté après avoir contemplé, d'un oeil de professionnel exercé, un point d'atterissage nettement mortel.
Francess, et sa charmante figure fripée comme une nippe par l'étuve des prisons ou des hôpitaux, n'était cependant pas désinfectée. Il rayonnait d'elle une lueur véritable par quoi elle dorait la vie médiocre que nous avions adoptée. Cent poètes de classe dangereuse qui s'ignoraient avaient peut-être contribué à créer Francess qui n'était pas seulement une femme bonne conductrice de l'aventure, mais un aspect clandestin de notre âme de nuit.