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4,31

sur 815 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Jeune femme irakienne.
Enceinte, non mariée, son amoureux meurt à Mossoul.
Elle est condamnée.

Elle est entourée de sa mère, de sa soeur, de sa belle soeur… de ses frères. le choix de ce roman choral permet de s'immiscer dans les pensées de chacun : la soumission des femmes, la volonté et la lâcheté des hommes.

La place de la femme
La liberté
Le patriarcat
Le poids de la religion
Le poids de la culture

Ce 1er roman est vertigineux. le drame annoncé rend nauséeux. En tant que lectrice, on espère… alors qu ils semblent tous résignés, hommes et femmes…

A lire.
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Impossible de rester indifférent après lecture de ce court roman.
Émilienne Malfatto relate la condamnation et l'avant exécution d'une jeune femme en Irak rural de nos jours.
Son crime : Être une femme et avoir fait l'amour avec celui qu'elle aime hors mariage et être enceinte.
Le bourreau : Son frère ainé qui a pris le rôle du père et qui règne sur les femmes.
Les différents témoignages des frères, soeurs, belle-soeur et mère sont poignants de vérité, de bêtise au nom de l'honneur, de lâcheté, de trahison.
"Je suis le frère qui a pris le rôle du père. Je règne sur les femmes. Je suis l'assassin. Je vais tuer tout à l'heure et je l'ignore encore... Je vais tuer tout à l'heure et je penserai que je n'ai pas le choix. Sa vie ou notre honneur à tous. Ce n'est pas moi qui tuerai, mais la rue, le quartier, la ville. le pays."
Roman court mais intense, plein de poésie, telle celle du fleuve Tigre dont les eaux se meurent car depuis longtemps les hommes ont cessé de l'aimer.
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Les mots me manquent après la lecture de ce petit livre bouleversant, un véritable coup de poing. J'ai été saisie par cette tragédie contemporaine que l'auteur nous raconte tel un choeur antique, révoltée par les conditions de vie imposées aux femmes dans l'Irak rural d'aujourd'hui, le droit de vie et de mort exercé par les hommes chefs de famille, le désespoir des unes qui subissent et l'absence d'empathie des autres pour qui seul prévaut l'honneur de la famille, la lâcheté, l'impuissance, la résignation de tous.
Un livre magnifique à faire lire largement autour de soi.
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Je suis bouleversée par cette lecture courte et terriblement angoissante. L'espace de quelques pages, je vis dans la peau de cette jeune femme punie pour avoir transgressé des règles établies par l'homme. Pour un moment sans véritable plaisir, son destin sera tragique.
Chaque membre de la famille exprime son ressenti, mais tout est inéluctable. Rien ne pourra la sauver.
Malgré le thème totalement différent, ce récit me rappelle « Inconnu à cette adresse » de Taylor Kressmann, du fait de son dépouillement et de sa fulgurance.
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Chronique d'une mort annoncée
Et le fleuve pour témoin, dans l'Irak d'aujourd'hui…
Récit polyphonique, court et fulgurant, une jolie plume mais surtout un regard.
C'est la guerre, elle est là, partout. Une jeune fille a cédé à son fiancé avant qu'il ne reparte au combat.
Il meurt, elle est enceinte.
Le père de la jeune fille est décédé quelques mois plus tôt, c'est donc Amir, l'aîné, le frère d'armes du fiancé, qui fera le nécessaire pour préserver l'honneur de SA famille.
« Il a dit que ça ne comptait pas, qu'il repartait au combat, que de toute façon nous allions nous fiancer à sa prochaine permission. On pouvait se donner un peu d'avance, a-t-il dit, il s'agissait de vivre sans attendre.
Chez nous, mieux vaut une fille morte qu'une fille mère. »
L'auteur a construit son texte comme une bombe qui explose, chaque voix est une déflagration pour le lecteur.
Le sort de cette jeune fille est scellé.
L'homme fort est celui qui règne sur les femmes et j'ajouterai avec la complicité des autres femmes et l'inertie de bien des hommes qui sont plus modernes mais qui préfèrent fermer les yeux sur ces pratiques des plus obscures.
Car c'est bien d'obscurantisme qu'il s'agit, il est perpétué par l'absence de doute chez certains et la jouissance de régner par la peur.
La mort est partout, les mères enterrent leurs fils en inhumant des cercueils vides.
A travers les lignes de ce récit, le lecteur peut sentir cette odeur de charogne.
Ici, tout est cadenassé, surtout l'amour maternel.
La mort avance inéluctablement vers cette jeune fille et son bébé qui ne verra pas le jour.
La solitude est un vêtement encore plus hermétique que l'abaya traditionnelle.
A chaque prosopopée, j'ai souhaité que ce fleuve Tigre déborde et envahisse tout, pour tout ravager, effacer.
Un livre bouleversant, tranchant.
Un prix Goncourt du premier roman très mérité.
©Chantal Lafon


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"L'honneur est plus important que la vie. Chez nous, mieux vaut une fille morte qu'une fille mère."
Tout est dit dans ces deux phrases... Dès le début, on sait...
Ils se sont aimés hors mariage, il est mort au combat, avant d'avoir pu l'épouser et elle se découvre enceinte. Elle porte la vie en elle, et pourtant c'est la mort qui l'attend, de la main de son propre frère...
"Les femmes de la famille doivent rester propres. Pures. Intouchées. Au prix du sang. Notre corps ni notre honneur ne nous appartiennent. Ils sont la propriété familiale. La propriété de nos pères et de nos frères."
Racine n'aurait pas fait mieux, une vraie tragédie antique...

Et pourtant c'est ce que vivent les femmes de nos jours dans certains pays, ici l'Irak, pays en guerre, pays en ruines dans lequel les femmes vivent sous la loi de Dieu et des hommes...

Chapitre après chapitre, nous entendons les membres de la famille :
🔹La belle-soeur, Baneen
"Je suis l'épouse, la femme soumise, [...] Je suis celle qui observe, qui juge et qui condamne. Celle qui approuve la société, qui glorifie son époux. "

🔹Le petit frère, Hassan
"Je suis le garçon dont l'avenir n'est pas encore écrit. Je suis celui qui, peut-être, ne sera pas un assassin"

🔹L'autre frère, Ali
"Je suis un homme bien mais je suis un homme lâche, et ces règles que je condamne, que je déplore, sont mon excuse"

🔹La mère,
"Je suis vieille et le monde de mes enfants m'est étrange. J'ai consciencieusement appliqué à mes filles les règles qui m'avaient été imposées. J'ai bâti autour d'elles la même prison que pour moi."

🔹 le grand frère, Amir
"Je suis le frère, celui par qui la mort arrive [...] je règne sur les femmes"

🔹 La voix de l'amoureux, Mohammed, d'outre tombe : "Dans ce pays de sable et de scorpions, les femmes payent pour les hommes."

Mais aussi le Tigre, fleuve témoin de la folie des hommes en guerre et quelques passages de l'histoire de Gilgamesh, personnage mi-roi mi-dieu, qui deviendra homme, puni par les dieux pour sa tyrannie envers son peuple.
"Les dieux, en forgeant l'Homme, ont implanté en lui la mort."

Quant à elle, son prénom n'est pas cité, car elle n'existe déjà plus...

Ce court roman est d'une puissance sans nom...
L'écriture est magnifique, poétique et théâtrale...
On imagine sans aucun mal les membres de cette famille se rapprocher d'elle au fur et à mesure qu'ils prennent la parole, l'entourer, lui cacher le peu de ciel bleu qu'elle peut encore espérer, la priver du peu d'oxygène qu'il lui reste encore à inspirer avant le coup fatidique.
"Et l'univers s'est écrasé sur moi"
J'aurai pu annoter toutes les pages tellement cette lecture est forte et prenante.
Elle est aussi révoltante, hélas, et j'ai refermé cette lecture le coeur lourd et plein de chagrin...

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Très très beau texte !

Il raconte un moment dans la vie d'une femme en Irak, une toute jeune femme enceinte hors mariage, d'un jeune homme mort à la guerre... c'est la mort qui l'attend, elle le sait.
Et l'autrice déroule un récit qui exprime les sentiments de tous les acteurs de ce drame : le grand frère, la belle soeur, le petit frère, la maman, ...

Une grande lecture pour un petit livre très poétique ! un grand moment dont je me souviendrais longtemps
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Sur les rives du Tigre en Irak, un crime d'honneur va être commis. Une jeune fille a eu des relations sexuelles hors mariage et, aux yeux de sa famille, de sa communauté, elle doit disparaitre pour laver l'affront, effacer la honte. Elle va mourir et plus personne ne prononcera son nom.

Un à un, les chapitres nous livrent le ressenti de chaque membre de la famille avant l'irréparable. La future victime, sa mère, sa fratrie et son frère ainé, le futur assassin. Sans haine ni colère, ils racontent l'inévitable et leurs liens avec cette jeune fille.

C'est un livre glaçant, intense et totalement bouleversant. Un livre qui laisse des traces comme les doigts d'une gifle sur un visage.

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Sobre et court, ce roman bouleverse. Peu d'émotions (pas?) sortent visiblement noir sur blanc. Réalisme et poésie se mêlent. Ces codes en Irak nous sont mis sous les yeux, incontournables. Chacun enfermé dans sa condition, a sa voix au travers des chapitres, et nous on lit, on sait tous très bien comment se déroulent les faits mais on continue d'être happé, pendant que ces tragédies sont encore à lamenter.
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Alerte coup de coeur !
Nous sommes dans l'Irak d'aujourd'hui, au bord du Tigre, une jeune fille va bientôt se fiancer. Son amoureux, ami de son frère, doit repartir au combat. Il insiste pour assouvir son désir, de toute façon à son retour ils se fianceront. Leurs familles ont déjà donné leur accord. Mais l'histoire se complique ensuite, car il ne revient pas. Il meurt dans l'effondrement d'un immeuble bombardé et elle découvre quelques mois plus tard qu'elle est enceinte.
Etre fille-mère en Irak est inconcevable. Il en va de l'honneur de la famille. Son père étant mort, elle sait qu'elle va mourir de la main de son frère aîné et que personne ne va s'y opposer. C'est ainsi.
Les hommes décident de tout : père, frère, mari. Les femmes n'ont aucun droit. Elles obéissent, résignée. En espérant toutefois que les moeurs évolueront pour les futures générations.
Tous les membres de sa famille prennent la parole, tour à tour, pour exprimer leur douleur de savoir qu'elle va mourir. Tous disent qu'ils voudraient éviter cette mort. Et tous avouent qu'ils ne bougeront pas et laisseront faire. Une tragédie qui peut paraître incompréhensible pour nous, Français, mais qui est une réalité.
Emilienne Malfatto est photojournaliste. Elle connait très bien cette réalité. Elle vit en Irak. Elle retranscrit avec justesse la complexité de la situation, les émotions des personnages. Un roman fort et émouvant qui ne laissera personne indifférent. Elle a écrit ce texte de 79 pages en quelques jours seulement et il est d'une authenticité incroyable puisqu'Emilienne n'est pas irakienne.
Le roman alterne entre les personnages et les paroles du Tigre, le fleuve.
Le titre fait référence à l'épopée de Gilgamesh.
Quant à la couverture, elle est magnifique. Il s'agit d'une photo prise par Emilienne en Irak. Elle a eu l'autorisation de l'homme, du chef de famille, pour prendre cette photo. Elle paraît encore plus extraordinaire, lorsque l'on sait que les photos sont dans la plupart des cas interdites.
Ce roman m'a permis de découvrir les éditions Elyzad et donné envie de lire d'autres titres de cette maison d'édition tunisienne. Elle publie essentiellement de la fiction, toujours en français, d'auteurs du sud.
« Que sur toi se lamente le tigre » a eu une mention spéciale du Prix Hors Concours 2020 et le prix Goncourt du Premier roman 2021.
Lien : https://joellebooks.fr/2021/..
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