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Critique de polpo7362


Micmac moche au Boul'Mich, neuvième aventure en bande dessinée du détective Nestor Burma, imaginé par Léo Malet, est la deuxième signée Nicolas Barral. Jacques Tardi, dans les incontournables Brouillard au pont de Tolbiac et 120, rue de la Gare, a créé l'univers graphique de cette série où le Paris des années 50 est un personnage à part entière, qui change de visage de volume en volume, d'arrondissement en arrondissement. Les personnages stéréotypés - le privé flegmatique et gouailleur, la secrétaire jolie et pas si sotte, le commissaire épais mais pas dupe... - et les ambiances typiques du polar, entre pluie et nuit, demeurent d'album en album. Tardi, après cinq livres, a confié son bébé à Moynot, qui a signé trois épisodes solides mais sans magie car trop éloignés du style original.
Barral, encore un peu timide sur Boulevards... Ossements, offre par contre avec Micmac moche... une oeuvre enthousiasmante - en couleur dans sa version cartonnée après une prépublication en noir et blanc sous forme de trois journaux, comme Casterman en a pris l'habitude. Nestor, sans l'aide précieuse de sa secrétaire clouée au lit par une grippe... qu'elle finira par lui transmettre, décide d'enquêter sur le suicide d'un étudiant en médecine. Sollicité par la fiancée du carabin, apprentie comédienne qui se dénude dans une boîte moyenâgeuse pour gagner sa vie, le détective entreprend des recherches même si, comme la police, il ne croit pas à la thèse du meurtre. Ses investigations, placées sous les auspices du Dôme du Panthéon et d'un poème de Baudelaire, lui font croiser un mage maître-chanteur, un Antillais aux étranges pratiques, des jeunes filles guère innocentes... et le mystère s'épaissit.
Dans des décors finement ciselés, qui s'étendent parfois dans de grandes cases riches en détails, sous une voix off qui éclaire l'intrigue, les protagonistes naviguent dans le quartier latin, découvrent les recoins de la vie étudiante, sombres malgré la neige qui tombe. Nestor Burma, percutant dans ses répliques comme dans ses réflexions, parfois percuté par un poing ennemi, nous sert de guide dans le cinquième arrondissement, nous dirige dans les soubresauts d'une enquête complexe mais cohérente, à un ou deux détails près. Grâce à un découpage intelligent, l'intrigue se déroule sans temps mort jusqu'au dramatique dénouement.
Barral, surtout connu pour ses séries humoristiques, comme Baker Street ou Philip et Francis, même s'il ne se cantonne pas dans ce genre, prouve avec ses Nestor Burma qu'il excelle aussi dans la BD d'ambiance... même s'il ne peut s'empêcher de glisser quelques clins d'oeil, comme un Tardi goguenard accoudé au comptoir d'un bistrot.

Lien : http://bulleaubond.canalblog..
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