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Critique de lanard


Ce pamphlet s'acharne à déboulonner la statue du mythe de l'entreprise telle qu'elle fut érigée dans les années 1980 durant lesquelles l'Amérique de Reagan, l'Angleterre de Thatcher et la France de Mitterrand l'ont célébrée pour conjurer les caprices d'une économie mondiale capable de créer de la richesse avec une efficacité qui n'avait d'égal que son efficacité à créer de la pauvreté.
Le titre suggère une critique du travail que l'on est tenté de rapprocher du "Droit à la paresse" de Paul Lafargue. Il n'en est rien. La paresse, telle que la conçoit Corinne Maier n'est pas ici un droit, mais une arme; celle qui devrait terrasser cette institution à l'agonie (selon l'auteur) qu'est l'entreprise. Elle encourage le lecteur, avec des arguments convaincants, à ne pas s'investir dans son travail. Particulièrement s'il ne se rend à celui-ci quotidiennement pour le seul motif extrinsèque de recevoir un salaire ; particulièrement quand le travail en question lui donne à faire des tâches absurdes, ingrates, inutiles, improductives, absconses et uniquement justifiées par une insupportable langue de bois managériale. Ce pamphlet de 2002 anticipe les imprécations de l'anthropologue David Graeber contre les « bullshit jobs » en 2013 ( http://strikemag.org/bullshit-jobs/ ).
Toutefois, bien qu'elle fut employée par EDF (à moins que ceci explique cela), l'auteur de « Bonjour paresse », ne semble pas voir que les réalités qu'elle décrit sévissent aussi dans les administrations publiques. Si l'entreprise doit disparaître (car tel est le pari de l'auteur) rongée par l'idéologie managériale, il semble que ce sera aussi le sort des structures étatiques. le mal sévit tout autant dans le secteur public que dans le secteur privé. le vocabulaire et les stratégies du management sont entrés dans les services public dont les cadres sont formés à la dynamique de groupes et toutes les techniques de communications dont les entreprises furent abreuvées depuis de nombreuses années.
Si l'idéologie de l'entreprise contamine à ce point la logique des administrations, cela procède probablement d'un mouvement profond qui ne serait pas celui de la fin des entreprises mais plutôt, bien au contraire, le phagocytage des administrations par les entreprises. L'entreprise, loin de disparaître, pourrait être une nouvelle forme d'administration. D'ailleurs, lorsque sa taille augmente, l'entreprise ressemble de plus en plus, dans son fonctionnement général, à une administration s'octroyant tout son luxe de lourdeurs coûteuses à l'efficacité douteuse.
Un des maximes les plus sûres de la politique s'écrit avec l'apologue de la fable ; « La raison du plus fort est toujours la meilleure ». Là, il faut entendre la force dans son acception la plus brute ; la capacité de violence physique. Jusqu'à quand les États garderont-ils le monopole de la « violence légitime » selon Max Weber ? C'est là question que ne soulève pas ce livre qu'autrement on pourrait trouver amusant.
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