Betty Mahmoody a traversé une histoire tristement vécue par bien d'autres femmes avant elle : elle épousa en Occident un homme charmant pour se retrouver finalement avec un tyran dans son pays d'origine, qui l'enferme dans des structures moyenâgeuses avant qu'elle ne parvienne à s'échapper avec sa fille.
Ce qui me dérange avec ce livre, surtout avec quelques années de recul il faut bien le dire, c'est le battage médiatique énorme qui lui fut procuré à sa sortie, en 1988, alors que, je me répète, ce récit n'a finalement rien d'extraordinaire (et est toujours vécu douloureusement par des centaines de femmes de nos jours) et que sa qualité littéraire n'a rien de particulièrement marquant, en tout cas n'avait pas de quoi justifier une nomination au prix Pulitzer à l'époque. Mais les choses s'éclairent-elles sans doute lorsque l'on précise que Betty Mahmoody est étasunienne et son mari iranien et ce à une époque où les relations entre ces deux pays étaient au plus bas. A n'en point douter les Etats-Unis déployèrent donc la grosse artillerie pour mettre ce témoignage en avant...
Seconde chose qui me dérange et qui a je pense été mise en avant par d'autres est l'extrême manichéisme du livre, les iraniens y étant vraiment présentés comme des sauvages. J'étais bien plus jeune lorsque je l'ai lu mais déjà à l'époque j'avais eu l'impression que Mahmoody en faisait un peu trop sur ce registre.
Dernière observation avec le recul: j'ai le sentiment que la sortie de ce livre coïncida avec la fin des illusions et de l'idéalisme des années 60 (et début des années 70) alors que la jeunesse croyait en la communion entre les peuples, en dépit des différences culturelles et religieuses. Que l'auteure l'ait voulu ou non son livre accompagne un changement de perspective fait de repli sur soi et de communautarisation à tout va...
Commenter  J’apprécie         140