Une appréciation en demi-teinte
Pourquoi en demi-teinte ? En fait, on peut scinder ce premier volet en deux parties : une première, assez intéressante notamment pour ce travail mené par l'auteur sur l'intertextualité, et une seconde qui, pour ma part, m'a semblé un peu poussive.
La première partie se révèle très originale car elle offre une relecture de 4 « contes » plutôt destiné aux adultes et dans un contexte peu traditionnel (le western) :
- « le petit Chaperon Rouge » avec le personnage principal de Scarlett qui, faute de chaperon, se révèle rousse et particulièrement sexy. Comme le veut le conte, elle a bien sûr une grand-mère qui, elle, s'éloigne du cliché classique puisqu'elle se retrouve tenancière d'un saloon et, ne nous voilons pas la face, mère maquerelle ;
- « Pierre et le Loup » : là, Pierre a bien grandi puisqu'il est incarné par un trappeur géant d'origine russe au torse puissant et poilu qui ne refuserait pas un 5 à 7 avec Scarlett. On notera également son côté Robert Redford, notamment dans le film "Jeremiah Johnson".
- « La chèvre de Monsieur Seguin » avec le barman Seguin et la victime, Blanche. Bon là, il faut reconnaître que les auteurs ont été un peu plus loin dans l'adaptation car, apparemment, Seguin ne s'est pas simplement contenté de regarder Blanche brouter de l'herbe. Il l'a « connue » au sens biblique du terme.
- Enfin, « Les trois petits cochons » avec un trio de gorets ressemblant davantage à des verrats, avides de pouvoir (Mister Naff, digne représentant des conservateurs américains se dissimulant derrière des principes moraux valables que pour les autres) et un peu obsédés sexuels sur les bords (Le Kid). le troisième de la fratrie s'en sort un peu mieux en tant que shérif du coin un peu dérangé par les abus de ses deux frangins. le loup est, bien entendu, présent ou plutôt les loups, car ils constituent une petite bande, menée par l'énigmatique Wolf, qui semble avoir signé un pacte avec les cochons et Seguin.
Le début de la BD apparaît ainsi assez riche en allusions diverses sur ces « contes traditionnels » et le lecteur prend un certain plaisir à les glaner tout au long de sa lecture.
Le problème, en fait, c'est la seconde partie qui m'a paru beaucoup moins inspirée. Disons qu'on éprouve un long moment de solitude dans la narration de l'épisode de la cascade qui s'éternise, s'éternise (cela représente quand même la quart de l'oeuvre) sans que l'on sache vraiment ce que cela apporte au reste de l'intrigue. Je ne vous le cacherai pas, je me suis un peu ennuyé à ce moment-là. C'est d'autant plus dommage que la rencontre amorcée juste avant entre Scarlett et Wolf présage d'une suite qui s'annonce intéressante dans la mesure où l'on pressent que cela ne va pas se passer comme prévu. le personnage de Wolf apparaît assez complexe et pas aussi brut de décoffrage que le reste de sa « meute ». Tout comme le personnage de Naff qui nous laisse présager, à la fin de l'oeuvre, que son secret légitime à ses yeux tous les sacrifices, surtout quand les autres en sont les victimes. Ce qui annonce une suite qui devrait démarrer sur les chapeaux de roues.
Question dessins, je ne suis absolument pas spécialiste, mais j'ai beaucoup apprécié leur côté extrêmement sombre qui m'a fait notamment penser à certaines scènes du film "Impitoyable" de
Clint Eastwood. On ressent bien, à travers les couleurs retenues, l'ambiance oppressante imposée par le terrible Mister Naff et qui donne l'impression d'une chape de plomb régnant ad vitam aeternam sur cette petite contrée isolée dans l'Ouest américain.
Au final, une bande dessinée intéressante pour l'exploitation littéraire qu'elle fait de ces 4 contes pour enfants mais pas forcément pour l'ensemble de son intrigue. Je pense, tout de même, me procurer la suite, histoire de vérifier si mon impression se confirme.
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