- Allez dire ça à Novak... Lança Marty, un jeune flic formé dans les manifs, pur produit de l'ère Macron.
On maquille sa jeunesse pour paraître adulte,songea Novak . Puis sa viellesse pour paraître jeune.
Nous vivons tous dans l'illusion d'un équilibre qui nous rassure , car reconnaître le contraire rendrait la vie impossible.
La mort d'un enfant agit sur le couple comme un cancer. Elle détruit le ménage de l'intérieur. On commence par vivre le choc ensemble, mais l'absence, on la vit chacun pour soi. Tout, chez le conjoint, nous rappelle le bonheur avec notre enfant. Et on lui en veut pour ça.
Novak se mêla à la foule. Il s’approcha du mémorial pour s’y recueillir quelques instants, sans prêter attention à Julie qui venait d’arriver et lui faisait un signe de la main.
Le policier repensa aux victimes précédentes et en eut la nausée. Ces témoignages futiles d’une tendresse tardive étaient interchangeables. Ils servaient plus à donner bonne conscience aux survivants qu’à consoler la famille des défunts.
- Bonjour, dit-elle. Je m’appelle Julie Fraysse. Je suis capitaine au SRPJ de Toulouse…
- Celle qui m’a piqué mon boulot, l’interrompit-il sans la regarder.
- Je n’ai rien piqué du tout. Le poste était vacant et votre employeur m’a engagée. Mais je ne suis pas ici pour me justifier.
Les yeux de Novak s’attardèrent un moment sur le dossier que Julie portait sous le bras puis la dévisagèrent.
- Comment va ce cher Ray ? demanda-t-il pour dissiper le trouble. Celui qui préfère m’envoyer une remplaçante que de venir lui-même me consulter…
- Je ne suis pas une remplaçante, monsieur Marrec, mais…
- Capitaine, rectifia-t-il.
- Je ne suis pas une remplaçante, capitaine, je suis l’officier en charge de cette enquête.
- Mais vous avez tout de même besoin de mon aide…
- Ray m’a ordonné de vous consulter. J’obéis.
- Un bon petit soldat !
Les choix qu'on fait dans la vie nous apprennent qui on est
— C’est toujours Bauwen, notre légiste ?
— Il est en retraite, mais le gamin qui le remplace est très bon.
— Personne ne vaut notre Pat.
Les enfants guérissent -t-ils du deuil plus vite que les adultes, songea-t-il, ou sont-ils juste plus doués pour faire semblant ?
Quand une porte est verrouillée, Fraysse, elle protège de quoi, d’après vous ? De ce qui est à l’intérieur et qui pourrait sortir ou de ce qui rôde à l’extérieur et qui pourrait entrer ?