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Citations sur Un pape pour l'Apocalypse (21)

À quelques rues de là, une silhouette en long pardessus sombre, à la démarche aussi implacable et déterminée que celle du destin lui-même, se diluait dans la bruine glaciale et les ténèbres de cette nuit de novembre 2005… Emportant avec elle le mystérieux coffret et son contenu.
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Lentement, comme si l’éternité lui appartenait, l’ombre se mit en marche, ses talons claquant sur les dalles de pierre du passage comme on aurait martelé les dernières minutes d’un condamné. Le grand manteau s’enroulait autour des jambes de l’inconnu, lui conférant une allure plus inquiétante encore.
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Alors, comme si la peur le quittait soudain, remplacée par la colère, la rage, celle de l’animal acculé, le fugitif, serrant toujours son coffret d’une main, tira un automatique d’une des poches de son manteau, le braqua sur la noire silhouette et pressa la détente. Une fois. Deux fois… Dix fois…
Les détonations claquaient, assourdissantes, dans cet espace confiné, sous les larges poutres de chêne soutenant les étages des vieilles bâtisses.
L’inconnu, insensible au déluge de plomb, tressaillit sous chaque impact, mais ne recula, ni ne tomba… La culasse s’arrêta en butée.
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L’ombre en question, imposante, s’étirait sur le pavé détrempé transformé en miroir déformant, sur les murs au crépi ruisselant. On aurait dit qu’elle se tendait en avant, que, douée de volonté propre, elle cherchait… Non, qu’elle traquait sa proie.
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Un pressentiment, peut-être ce sixième sens hérité des bêtes qui nous fait sentir, intuitivement, l’attention d’autrui, le fit se retourner.
Les mots qu’il allait prononcer se muèrent en cri inarticulé, alors que le bref espoir qui avait illuminé ses pupilles se transformait en terreur.
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Il changea de cap et se rapprocha d’une grande porte de chêne ouvragé. D’un geste désespéré, se raccrochant au mur comme un noyé à une bouée, il enfonça plusieurs sonnettes.
Respirant laborieusement, il demeura immobile… Mais rien. À cette heure-là, à Aurillac, comme partout ailleurs, si on n’attendait personne, on considérait qu’un visiteur était forcément indésirable, voire dangereux, et on ne répondait pas.
Il appuya son front contre la plaque de fer saillant de la pierre quand une voix masculine, âgée, monta de la petite grille ronde au-dessus des sonnettes.
— Qui est-ce ?
Se redressant immédiatement, les yeux luisants d’un espoir fou, il ouvrit la bouche pour formuler un :
— Je…
Mais il ne put continuer.
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Cette peur, il en débordait tellement qu’elle s’échappait de sa bouche, en plaintes inarticulées, entre deux souffles oppressés.
Étreignant dans sa main gauche un coffret de bois marqueté, il jetait des regards par-dessus son épaule, vers la rue étroite bordée des façades anciennes, parfois à bardeaux, de la vieille ville.
Fenêtres et volets fermés pour mieux se calfeutrer du froid et de l’ombre du dehors, personne ne risquait de le voir ni de lui porter secours.
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Ici, à Aurillac, tranquille cité de la province profonde, on ne croisait, à cette heure, surtout une nuit de semaine et par ce temps-là, que les poivrots les plus invétérés ou de petits malfrats en recherche d’un mauvais coup et encore…
Mais ce malheureux qui trottait, d’une façade à l’autre, dans la clarté orangée des réverbères, seulement vêtu d’une veste, comme s’il avait oublié d’enfiler un pardessus ou n’avait pas eu le temps de se couvrir, n’appartenait à aucune de ces catégories.
Pour s’en convaincre, il suffisait de lire l’expression de son visage, ses yeux exorbités… Ce n’était pas l’alcool qui les faisait luire, ni la malice, mais la peur.
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L’homme courait…

Le souffle oppressé, dérapant sur le pavé mouillé, il courait, comme quelqu’un à bout de forces, qui a déjà tout donné, mais puise dans ses dernières ressources, poussé à aller plus loin encore, par… Par quoi ?
Les cheveux poivre et sel, bien mis de sa personne, ses beaux habits trahissant un certain rang social – maintenant en désordre et froissés –, ce n’était pas le genre d’individu qu’on se serait attendu à voir tituber ainsi, tel un ivrogne, dans cette nuit glaciale.
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"Chapitre 1

Il y a tant de mystères…

Göbekli Tepe est le plus ancien site architectural jamais découvert au monde ; il est du moins considéré comme tel par les spécialistes.

Et il est monumental.

Impressionnant, magnifique, sacré et écrasant comptent parmi les adjectifs qui échouent lamentablement à lui faire honneur. J'ai passé les deux dernières heures à déambuler à l'intérieur avec le responsable des fouilles, le professeur Klaus Schmidt, et j'en sors complètement ahuri.

— Quelle sensation cela fait-il, je lui demande, d'être l'homme qui a découvert le temple qui récrit l'histoire ?

Archéologue allemand rubicond au torse puissant et à la barbe grisonnante, Schmidt, pieds nus et sales dans ses sandales, porte un jean délavé et une chemise bleue dans le même tissu et à la manche boueuse. Nous sommes en septembre 2013, trois mois avant son soixantième anniversaire, et même si nous l'ignorons l'un et l'autre, il sera mort dans moins d'un an.

Alors qu'il réfléchit à ma question, il essuie une goutte de sueur sur le sommet de son front luisant. Nous sommes encore en début de matinée, mais le soleil est déjà haut dans le ciel sans nuages du sud-est de l'Anatolie ; la crête des monts Taurus sur laquelle nous nous trouvons est une vraie fournaise. Il n'y a pas de brise, pas le moindre souffle d'air, et nulle ombre où s'abriter. En 2014, un toit sera érigé pour couvrir et protéger le site, mais seules ses fondations sont en place en 2013, si bien que nous nous tenons en plein cagnard sur un sentier en bois bricolé. En contrebas, dans une série d'enceintes murées à moitié enfouies et plus ou moins circulaires, se trouvent les dizaines de colonnes mégalithiques en forme de T que Schmidt et son équipe de l'Institut archéologique allemand ont mises au jour. Avant le début du chantier, les lieux avaient l'allure d'une colline arrondie – d'ailleurs, Göbekli Tepe signifie colline du nombril1, parfois aussi traduit colline du ventre2 –, mais les fouilles ont retiré l'essentiel de ce profil initial.

— Bien sûr, nous ne pouvons pas affirmer de Göbekli Tepe qu'il s'agit d'un temple, finit par répondre Schmidt en choisissant ses mots avec soin. Appelons-le plutôt un sanctuaire de colline. Et je ne prétends pas qu'il récrit l'histoire. Je dirais plutôt qu'il ajoute un chapitre important à l'histoire existante. Nous pensions que la transition entre les chasseurs-cueilleurs et les fermiers avait été lente et progressive, mais nous découvrons avec surprise que des monuments passionnants ont été érigés à cette période3 …

Je l'encourage :

— Mais il n'est pas seulement question des monuments. Au début, les habitants de la région étaient des chasseurs-cueilleurs, et il n'y avait pas le moindre signe d'agriculture."
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