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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Charif Majdalani signe un roman ambitieux qui oscille entre enquête géopolitique, réflexion historiographique et hommage au "Beau". L'auteur libanais situe son récit en Irak, non loin des terres bientôt gagnées par Daech, alors en pleine expansion. L'attente, le soleil brûlant et les arbres apaisés à peine agités par la brise nocturne font naître chez le narrateur une certaine indolence. Cette atonie lui laisse le temps d'élaborer les hypothèses les plus folles quant à l'identité de son hôte, vendeur de pièces antiques dont l'origine questionne le héros... (plus d'infos : https://pamolico.wordpress.com/2021/09/05/derniere-oasis-charif-majdalani/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Entropie : tel est le mot-clé de Dernière oasis, le roman du libanais Charif Majdalani, dont les livres ne déçoivent jamais, de par leur érudition, leur style et leur lucidité. L'intrigue prend place en 2014, en Irak, et implique militaires, forces kurdes et de l'État islamique autour du héros, un expert en antiquités orientales, toujours à la limite de la légalité. La situation est explosive mais avant que l'action ne prenne le dessus, Majdalani prend le temps de la contemplation dans cette oasis hors du temps, sorte de dernier refuge d'un paradis perdu, proche des lieux considérés comme le berceau de l'Humanité. Autour de bas-reliefs assyriens, autre symbole d'une lointaine époque, l'action va alors s'accélérer dans le tumulte et le chaos des combats. L'auteur rend passionnant le contexte géopolitique mais va plus loin en s'interrogeant sur la marche de l'Histoire, bien plus chaotique et cahoteuse que ne le prétendent les manuels, fruit du hasard, des nécessités et, pour une grande part, de l'incompétence des "grands" dirigeants successifs de la planète. C'est tout ce qui fait le prix de Dernière oasis, cette alliance subtile de l'aventure et de la réflexion dans un ouvrage qui alterne avec bonheur temps en suspension et précipitation des événements, marquant le désordre du monde et la progression inéluctable et entropique de l'Humanité.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Nous sommes entre le printemps et l'été 2014 dans le Nord de l'Irak. le narrateur est un spécialiste d'oeuvres archéologiques orientales qui ne recule pas devant le trafic d'art. Invité dans une oasis par un charismatique général Ghadban qui tient provisoirement une position liminaire au nom de l'armée irakienne mais en réalité sur la base des allégeances tribales liées à son propre territoire ancestral entre les forces kurdes et les djihadistes de l'État islamique, il doit expertiser et exfiltrer un trésor d'une valeur inestimable. Parallèlement à ce travail illicite et dangereux, et lors de cavalcades au galop entre le désert et les villages chrétiens alentour, il tombe amoureux de Chirine, la remarquable fille de Ghadban. Lorsque Mossoul est conquise par Daech, que le général tombe victime d'un attentat et que le trésor disparaît, le récit se transforme en roman d'aventure, dans lequel le héros et, pendant un court temps, la jeune fille, évoluent dans la zone de guerre à moto, s'interrogeant à la fois sur l'identité des meurtriers de l'homme et sur le devenir du trésor archéologique. Des théorèmes complexes sont échafaudés concernant les éventuels doubles-jeux des uns et des autres belligérants vis-à-vis de Daech, et au-delà eux, sur les possibles responsabilités et trahisons des Américains, des Turcs, des Russes, des Iraniens, dans le cadre de la guerre irakienne. le narrateur refuse les grandes théories complotistes tout en prônant une interprétation des faits historiques fondée sur les hasards, les mauvais calculs, les décisions basées sur des données insuffisantes ou erronées ; pourtant, il est pris au même piège qu'il dénonce, et se voit contraint de modifier plusieurs fois ses conclusions, ce qui n'est pas sans influencer ses affects envers les différents personnages qu'il a rencontrés.
Par-delà l'impression d'une recherche fouillée sur certains aspects assez méconnus et/ou controversés de la guerre en Irak, par-delà le côté aventureux de la contrebande internationale d'oeuvres d'art et des relations sentimentales, ce roman offre de splendides descriptions de paysages et de situations de la guerre moderne, ainsi que de belles réflexions sur L Histoire conçue comme phénomène d'entropie causée par la fureur humaine.
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Je suis une fidèle de Charif Majdalani, auteur libanais qui écrit en français et qui axe souvent ses romans sur la société ou l'histoire de son pays

Un registre différent peut étonner avec cette dernière parution : La situation explosive de l'ensemble du Moyen Orient et les conflits contre l'Etat Islamique font le socle de ce roman réfléchi et souvent passionnant, pétri de théories géopolitiques, incitant à une réflexion sur nos modes de gouvernance, entre démocratie et politiques extrémistes,

L'ambiance décalée du roman, écrit à la première personne, est portée par un personnage principal dans un « entre deux mondes » face à l'immobilité du désert, comme en attente d'une violence annoncée. On s'immerge dans la mentalité irakienne, entre clanisme et corruption, avec en creux le trafic d'oeuvres d'Art finançant la lutte de tous les partis.

Je ressors dubitatif de cette lecture, noyée dans le décor géographique que l'auteur décrit à satiété, mais impressionnée par la clairvoyance de nombreuses analyses.
De longs passages alourdissent néanmoins la lecture, par la nonchalance de l'action et l'envolée des introspections.

C'est un roman qui n'en est presque pas un et qui se mérite, même si le fil rouge de la disparition de trésors artistiques tient en haleine à l'instar d'un roman policier.
Il est vraisemblable que Charif Majdalani a hésité entre style romanesque et essai pour évoquer la géopolitique du Moyen Orient. le roman est accessible au plus grand nombre mais ce ne fut pas une lecture coup de coeur
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Venu du Liban, un roman sur l'histoire contemporaine : attaques de l'EI en Irak et fuite des chrétiens syriaques vivant dans une zone désertique entre Kurdistan et Syrie, au milieu des tribus bédouines, sur fond de trafic d'oeuvres archéologiques. Un point de vue intéressant qui se lit vite (mais nécessite quelques connaissances) et une description superbe de l'oasis mais je n'ai pas réussi à m'enthousiasmer complètement : je trouve gênant de lire une fiction sur un thème aussi brûlant d'actualité et le discours sur le monde et les hommes trop désenchanté pour moi, surtout porté par ce personnage peu recommandable.
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Ce roman raconte la courte, mais intense, aventure d'un spécialiste de l'art oriental, égaré pour quelques mois, dans une oasis en Irak au profit d'un général de l'armée, qui souhaite par son entremise, vendre un trésor archéologique.
Il y a quelque chose du rivage des Syrtes, dans la première partie du roman, avec une longue attente, plutôt langoureuse, d'une transaction qui se fait à l'orientale, c'est-à-dire, avec lenteur, avec précaution, avec beaucoup de non-dits. le narrateur s'est fait prendre au charme de la fille du général, mais leur relation reste platonique, malgré une certaine complicité implicite. Au loin, se profile une menace, celle de Daesh, un état islamique qui grandit et qui menace la paix dans toute la région. le général est perçu comme le dernier rempart de l'armée irakienne, mais tout bascule à la moitié du roman, quand celui-ci meurt, Dans un attentat. le trésor a disparu, le commanditaire est mort, et le narrateur va tenter de démêler les fils de ce mystère. La seconde moitié du roman est donc un polar, une longue enquête, quelques années, après les faits, qui tente de reconstituer la trame des évènements.
L'ambiance de l'oasis avant, et après l'attentat, le fait que le narrateur se retrouve en quelque sorte étranger dans ce pays, puisqu'il est libanais, et que cette région d'Irak est une mosaïque de peuples et de cultures, des nomades, des sédentaires chrétiens des sédentaires chammars, des kurdes d'un peu plus loin et cette étrange mosaïque comme un équilibre instable, qui peut se briser d'un instant à l'autre avec l'arrivée des forces de l'EI. C'est ce calme avant la tempête qui fait tout le charme de ce roman. le charme du roman est malgré tout un peu gâché par le côté narcissique du narrateur, qui semble plus tourné vers lui-même, que vers la découverte de ce pays étranger, de ses habitants, de ces moeurs, la deuxième partie du roman est plus intéressante parce que justement à travers cette enquête, le narrateur sort de ce narcissisme et s'intéresse davantage au monde qui l'entoure qu'il tente décrypter c'est ce qui rend la deuxième partie de l'intrigue beaucoup plus Intéressante.
En conclusion le roman est réussi, atypique, avec le mérite de nous faire comprendre cet équilibre fragile entre les peuples dans une région où les communautés se côtoient, sans vraiment se comprendre, dans une région désertique, qui garde les traces de sa splendeur d'autrefois. le narrateur Se prend de temps en temps à évoquer les indices qui montre que ces terres furent autrefois fertile, et qu'il y a eu une sorte d'effondrement agricole. L'effondrement, il est au coeur du thème de ce roman puisque on parle de l'effondrement de l'armée Irakienne devant l'état islamique, l'effondrement de la force qui est censé représenter et soutenir un état et qui en fait n'est qu'un chateau de Paille. Ce qui ressort également à travers l'enquête, c'est la multiplicité des des alliances plus ou moins occultes, des trahisons plus ou moins abouties, des mensonges, à demi révélés. Et curieusement, bien qu'il s'agisse d'une histoire d'effondrement, c'est aussi une histoire finalement assez paisible qui commence, et qui se termine dans la paix d'un domaine de campagne, l'un en Irak, l'autre au Liban, et dans la douceur, finalement des relations humaines que le narrateur aura su établir. il y a quelque chose d'inachevé dans ce roman, parce qu'il reste sans cesse entre deux genres, parce qu'il évoque la contrebande au sein du marché de l'art, mais qui évoque aussi la vie d'un homme qui se passionne pour cet art qui essaye d'en retrouver la trace, et qui, en même temps, un bon moment à failli se compromettre à se faire lui-même trafiquant d'art. C'est aussi l'histoire d'un tournant dans une vie, puisque la mort du général a interrompu une transaction qui aurait pu amener le narrateur du côté obscur. Et finalement il s'est retenu de basculer, il s'est ressaisi, il a repris le cours de sa vie. C'est donc aussi un roman sur l'inluence, des rencontres que l'on peut faire, sur l'aura des grands hommes, Sur la trace, parfois dérisoire qu'ils vont laisser dans l'histoire, alors qu'ils auraient pu se trouver à créer un tournant de l'histoire. C'est probablement un des passages les plus saisissant du roman, quand le narrateur évoque comment tout aurait pu se passer différemment, si le général avait survécu, S'il avait réussi, par le charisme, qu'il avait envers ses hommes, à empêcher l'effondrement de l'Irak et l'invasion par l'état islamique. Que de morts que de souffrance auraient pu être évitées, mais il en fut pas ainsi. Et c'est intéressant de voir à travers cette narration , comment tout peut basculer comment parfois l'effondrement ne tient qu'à un fil.
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