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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La musique d'une vie c'est cette part d'humanité que nous perdons à certains moments mais qui nous habite tous. Alexeï Berg verra sa vie basculer à la veille de son concert comme tant d'autres russes. Il fuira pour éviter le camp d'internement et se retrouvera pris dans la tourmente de la guerre.
Notre héros vivra une vie solitaire, mais sera toujours habité par sa musique. Son histoire est aussi celle du peuple russe dont la destinée s'est retrouvée mélée de façon irrémédiable à la révolution et à la guerre. Tout au long de sa vie Alexeï fera preuve d'humanité et de compassion, il restera en harmonie avec lui-même. Et si la vie est une partition alors il a joué la sienne en sourdine, discrètement, dans l'anonymat mais avec maestria face à l'adversité.
Un récit grave traité sans pathos avec une grande sobriété, qui dégage une grande impression de solitude. Un excellent roman d'Andreî Makine dont j'admire le style et le talent de conteur. Comme vous l'avez deviné c'est une lecture que je conseille. Avec une superbe phrase qui résume bien ce roman :
"La nuit à travers laquelle il avançait disait et ce mal, et cette peur, et l'irrémédiable brisure du passé mais tout cela était déjà devenu musique et n'existait que par sa beauté." (p. 122)
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Une gare perdue au coeur de la tempête. Dans l'immensité blanche de l'Oural, des voyageurs transis attendent un train qui ne vient pas.

Au coeur de la nuit, le narrateur fait la connaissance d'un vieux pianiste. Une rencontre qui remonte à un quart de siècle. Cette année-là, le philosophe Alexandre Zinoviev, réfugié à Munich, proposa une définition de cet « homme nouveau », façonné par plusieurs décennies de totalitarisme communiste. Une définition en forme de locution latine qui connut un succès fulgurant, avant de tomber en désuétude : « l'Homo sovieticus ».

« Et cette gare assiégée par la tempête n'est rien d'autre que le résumé de l'histoire du pays. de sa nature profonde. Ces espaces qui rendent absurde toute tentative d'agir. La surabondance d'espace qui engloutit le temps, qui égalise tous les délais, toutes les durées, tous les projets. Demain signifie « un jour, peut-être », le jour où l'espace, les neiges, le destin le permettront. le fatalisme... »

Le train arrive enfin. C'est la ruée. le narrateur et le vieux musicien prennent place dans une voiture de troisième classe. Au cours de l'interminable voyage qui les conduit à Moscou, le dénommé Alexeï Berg remonte le fil de sa vie. La vie d'un homme foudroyé par la fureur de l'Histoire.

1941. Alexeï Berg doit donner son premier concert à Moscou dans deux jours. Il répète sans relâche, sent monter la tension, et songe aux mots de sa mère qui lui parlait « de ces jeunes comédiennes qui affirmaient ne jamais avoir le trac et à qui Sarah Bernhardt promettait avec une indulgence ironique : « Attendez un peu, ça viendra avec le talent... » ».

Il ne le sait pas encore mais le jeune musicien vit ses derniers instants d'insouciance. La menace d'une disparition dans les geôles staliniennes rôde depuis plusieurs années. Par une étrange ironie du destin, c'est à la veille de l'accomplissement de sa vocation de pianiste, que ses parents « disparaissent », forçant Alexeï à la fuite. En fuyant le régime communiste, il va heurter de plein fouet un autre totalitarisme, le régime nazi, qui vient d'envahir la Russie, et prendre part, malgré lui, à la seconde guerre mondiale.

« La musique d'une vie » s'inscrit dans le sillon que creuse inlassablement Andreï Makine, celui de la rencontre entre l'histoire d'un homme et l'Histoire avec un grand H. La destinée fracassée du héros évoque en creux une autre destinée. Celle d'un musicien en sueur qui vient de finir son concert et entend à peine les applaudissements nourris d'une bourgeoisie moscovite tombée sous le charme d'un jeune pianiste. Cette autre vie, la vie qui attendait Alexeï Berg, le roman ne la narre jamais. Et pourtant. Elle ne cesse de hanter l'imaginaire du lecteur et souligne toute l'absurdité d'une vie ballotée au gré des vents mauvais de l'Histoire.

« La musique d'une vie » est le récit d'une résilience stupéfiante, celle d'un homme qui fait face. Face à la menace du goulag qui le poursuit inlassablement. Face à la violence inouïe de la seconde guerre. Face aux blessures. Face à l'Histoire.

Le récit du vieux musicien frappe par une forme de détachement fataliste. Alexeï n'exprime aucune d'amertume, et ne prononce jamais la phrase qui ponctue le dernier prix Goncourt : « Et si ... ». le héros ne se pose pas en victime et compose avec le jeu de cartes maudit que la destinée lui a remis. Jamais, il ne renoncera à ce don que la vie lui a donné, un don qui est tout à la fois une chance et une malédiction : son amour indéfectible pour la musique.

« Il ne portait plus aucun mal en lui. Pas de crainte de ce qui allait arriver. Pas d'angoisse ou de remords. La nuit à travers laquelle il avançait disait et ce mal, et cette peur, et l'irrémédiable brisure du passé mais tout cela était déjà devenu musique et n'existait que par sa beauté ».

L'odyssée de son héros permet à Andreï Makine de nous proposer sa propre définition de « l'Homo sovieticus ». A rebours du sens premier de la locution latine, qui désignait l'objectif de création d'un homme nouveau par le réalisme socialiste, le roman tente ainsi de saisir l'insaisissable, de cerner l'âme intemporelle du peuple russe, ce mélange improbable d'obstination, de résilience et de fatalisme.
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Ce petit livre par la taille est un condensé d'émotions qui nous bouleversent. le narrateur nous rapporte les propos d'Alexei Berg qui lui raconte ce qui lui est arrivé durant la guerre. Ses parents ont été déportés et lui va être contraint de fuir et de se cacher , il prendra une fausse identité, celle d'un soldat mort et devra taire qui il est vraiment pour survivre. le jour de sa fuite est le jour où il devait donner son premier concert. L'histoire d'Alexei Berg est déchirante, on le voit se perdre jusqu'au point où il ne sait plus vraiment qui il est.
Ce livre se raconte difficilement, il doit se lire car la sensibilité qui en émane doit être ressentie pour qu'elle prenne toute son ampleur. L'écriture est belle, précise, chaque mot a son importance et nous emporte. Ce n'est pas une lecture divertissante mais c'est une lecture riche en émotions et en beauté.
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Prélude.
(Pesante. Mesto)
Une petite gare isolée dans la steppe et ses voyageurs immobiles, résignés. Neige et fatalisme. L'homo sovieticus tel qu'en lui-même, appesanti par l'absurdité de la vie et engourdi par le froid. Hiver russe.

(Pizzicato)
Un cagibi d'où s'échappent quelques notes, une brève poursuite. Une silhouette entrevue, un vieux piano. (Lento) . Des larmes.

Place au soliste.

Premier mouvement.
(Adagio.) Remontée lente des souvenirs. (Allegro ma non troppo) Jours tranquilles à Moscou. L'intelligentsia, la belle voiture, la musique. L'avenir plein de promesses et de succès.

Deuxième mouvement
(Pesante. Mesto) Menace, inquiétude. Visite de la police secrète. Ombres du goulag.
(Crescendo) Fuite. Claustration volontaire. (Andante) Échappatoire opportuniste : la guerre. Déguisement. Usurpation. (Appassionato ma non troppo) Brèves rencontres, femmes de passage, odeurs d'iode. (Tenuto) Errance et discrétion.

Troisième mouvement
(Tranquillo. Sotto voce). La planque. L'anonymat du subalterne. Moscou mais sans les feux de la rampe, juste ceux d'une voiture de général. La casquette de chauffeur.(Allegro vivace) La musique ensommeillée doucement se réveille. le coeur endormi aussi. Danger. (Staccato. Pesante.) Faire la brute. Doigts maladroits sur le clavier. (Lento) Humiliation.

Quatrième mouvement.
(Appassionato. Slancio. Con fuoco.)
Le temps fort du concert. Tout donner. Tout retrouver : la fougue, le talent, l'honneur.

Tout perdre aussi.

Finale
(Diminuendo. Morendo.) Retour de l'enfer blanc. Homo sovieticus routinier, résigné. La musique encore, mais par d'autres. Place au jeune virtuose.

Rideau.
Bravo(s.)
Bravissimo!!







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Un admirable conte russe aux résonances profondes.

Pour échapper à l'emprisonnement, Alexeï Berg doit renoncer à un dernier moment avec ses parents, à la musique, à son identité. Il va découvrir l'atrocité de la guerre et l'illusion de l'amour.

Car sa vie, bouleversée par les purges staliniennes, Alexeï la jette sur les champs de bataille fuyant un danger moins mortel. Une absurdité, un fatalisme qui sont ceux que l'on prête au peuple russe, ignorant leur résistance intérieure, pressés que nous sommes de les juger à notre aune.
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Un jeune homme, peut-être à l'orée d'une carrière de pianiste, s'enfuit de Moscou en 1941, pour échapper au KGB (ou ce qui en tenait lieu cette année-là) après que ses parents aient été arrêtés.
Il prend les papiers d'un tué, soldat russe au milieu d'autres cadavres, se fait passer pour lui et la guerre finie, reste le chauffeur d'un général. Il vit mécaniquement sa nouvelle identité, ayant enfoui au plus secret de sa mémoire, ses souvenirs, ses parents, la musique.
Mais est-ce encore être libre que de ne plus pouvoir être soi ? Quand l'amour apparaît, la mécanique s'enraye. Et la musique trahit. Et tranche dans le faux-semblant.
La musique d'une vie russe, absurde et douloureuse, mais la musique pourtant.
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Une gare au fin fond de la Russie orientale, la neige omniprésente, et des passagers qui espèrent un train ... Ils sont là entassés, impassibles, stoÎques, résignés, fatalistes en somme. dignes représentants de l'Homo sovieticus comme les désigne Alexandre Zinoviev...
Le narrateur attend lui aussi. La nuit sera longue mais aussi l'occasion d'une rencontre improbable et inoubliable avec Berg ,pianiste de formation et de coeur, qui lui raconte la musique de sa vie ..
Devant nos yeux défilent quarante ans de régime soviétique, de la dictature stalinienne à cette rencontre inopinée dans un train direction Moscou en passant par la seconde guerre mondiale.
L'écriture de Makine est d'une élégance rare, aucune phrase superflue. Impressionnant ...
Publié en 2001, ce roman a reçu le Grand prix RTL.Lire .
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J'ai tourné la dernière page de ce très beau roman depuis plusieurs jours et sa petite musique me poursuit encore, elle m'accompagne.

Les critiques précédentes ont déjà tout exprimé sur cette histoire belle et triste, simple et forte, pleine de subtilité, mais j'ai quand même envie de vous dire : Lisez-le ! Je crois bien qu'il contient un peu de l'âme russe.

Dans un train qui le mène à Moscou, le narrateur recueille le récit d'un vieil homme, un musicien promis à une belle carrière qui verra son destin broyé, emporté dans la tourmente de l'histoire au moment de la grande terreur stalinienne.

« Homo sovieticus » c'est l'expression qui désigne la résignation des russes sous le joug du totalitarisme, leur fatalisme et leur endurance face au malheur, à l'injustice et à l'absurdité, qu'il s'agisse des arrestations sommaires comme des horaires très fantaisistes des trains.
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Dans un train le menant à Moscou, le pianiste Alexei Berg ,raconte sa vie au narrateur. Et un concert raté en 1941, qui va changer toute sa vie. Quel bonheur de lire Makine, cette exigence dans l'écriture, ce sens raffiné pour nous faire ressentir l'âme russe. La musique d'une vie n'est pas seulement dans le titre mais elle transpire dans chaque page et Makine manipule les mots comme un pianiste effleure les touches de son piano,avec sensibilité et facilité. Grand livre d'un grand écrivain.
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La Musique d'une vie d'Andreï Makine ( Editions du Seuil - 127 Pages)

127 Pages d'une vie qui passe comme une mélodie bien triste. Une vie brisée par la dictature de Staline.

Le roman démarre dans un hall de gare d'une ville d'Oural.

Un homme attend un train pour Moscou qui a des heures de retard.

Il observe les formes allongés qui dorment et attendent.

Je suis certaine que vous aussi dans l'attente d'un train, d'un métro etc... vous observez autour de vous les gens.

J'aime imaginer leurs vies, leurs professions ...

Le roman repart en arrière dans la jeunesse d'Alexis est raconte avec talent et douceur...

Pas de haine, pas de révolte mais une vie sans espoir. C'est beau car Makine est grand écrivain.

Mireine
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