AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,93

sur 181 notes
5
16 avis
4
17 avis
3
8 avis
2
2 avis
1
0 avis
Le livre des brèves amours éternelles/Andréi Makine
On ne présente plus Andréi Makine, ce grand écrivain russe de langue française.
Né en Sibérie il a obtenu le prix Goncourt et la prix Médicis avec « le testament français » (que j'ai commenté).
C'est toujours avec le même style élégant traduisant une grande sensibilité que Makine va nous conter au travers de la vie de son héros, Dmitri Ress, de belles histoires d'amour tout en nous décrivant la déréliction liée au léninisme puis au stalinisme.
L'histoire dans l'Histoire se déroule au cours des années 60-70. le jeune Dmitri, orphelin endoctriné, rêve lui aussi d'une Russie idyllique, « où tous les hommes deviendraient enfin dignes de leur nom, au sein d'une société fraternelle au mode de vie excluant la hargne et l'avidité, avec un projet qui fédérerait toutes les bonnes volontés, enchaînées pour le moment dans la petitesse de l'individualisme, le tout grâce à une doctrine éternellement vivante, créatrice et révolutionnaire… ». Utopie … !
Plus tard il deviendra un farouche dissident et vouera sa vie à la propagande antisoviétique avec les conséquences que l'on peut imaginer, multiples condamnations et souffrances qui ne feront que renforcer son insoumission.
Son premier amour, fugace, il le connaitra à l'âge de dix ans et la tourmente de l'Histoire va rapidement l'emporter vers d'autres rivages de l'amour avec la jeune Vika qui va lui ouvrir les yeux lui disant que « la seule vraie doctrine… c'est le fait de s'aimer ! » Prémonitoire puisqu'il reconnaitra plus tard que « le pays de notre jeunesse a sombré en emportant dans son naufrage tant de destins restés anonymes. »
Pour lui, être amoureux c'est « oublier sa vie précédente et n'exister que pour deviner la respiration de celle qu'on aime, le frémissement de ses cils, la douceur de son cou sous une écharpe grise. »
Ce furent ensuite les amours torrides avec Léonora à l'époque où le règne de Brejnev épandait une chape de plomb sur la société russe. Brejnev « ce vieux potentat qui présidait alors aux destinées d'un immense empire, régissant la vie de centaines de millions d'hommes… C'était une époque où le statut d'amoureux libres s'apparentait à celui de vagabonds, de voleurs, de contestataires. »
Sur fond de dictature communiste à travers les décennies jusqu'à l'effondrement du système à la fin du XXé siècle, Makine nous dépeint non seulement des rencontres souvent éphémères qui sont peut-être autobiographiques, mais aussi l'évolution de la société russe sans qu'il y ait de véritable changement : « Les régimes changent, restent inchangé le désir des hommes de posséder, d'écraser leurs semblables, de s'engourdir dans l'indifférence d'animaux bien nourris. »
« Notre erreur fatale est de chercher des paradis pérennes. »
Un très belle écriture toute en nuances et subtilités : « Plus encore que ce pointillé doux-amer de notre brève séparation, c'est la légèreté planante qui m'enivre, l'apesanteur d'une matinée de mai brumeuse, l'aquarelle transparente des premiers feuillages encore pâles. »
En définitive, au sein de ce désenchantement si bien décrit par Makine, les femmes demeurent l'ultime rempart contre la misère morale et l'asservissement, elles restent parées de tout leur mystère et leur beauté en dépit de la tristesse lancinante qui émane de ce récit. C'est ce que Vika voulait faire comprendre à Dmitri : une passion brève et intense et une jouissance, partagées ,elles resteront éternellement de douces réminiscences dans les pires moments de l'existence.
Commenter  J’apprécie          50
"Il l'aimait..comme on ne peut être aimé...qu'ailleurs que sur cette terre".
Dans ce roman d'amours platoniques (pour la plupart) concernant le narrateur ou un "ami d'ami d'ami" un certain Dmitri Ress dit "le Poète", Andreï Makine écrivain russe exilé (dont le testament français a reçu le Goncourt et le Médicis) nous conte des instants de bonheur lumineux dont la mémoire se souvient des dizaines d'années plus tard.
La force de ce roman, traité à la manière de nouvelles puisque chaque chapitre présente une histoire d'amour indépendante, vient du fait que ces moments éphémères sont captés sur le fond noir (d'où contraste entre le bien, le beau et le mal) du régime totalitaire russe.
L'auteur en profite d'ailleurs pour dénoncer "l'asservissement mental", "la toile d'araignée des barreaux", l'endoctrinement,les usines,le goulag...
Ces instants de bonheur et de pureté( "la beauté d'un visage aux paupières baissées", une transmission de pensées, un bouquet de perce-neige, un vieux couple empli de tendresse..) symboles du temps qui passe et referme sa boucle d'une simple phrase, s'appellent poésie! Bravo!
Commenter  J’apprécie          50
Très beau livre où l'auteur consacre de courts chapitres à des moments d'éternité qui ont jalonné sa vie, ceux où la pudeur et la force d'un sentiment amoureux, souvent non-dit, ont transfiguré des instants qui auraient pu rester banals. Rien de trivial dans ce livre, mais s'y révèlent la grâce, la sensibilité, l'aptitude à l'amour et à la douleur. Un pur joyau.
Commenter  J’apprécie          40
Une suite de nouvelles parfois un peu disparates, qui permet à l'auteur de raconter des histoires probablement personnelles ainsi que le déclin de l'Union Soviétique. Je retiens surtout cette discussion et cette marche dans un immense champ de pommiers, qui m'a visuellement marqué (ce qui est rare dans un livre).
Commenter  J’apprécie          30
Dimitri Ress se remémore sa jeunesse dans l'URSS de Brejnev, un régime totalitaire triste mais moins oppressant que l'époque stalinienne. Il comprend que dans cet univers triste et sans avenir, il convient d'accorder de l'importance aux moments de grâce fugaces, aux petits bonheurs éphémères, aux rencontres, aux femmes qu'il a connues. L'imaginaire, le rêve, la poésie a servi de résistance au régime totalitaire. L'homme a tendance a vouloir bâtir un bonheur durable, quelle erreur ! Il suffit de regarder autour de nous, les amours fugaces, les brèves rencontres prennent figure d'éternité.
Un roman sur le crépuscule de l'URSS et un hymne à l'amour et aux joies simples.
Commenter  J’apprécie          30
Roman (mais davantage recueil de nouvelles qui s'entremêlent), sur les déliquescence de l'idéologie soviétique, sur la remémoration d'instants troublants et poétiques. Passionnant bien sûr !
Commenter  J’apprécie          30
Un très joli roman, fait de chapitres courts où l'auteur se remémore de brefs instants qui ont marqué sa vie...Toujours un style très poétique.
Commenter  J’apprécie          30
Commençons par le début : quel titre ! Qui illustre à merveille, d'une part le contenu du livre et d'autre part, l'excellence de l'écriture de Andreï Makine.
Andreï Makine est un écrivain que j'aime beaucoup. Il manie la langue française comme peu d'écrivains savent le faire. Il aborde des thèmes universels : le bien, le mal, l'amour, les petits moments de bonheur. Ensuite, Andreï Makine déroule son histoire sur la joie toute simple que le jeune narrateur avait à aller retrouver une amie dans des lieux pauvres, isolés.
Lien : http://lyvres.over-blog.com/..
Commenter  J’apprécie          30
Un très beau roman, poétique et émouvant, pas le meilleur Makine toutefois.
Lien : http://madimado.com/2011/01/..
Commenter  J’apprécie          30
Huit chapitres, 7 amours...le plus souvent ceux de l'auteur, ou du moins du narrateur. Des histoires d'amour essaimées au long d'une vie, des premiers émois d'enfant puis d'adolescents, à celles d'une jeunesse enfermée dans les contraintes du communisme mais qui s'échappe - comme partout ailleurs dans le monde - dans les amours de vacances. Et puis il y a les amours regrettées car jamais assouvis, les amours platoniques ardents et dévastateurs, et l'amour de toute une vie, malgré les guerres malgré le communautarisme, malgré les purges…

Une écriture concise, juste, lumineuse qui par petite touches fait si bien naître l'émotion.
Un pur moment de bonheur...et d'espoir.

Un
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (382) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5270 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}