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Citations sur La métamorphose des dieux, tome 1 : Le Surnaturel (15)

Lorsque " les lumières " feront du surnaturel une province de l'imaginaire, le Moyen Age deviendra l'époque de l'imaginaire. Mais il ne connaît le surnaturel que comme réalité. Les anges ne le surprennent pas plus que les éléphants; il les connait mieux, et en voit davantage. Certes, les éléphants ne sont que les envoyés de quelque prince sarrasin, alors que les anges sont les envoyés de Dieu - et les démons, ceux de Satan. Anges et démons ne font pas partie de la terre, mais ils font partie de la Création au même titre que les éléphants - et que les hommes.
L'imaginaire médiéval n'est jamais ce qui ne saurait exister: C'est ce qui existe par Dieu; ou au loin, au pays de l'arbre-qui-chante et des cynocéphales, peuple de saint Christophe; ou " ailleurs ", au pays où les chevaliers tuent les géants et les dragons -au pays du merveilleux, dont on connait mal les frontières : le dragon, c'est peut-être un éléphant qu'on n'a pas encore vu. Mais le tueur de dragons est un vrai chevalier. Ulysse, si l'on veut; ni Achille ni Hercule, descendants des dieux. Créature de Dieu.
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Tous et toutes nous disent que pendant des millénaires, l'objet majeur de la création artistique - qui, elle, ne nous est pas étrangère, bien qu'elle nous atteigne à travers la métamorphose - a été la révélation ou le maintien des formes de Vérité. « Les hommes donnent aux dieux leurs noms, dit l'Inde, mais les dieux les acceptent ou les ignorent »; les plus grands artistes créaient les formes divines, mais les dieux ne les acceptaient que si les hommes les reconnaissaient. Alors commençait le règne d'un style...
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Mais si la cité entière est bouleversée à la représentation d'Agamemnon, d'Œdipe ou d'Antigone, ce n'est pas par l'accablement. Elle y éprouve le même sentiment qu'à l'audition de l'Iliade : l'exaltation. Exaltation dont les commentateurs, dès l'époque hellénistique, ne comprendront plus la nature, parce qu'ils en chercheront l'origine dans les sujets des pièces. Sa cause est beaucoup plus profonde qu'une participation à de saisissantes légendes : c'est de découvrir que la poésie - la poésie, et non ce que le poète conte - parle au Destin d'égale à égal. Lorsque Oreste paraît sur le théâtre d'Athènes, un dialogue plus grandiose que son dialogue avec les Érinyes s'engage entre la cité et le dernier grondement d'Ouranos. Dans un monde où ce que l'homme ne gouverne pas a pris par lui tant de formes rayonnantes, la tragédie choisit de donner forme à ce qui l'écrase; mais en elle, il cesse d'en être écrasé.
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Les maîtres de Sainte-Marie-Majeure (les autres sont des narrateurs) veulent peindre l'Annonciation dans le monde de l'ange. Cette intention oubliée, leur art devient inintelligible; c'est pourquoi il le devint pendant cinq cents ans. C'est aussi pourquoi il est indispensable : sans lui, le monde des basiliques ne serait qu'un espace solennel. Les grands mosaïstes apportent le monde de Vérité au peuple fidèle comme Phidias apportait les dieux à la cité.
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Le dialogue de l'art avec l'apparence, confus lorsque l'on comparait la Pourvoyeuse ou un portrait de Vélasquez à son modèle, une Vénus de Titien à une femme nue, les Ergastines du Parthénon à un cortège de jeunes filles, - et ces œuvres les unes aux autres... - devient beaucoup moins trompeur lorsque nous comparons à ces jeunes filles les Corés de l'Acropole; à un conseil d'évêques, les Confesseurs de Chartres; à une suite royale, celle de la Théodora de Ravenne, celles des monarques de tout l'Ancien Orient : lorsque, avec les divinités et les ancêtres, les héros et les prêtres-rois, les immortels et les morts, se lève l'assemblée des figures dont l'art avait pour mission d'exprimer la délivrance de la condition humaine et du temps.
Dès que nous cessons de les tenir pour des imitations maladroites de modèles, nous comprenons que le pouvoir par lequel elles nous atteignent, et qui est pour nous le pouvoir de création artistique, fut initialement celui de donner forme à ce par quoi l'homme devenait homme, échappait au chaos, à l'animalité, aux instincts, à l'éternel Çiva.
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Giotto n'imite pas un théâtre qui existerait, il invente un théâtre imaginaire qui prend place dans l'invincible métamorphose de la piété. Giotto n'ignore pas que ses villes, ses arbres, ses rochers sont des emblèmes; ses architectures, des portants. Ses personnages appartiendraient au même imaginaire que ceux du sculpteur d'Amiens, s'ils se référaient comme eux à une cathédrale; mais le monde auquel ils se réfèrent et qui va succéder à celui de la cathédrale, le monde des hommes dans lequel la Renaissance reconnaîtra la réalité, c'est la fiction.
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L'art qui manifestait l'Eternel manifestera désormais toutes les présences
victorieuses de la mort.
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" Une foule de tous les pays , à peine consciente de sa communauté , semble attendre de l'art de tous les temps, qu'il comble en elle un vide inconnu "
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La sculpture du Couronnement - prenons garde au mot « gothique » :il est né du mépris, qui définit mal - n'est pas plus que la sculpture romane une " manière de représenter l'Histoire Sainte ", qu'aurait produite la " vision " d'une époque : c'est le surgissement du monde sans précédent où la chrétienté découvre les figures de son rêve. On ne peut comprendre cet art si on le sépare de son accent de découverte, de son apparition aussi soudaine que celle des cathédrales; il est la première révélation de la Cité de Dieu. Par là, irréductible à tout l'art qui la précède, à tout l'art qui la suivra. Lorsqu'il cessera d'avoir pour objet cette révélation, la fonction de l'art changera.
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Le peuple fidèle prie en lui le Dieu vivant dont les mains douloureuses ont remplacé la main terrible, et l'art qui manifestait l'Eternel manifestera désormais toutes les présences victorieuses de la mort.
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