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Francis Lacassin (Préfacier, etc.)
EAN : 9782859406158
256 pages
Phébus (17/02/2000)
3.93/5   90 notes
Résumé :
Brest au mitan du XVIIIe siècle : époque de tous les plaisirs, de tous les commerces, de toutes les guerres. Yves-Marie Morgat, gamin encore mais déjà reluqué par les filles, fait pour l’heure comme la rade qui l’a vu naître : il ouvre la bouche (et les yeux) vers l’horizon de l’ouest, celui de l’aventure. C’est qu’il en a entendu, le morveux, caché derrière le comptoir du père Morgat, fournisseur de la Marine tenant boutique rue de Siam, à l’enseigne de l’Ancre de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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La remise du Prix Mac Orlan à Céline Navarre pour son prometteur « L'envers des ombres » m'a donné envie de relire « L'ancre de miséricorde » (dans l'édition Nelson de 1951).

Superbe description de Brest, avant la révolution, par un adolescent fils d'un commerçant installé rue de Siam. Peinture qui fait écho à celle de Philippe de Villiers dans son « Charrette » qui décrit le milieu aristocratique.

Yves-Marie Morgat, 16 ans, rencontre dans la boutique paternelle Jérome Burns, médecin retraité de la marine, installé dans le faubourg de Recouvrance. Il croise en ville un éboueur Jean de la Sorgue, bagnard en fin de peine condamné à des travaux d'utilité collective. Au fil des jours une double relation se noue puis se consolide dans un rapport enfant-parent qui fait de notre héros une marionnette manipulée alternativement par les deux adultes à qui il « rend des services ».

Emprise terrible qui rend Yves-Marie complice involontaire d'un crime, qui le libère, et en fait un homme apte à nouer des relations adulte-adulte.

Roman d'une saisissante actualité quand on songe aux adolescents participants, par exemple, au trafics de drogues, et qui analyse avec finesse et psychologie la relation de sujétion que certains adultes créent pour exploiter des ados.

PS : L'envers des ombres
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« L'ancre de miséricorde » est un des romans les plus connus de Mac Orlan. Lorsqu'on s'attaque à un livre si réputé on a toujours la crainte d'être déçu. J'avais beaucoup aimé « les clients du Bon Chien Jaune », ce qui ne faisait qu'accroître mes attentes. A l'issue de ma lecture, je ne suis pas déçue le moins du monde, au contraire. J'ai adoré « l'ancre de miséricorde » même si je comprends que certains lecteurs aient pu être désarçonnés et n'aient pas adhéré.

En effet, « l'ancre de miséricorde » est assez singulier. Je le classerais volontiers dans les aventures maritimes et pourtant le roman se déroule quasiment intégralement à terre. Je comprends que ce parti-pris ait pu déranger certains lecteurs, moi j'ai adoré. J'ai vraiment eu le sentiment de lire un roman d'aventures maritimes, une histoire de pirates. Il faut dire que le récit prend place à Brest et ses environs en 1777 et la région est toute entière tournée vers la mer, là tout tourne autour d'elle et de ceux qui en vivent directement ou indirectement. J'ai vraiment été emportée par ma lecture. Et peu importe si le dénouement est prévisible. En fait, je me demande même si ce n'est pas voulu. Bien sûr qu'on comprend très vite le fin mot de l'histoire mais l'intérêt ne se situe pas dans la résolution du mystère qui, d'ailleurs, n'en est un que pour le héros. « L'ancre de miséricorde » est aussi un roman d'apprentissage, on va suivre la façon dont les événements et le mystère qui l'entoure vont faire grandir le petit Morgat, lui faire voir le monde et les Hommes différemment. Cet aspect initiatique est traité de façon particulièrement subtile. « L'ancre de miséricorde » raconte un peu un renoncement, comment un enfant assoiffé d'aventures va remettre en question ses certitudes et apprendre la vraie nature des choses et ainsi devoir renoncer à ses rêves d'aventures. Au cours de ma lecture, j'ai souvent pensé au roman de Conrad « le frère de la côte ». Dans ce dernier, on suivait un ancien marin vieillissant, lassé de sa vie aventureuse et qui ne rêvait plus que de se retirer dans les terres de son enfance. Là aussi, il était question de renoncement. D'ailleurs, le personnage de Burns me faisait penser à Peyrol, le vieux marin du roman de Conrad. Régulièrement au cours du récit, Burns invite le petit Morgat à oublier ses rêves de grand large, lui répétant que l'aventure n'est pas ce qu'il croit. le jeune héros voit en Burns celui qu'il aimerait devenir sans voir que celui-ci est un Homme brisé qui, s'il a bien vécu une vie d'aventures, n'en retire aucune gloire ni satisfaction. Burns est un magnifique personnage, très bien campé, qui m'a profondément émue. Les autres personnages sont eux aussi très bien caractérisés et cette galerie de personnages fait de « l'ancre de miséricorde » un roman plein d'émotions.
Si Mac Orlan joue avant tout sur le côté psychologique et émotionnel, j'ai vraiment senti le souffle de l'aventure au cours de ma lecture. le récit est très dépaysant. L'auteur dépeint de façon très immersive la ville grouillante, ses commerces, ses soldats qui vivent dans l'attente d'une guerre contre l'Angleterre, ses forçats qui travaillent dans l'arsenal, ses tavernes, ses pêcheurs… On est littéralement transporté dans le Brest du 18ème siècle. Et la menace du terrible Petit Radet qui plane sur la région renvoie à tous les grands personnages de pirates et offre au récit son lot de péripéties qui en fait un véritable roman d'aventures.

« L'ancre de miséricorde » est à la fois un formidable roman d'aventures et un récit initiatique poignant. J'ai dévoré le roman en à peine 2 jours, c'était un vrai plaisir de lecture dépaysant et émouvant. C'est le 2ème roman de Mac Orlan que je lis après « les clients du Bon Chien Jaune » et il est certain que j'en lirai d'autres.

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Le vent de l'aventure qui souffle du large, enivrant le jeune Yves-Marie Morgat, pénètre dans la petite boutique d'un shipchandler du bas de la rue de Siam à Brest.
Il y fait résonner le nom longtemps oublié de "Petit Radet", ce gibier de potence qui naviguait, il y a quelques années, sous le pavillon noir des gentilshommes de fortune.
Yves-Marie a seize ans.
Il est promis à un brillant avenir d'officier à l'école d'artillerie de Metz ...
Si il parvient à résister à l'appel du grand large et à son amitié pour Jean de la Sorgue, le vieux bagnard repenti.
Heureusement, l'énigmatique Jérôme Burns, l’honnête bourgeois de Recouvrance, devenu l'ami, le confident, saura lui désigner le cap à suivre ...
Pierre Mac Orlan nous offre, avec "l'ancre de miséricorde", un magnifique roman d'aventure, chargé de mots comme un galion espagnol peut l'être de riches doublons et de précieux ducats.
Mac Orlan excelle dans les peintures de personnages, de paysages.
Avec ce roman, nous emportant sur ses pavés que le brouillard de la nuit rend plus glissant que des écailles de poisson, il peint avec justesse le Brest de cette fin du XVIIIème siècle.
Il trace l'esquisse de personnages qui prennent vie, qui meurent, qui paraissent authentiques.
Le récit est poignant.
Il prend de l'épaisseur tout au long de son développement pour atteindre un puissant épilogue, presque inattendu.
Pourtant ce livre est passionnant, non par son intrigue qui est assez classique, mais plutôt par son ambiance, ses décors, par les relations que tissent entre eux les acteurs de ce drame.
Pierre Mac Orlan avait des histoires plein sa besace.
Celle-ci est peut-être une des plus belles ....
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Il y a des livres dont on attend tellement que la déception est encore plus cuisante quand leur lecture ne tient pas ses promesses.

Pour moi, celle de "L'ancre de Miséricorde" aboutit hélas à une double déception : constater que le roman dont on se promettait aventures et action est d'une platitude désespérante, et devoir reconnaître qu'un éditeur qu'on apprécie particulièrement (Phébus / Libretto) est capable de laisser autant de coquilles dans son texte, sans compter l'absence d'astérisques renvoyant à un lexique argotique qu'on découvre... une fois la dernière page tournée !

Style désuet et rythme soporifique, même l'écriture agréable quoiqu'assez académique de Pierre Mac Orlan n'aura pu m'empêcher de me demander toutes les cinquante pages s'il était raisonnable que je poursuive ou que j'abandonne. Finalement, je serai allée au bout mais on ne m'y reprendra plus. Quand on a notamment vogué en compagnie des héros de Stevenson, c'est un peu difficile de digérer un "roman d'aventures" dont le centre de gravité est une boutique du vieux Brest, d'autant que côté suspense, on repassera aussi, plus prévisible me paraît difficile.

A réserver peut-être aux premières lectures de jeunes pirates en herbe.


Challenge Petit Bac 2017 - 2018
Challenge MULTI-DÉFIS 2018
Challenge 1914 - 1989 / Edition 2018
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Yves-Marie Morgat a seize ans et des rêves plein la tête – des rêves d'aventure, bien sûr, comme il sied à un garçon de son âge, des rêves plein de navires, d'horizons mystérieux, de belles indigènes et d'exploits valeureux. Trop de rêves en vérité, de l'avis de son père et du meilleur ami de celui-ci, le savant M. Burns, vieux loup des mers revenu de tout dont les récits hauts en couleur fascinent le jeune homme. Mais l'aventure se rit des sages conseils des gens murs ! Et un soir de l'année 1777, elle vient frapper à la porte d'Yves-Marie en la personne du bagnard Jean de la Sorgue. Celui-ci parvient à convaincre le gamin de son innocence et obtient son aide pour s'évader afin de se venger de celui qui a causé sa perte, le redoutable pirate « Petit-Radet » qui harcèle les côtes de la Bretagne depuis de nombreuses années.

Un peu déçue par la lecture de ce roman de piraterie… Au vu de la réputation de l'auteur, je m'attendais à davantage de plaisir, à quelque chose d'alerte, d'enlevé, digne du grand Stevenson. Mais le récit s'est révélé finalement assez plat, pauvre en actions et en moments de bravoure. J'avoue avoir deviné sans grande difficulté le fin mot de l'histoire – il n'y avait guère que le narrateur pour se tromper à l'écheveau de coïncidences qui conduisait à l'identification de Petit-Radet ! Côté style, l'utilisation de l'argot maritime apporte une truculence plaisante aux dialogues, mais la narration elle-même est assez vieillotte et ne m'a guère aidée à m'immerger dans le récit. le narrateur est un peu empoté, mais sympathique. Restent un portrait réussi et très bien renseigné du Brest du XVIIIe siècle, ainsi qu'un personnage de pirate assez mystérieux, même s'il est loin d'égaler l'inénarrable Long John Silver. Pas désagréable mais oubliable.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
La rue de Siam était toujours gaiement animée à son ordinaire. Il me semblait que ce spectacle était nouveau pour moi, et je le dégustais comme un gourmet depuis longtemps privé de ses mets de predilection.

Le vendredi, qui était jour de marché, le tableau qu'offrait la rue de Siam brillait d'une richesse de couleurs presque éblouissante. Toutes les paroisses des environs étalaient au soleil leurs plus beaux costumes. Les femmes de Ploaré rutilaient comme des chasses promenées sous le soleil. La diversité des broderies qui ornaient les gilets, les chupens, comme on dit chez nous, enchantait les yeux. Parfois une Léonarde apparaissait dans la foule avec son long châle dont la pointe lui frôlait les tâlons. Mais le pays bigouden attirait la curiosité par ses coiffes en fonne de mitre, ses chupens et ses corsages ornés de somptueuses broderies couleur de pommes d'orange et d'or fin. Je reconnaissais de loin les chupens bleu d'azur du « glazik », les bragou-braz plissés et les hautes guêtres de laine galonnées. Tous les hommes tenaient à la main leur pen-bas.
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Mon père regarda à son tour l'image peinte par Nicolas de Bricheny. Il s'arrêta avant d'entrer et me mit la main sur l'épaule :

— Et pourquoi, Yves-Marie? Pourquoi nous faudrait-il changer ce titre ? L'homme qui est venu chez nous a jeté sa dernière ancre au seuil de ce qu'il pensait être son dernier abri. L'ancre de miséricorde a cédé à la tempête. Celui que nous avons connu ne ressemblait en rien à la pauvre charogne que tu as vue se balancer au bout d'une corde. Il faut lui laisser son ancre de sauvetage, Yves-Marie. Nous n'avons pas le droit de le priver de cette dernière chance.

C'est ainsi que l’Ancre de Miséricorde resta accrochée au-dessus de notre porte.
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- [...] Il paraîtrait qu'une frégate est parée pour lui donner la chasse. On le dit... Mais je ne l'affirmerais pas la tête dans le nœud coulant.
- Cela s'explique, fit Mr. Burns. L'imagination des gens d'ici est nourrie des exploits de ce gentilhomme de fortune. Croyez-en un vieux navigateur : la force de ces hommes maudits réside surtout dans la terreur qu'ils inspirent.
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[...] ... Je n'étais pas très éloigné de L'Ancre de Miséricorde [la boutique où M. Morgat vend des instruments de marine] lorsqu'un bruit timide de pas étouffés se révéla dans une ruelle toute proche. Par opportunité, la lune entra dans une masse de nuages sombres et l'obscurité devint épaisse. Je pus me glisser et m'accroupir derrière la borne d'une porte charretière. Mon mouvement me montra la qualité de mon instinct. Un gros homme, armé d'un pen-baz [= un gourdin, en breton], passa devant moi. Je ne pus distinguer ni son visage, ni la couleur et la forme de ses vêtements.

Quand il eut dépassé la porte, je sortis tout doucement de ma cachette. L'homme avait dû s'arrêter, car je n'entendais plus rien. Je penchai un peu la tête et je vis l'énorme promeneur en contemplation devant la façade de L'Ancre de Miséricorde. Il regardait en l'air dans la direction de la fenêtre de ma chambre. Cela me donna beaucoup à penser. De toute évidence, le bonhomme s'intéressait à ma personne. Et ce fait n'était point pour me rassurer. Le promeneur nocturne prit tout son temps pour juger. Il ne gardait aucune précaution pour ne point se faire voir et continua sa route vers le quai en chantonnant. J'eus l'impression qu'il adressait la parole à une autre personne. Tout cela se passait trop loin de mes yeux et de mes oreilles pour que je puisse voir et entendre.

Un peu déconcerté, je me dirigeai vers Kéravel. Des matelots ivres se battaient devant la porte d'un estaminet dont le patron armé d'une lardoire se découpait sur le fond lumineux de sa porte ouverte. Derrière les combattants, une bande de filles piaillantes réclamaient la garde. Les matelots se battaient consciencieusement, avec des "han" de boulangers pétrissant la pâte. ... [...]
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[...] ... Encore une fois, je posai le pied sur le pavé de la rue de Siam que le brouillard de la nuit rendait plus glissant que des écailles de poisson. Le veilleur de nuit venait de passer et j'entendais encore au loin sa mélancolique plainte solennelle de vieux hibou. Il pouvait être onze heures. La rue était endormie.

Un peu de lumière sourdait entre les volets du Brûlot Fournier [café très en vogue de la rue de Siam]. J'imaginais Mme et M. Poder [les propriétaires du café] comptant leurs écus dans la caisse décorée d'une plante exotique. Je sentais sur mes reins mon couteau dans son étui de cuir. Ce contact me donnait une grande confiance dans mes forces. Je respirais l'odeur grasse de la rue comme un conquérant. Mes poumons s'emplissaient d'un air de qualité martiale. Je commençais, à mon insu, à m'habituer aux aspects toujours mystérieux de la lune dont la lumière lugubre projetait sur les murs et la chaussée des ombres extravagantes.

J'allais doucement le long des murs et, tous les dix pas, je m'arrêtais afin de prêter l'oreille aux bruits. Il me sembla bien entendre comme une faible rumeur dont je ne pouvais préciser ni la distance, ni l'emplacement. Il en était dans la nuit des voix comme des lumières. Je les croyais près de moi quand, au contraire, elles étaient encore loin. ... [...]
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Vidéo de Pierre Mac Orlan
https://www.editions-harmattan.fr/livre-la_butte_3d_montmartre_hier_aujourd_hui_et_peut_etre_demain_georges_millot-9782343246260-71631.html
Sur la butte Montmartre, il s'est passé bien des événements. La Commune de Paris y a débuté. Plus tard, les affranchis s'y sont installés, dans le sillage d'Aristide Bruant. Aujourd'hui, elle bourdonne de touristes et... de pickpockets. Et demain, que deviendra ce confetti, si le monde survit et change ? Sur la butte Montmartre, du temps de la Commune, se sont croisés des personnages historiques luttant pour une société meilleure : Louise Michel, Jules Vallès, Théo et Marie Ferré... de nos jours, les petits-enfants des écrivains Pierre Mac Orlan, Albert Simonin ou Marcel Aymé célèbrent la beauté germant du quotidien interlope. Dans un monde futur, quel beau décor pour concevoir l'union de l'idéal et du bonheur ! de tous les coins du monde on vient sur la Butte, admirer Paris à ses pieds. Il ne faut pas oublier de tourner son regard vers l'intérieur de ce volcan, éteint seulement en apparence, dans les ruelles duquel se fondent les différences de genres, de milieux et d'époques.
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