Pensées : Livres VII-XII

Souviens-toi que ta volonté raisonnable devient invincible, lorsque ramassée sur elle-même, elle se contente d'elle-même, ne faisant rien qu'elle ne veuille, même si sa résistance n'est pas raisonnée. Que sera-ce donc lorsqu'elle emploie la raison et l'examen dans ses jugements? Aussi la pensée libérée des passions est une forteresse; il n'y a rien de plus solide en l'homme; elle est un refuge où il est imprenable. Celui qui ne l'a pas vu est un ignorant; mais celui qui l'a vu et ne s'y réfugie pas est un malheureux.

Si tu souffres à propos de quelque chose d’extérieur, ce n’est pas cette chose qui te trouble, mais ton jugement sur elle.

Vois à nouveau les choses comme tu les voyais ; car c’est cela revivre.

Il faut, le matin,commencer par se dire à soi-même: Je vais me rencontrer avec un indiscret, un ingrat, un insolent, un fourbe, un envieux, un homme insociable. Tous ces vices sont en eux des effets de l'ignorance où ils sont des vrais biens et des vrais maux.

Vivre chaque jour comme si c'était le dernier, ne pas s'agiter, ne pas sommeiller, ne pas faire semblant.

Au total, si Dieu existe, tout est bien ; si les choses vont au hasard, ne te laisse pas aller, toi aussi, au hasard.

Voici la morale parfaite : vivre chaque jour comme si c'était le dernier ; ne pas s'agiter, ne pas sommeiller, ne pas faire semblant.

Proche est le moment où tu auras tout oublié ; proche, celui où tous t'auront oublié.

Tant d'hommes, dont on a tant parlé, qui sont voués à l'oubli ! Tant d'hommes qui les ont célébrés, depuis longtemps disparus.

Comprends-le bien, sois sensé ; tu peux revivre. Vois à nouveau les choses comme tu les voyais ; car c'est cela revivre.