— Vous exercez un sacré métier.
— Vous trouvez ?
— Mais oui. Vous vivez en plein roman policier !
Le légendaire bois d’Amour avait joué un rôle important pour les artistes de la fin du XIXe siècle, on le reconnaissait sur de nombreuses peintures.
Quand plus de deux personnes sont dans la confidence, tout le monde finit forcément par l’apprendre.
L’ancien et le nouveau étaient savamment combinés dans un camaïeu de couleurs typiques de la Bretagne, un bleu profond, un vert clair, un blanc éclatant – les nuances de l’Atlantique.
Il était déjà huit heures trente mais le jour ne semblait pas encore levé. Le ciel était d’un noir d’encre, de monstrueux nuages anthracite filaient au ras de la mer.
Enfin, ils prirent place sous un tilleul magnifique, à proximité de la roue du moulin. En heurtant les pierres, l’eau produisait un clapotis charmant. Dupin ne connaissait pas l’histoire des nombreux moulins de Pont-Aven. C’étaient ceux- ci, en effet, bien avant la venue des artistes, qui avaient fait la célébrité du village.
Oui, c’était la peur, bien plus que l’amour, qui liait ces gens à la mer. Chacun, ici, connaissait une personne ayant perdu un proche en mer, parfois c’étaient plusieurs vies qui étaient avalées d’un coup.
Il était convaincu du fait que rien ne révélait plus clairement les rouages secrets d’une personnalité que la manière dont étaient organisées ses journées, et que c’était en observant sa manière de vivre qu’on commençait réellement à comprendre quelqu’un.
Trois, quatre générations en terre bretonne n’empêcheraient pas ses arrière-petits-enfants de se voir secrètement taxer de « Parisiens ».
(...) sept mille sept cent soixante-dix saints que l’on honorait encore de nos jours de manière plus ou moins solennelle. Chaque pépin, chaque bobo, si insignifiant soit-il, avait son saint.