J'aimerais pouvoir dire que mon livre préféré est un classique littéraire, un livre de science-fiction extrêmement complexe, de fantasy avec un monde extraordinaire, ou encore un recueil de poésie incroyablement maitrisé. J'aimerais ne pas coller aux codes de l'adolescent.e queer dépressif. J'aimerais. Mais voilà,
le faire ou mourir existe et ça m'est impossible, parce que ce roman est une putain de claque. Je peux plus me regarder pareil depuis que je l'ai lu ; je croyais connaitre le pouvoir des mots et à quel point ils pouvaient être renversants, mais non, ils pouvaient encore me surprendre. Plus qu'une surprise même, ce bouquin m'a frappé, très brutalement. Alors voilà, je n'ai jamais lu de livre comme celui-ci. J'ai lu des livres qui m'ont coupé le souffle, captivé, transcendé, qui ont accéléré les battements de mon coeur, mais ça ? Jamais. D'ailleurs, j'ai fait une crise après avoir lu ce livre, et je ne le recommence pas forcément aux personnes allant très mal (pas pendant un épisode dangereux en tous cas, surtout pas. Ça aide à se sentir compris.e, mais ça peut déclencher des crises). Liste de triggers warning ici, potentiels "spoilers" sans détails, juste des sujets sensibles abordés :
automutilation, sang, pensées suicidaires, famille toxique, homophobie, arme à feu, meurtres, overdose involontaire, milieu hospitalier/médical/psychiatrique, milieu scolaire, harcèlement physique. Alors c'était dur à lire et j'ai très vite fini en larmes, je suis habitué à pleurer pendant mes lectures mais ici c'était des sanglots, des vrais sanglots et du mal à respirer, j'étais bouleversé mais je ne pouvais pas m'en détacher une seule seconde. Mes yeux ne lâchaient pas les mots, alors même que j'ai dû prendre quelques instants pour respirer, plusieurs fois, et que j'aurais sûrement dû faire des pauses dans cette courte lecture pour me préserver. Mais c'était trop beau, c'était trop fort. C'était trop sincère et trop vrai, je n'ai jamais vu quelqu'un parler ainsi d'automutilation dans un livre pour adolescents et les mots étaient si justes, j'ai eu mal. Quand on parle d'automutilation, c'est souvent le « iel le fait pour l'attention » ou le « iel veut mourir et va juste très mal », mais ça va rarement loin, ça reste beaucoup en surface, c'est un sujet tabou. Alors que les pensées de Dam ici, elles étaient réalistes et profondes. Ce livre, c'est un miroir qui m'a forcé à me regarder droit dans les yeux pendant 103 pages de lecture alors que j'ai tendance à éviter mon reflet.
J'aime Samy si fort, je l'aime d'amour ce garçon, et puis Dam aussi, y'a cette envie de les prendre dans mes bras. La représentation de l'amour, c'était si beau, ça aussi ça m'a fait pleurer, mais pas que de douleur, de tendresse aussi. Ça réchauffe le coeur quand on lit des relations gays comme ça, pour de vrai, c'était si juste ! Les deux fins étaient magnifiques, je ne m'attendais pas à la première mais encore une fois... C'était brut. Quand on retient trop les choses, on finit par exploser sur nous-même et des fois ça heurte le monde aussi. Ce livre c'est une douceur brute et sincère, c'est choquant mais il ne pourrait pas être autrement, je ne voudrais pas qu'il soit autrement. La plume de l'autrice est sublime. Je l'ai ressenti, je le ressens, ce «
le faire ou mourir » ; cette sensation que si on ne fait pas quelque chose, tout de suite, on ne va pas tenir, on va imploser ou exploser, on va mourir, tout simplement. Et je ne remercierai jamais assez ce livre pour l'avoir mis en mots.