Yeruldelgger soupira avec la force d’un yack. Vingt-quatre heures. Il avait suffi de vingt-quatre heures et de trois rencontres pour jeter au vent tout le calme et la sérénité de ses quatre premiers mois de retraite spirituelle.
- On ne tue pas trois bidasses parce qu'ils ont volé un yack.
- On les a éliminés pour que leurs petites conneries n'attirent pas l'attention sur des conneries bien plus grosses.
Et nulle part, comme il l'avait tant espéré, un signe de Nerguii, son maître à penser du Septième Monastère.
- Il m'abandonne. Il me laisse à mes colères et ne viendra pas à mon aide. Cette fois il veut que je m'affronte. Je vais devoir descendre plus bas que moi-même et je ne suis pas certain d'en avoir la force. Mon âme n'est plus en harmonie avec l'âme de ce pays. En s'effritant, il m'érode. Il m'use. Ce que je perds en force d'âme, je vais devoir le gagner en colère. C'est ce qu'il veut me pousser à apprendre. C'est le message de son silence...
Rien de ce qu'il venait de faire ne ressemblait à l'homme qu'il avait été. C'est à eux qu'il ressemblait maintenant. Il était devenu comme eux. Pire peut-être.
Mais il devait bien ça à Colette.