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Citations sur Rupture(s) (187)

Ce qui est mis au jour, c'est notre désert intime, notre inquiétude fondamentale, liée au vide profond que nous essayions de dissimuler. Peut-être qu'on nous quitte moins pour ce que l'on est que pour ce que l'on n'est pas. Parce qu'on ne correspond pas au désir de l'autre, mais aussi parce qu'on est profondément déserté par le désir, vide de ce désir dont on nous répète pourtant à l'envi qu'il est censé nous constituer. Ce que l'ancien amant met à nu, c'est ce subterfuge du désir, c'est notre incapacité à faire illusion. L'amour n'existe plus, peut-être même n'a-t-il jamais vraiment existé. Celui qui part reproche finalement à l'autre de ne plus jouer le jeu de dupes attendu. Et les les scènes de rupture déclinent cette vacuité angoissante sur une tonalité tragique.
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Comment ai-je pu, moi qui ai vécu à ses côtés, le méconnaître à ce point ? La possibilité et la liberté d'être autre révèlent de manière douloureuse les illusions de l'amour et de l'affection : illusion d'une propriété et d'une proximité, d'une transparence de l'être aimé. La familiarité n'est parfois qu'une impression. Autrui pourra toujours nous surprendre, nous déstabiliser, nous laisser interdit devant ce qu'il a dit ou fait et qui paraissait inimaginable. Non seulement il ne m'appartient pas, mais il peut toujours devenir pure surprise, devenir tout autre, d'une inquiétante étrangeté.
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Notre ancien désir s'est transformé en un piège. Faut-il continuer alors passivement à faire ce que les autres attendent de nous ? Ce serait d'une certaine manière renoncer à soi : continuer à agir comme on l'a toujours fait, en se contentant de subtiles variations. Et ce malgré l'écœurement de la répétition, la disparition du plaisir : malgré le besoin de « passer à autre chose». Faut-il au contraire prendre le risque de tout perdre en s'élançant vers le tout autre ?
Il n'est parfois plus possible d'être fidèle. La fidélité à ses amis, à un amour, à sa famille ou à soi-même devient intenable. Il est des loyautés qui ne sont plus des liens, mais une corde qui se resserre autour du cou. « J'étouffe» , dit-on alors. La constance n'est plus l'effet d'un désir intérieur, elle devient construction artificielle, effort dans lequel le sujet s'épuise pour rester lui-même, pour tenir son rôle sans plus y croire. Il n'est plus que l'ombre de lui- même, il répète les gestes qu'il faisait auparavant, sans les habiter. Il est déjà parti, extérieur à cette identité d'avant ou à cette relation déjà morte, il mime ce qu'il a été, dans un à peu-près caricatural. Comme le serveur de Sartre dans L'être et le Néant, il joue à être dans une imitation pathétique. Il est de "mauvaise foi", au sens existentiel, il se ment à lui-même, fait semblant d'être ce qu'il n'est pas ou ce qu'il n'est plus. Il n'est plus que vaguement lui-même. Étranger à cette vie où il a l'impression de mourir à petit feu. Lorsqu'etre fidèle à soi demande tant d'efforts, que vivre est une imposture rejouée à chaque instant, assumer ses rôles habituels devient impossible. Il faut fuir et trahir ses engagements.
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Paradoxe de la liberté : ce qu'on a décidé, en toute conscience, avec conviction, courage ou plaisir devient notre carcan.
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L'idée même de rompre avec celui qu'on a été n'est peut-être qu'une illusion. Il y a véritablement rupture lorsque s'opère une profonde transformation des schémas d'action et de pensée du sujet. Lorsque l'on rompt avec ce que l'on pourrait appeler notre "habitude d'être". Mais jusqu'à quel point puis-je devenir autre ? Et dans quelle mesure en ai-je besoin ? Il peut s'agir d'une nécessité vitale, d'une survie psychique. Je me déprends de l'autre pour être enfin moi . La rupture est condition de ma naissance comme de ma renaissance.
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Il est tout aussi difficile de revenir à Alger ou à Phnom Penh. Les douleurs de l'exil, la nostalgie sont une autre trace profondément ancrée de ces ruptures imposées par la guerre. L'homme qui revient au pays, le « home-comer », a perdu le pays qu'il a quitté, est devenu un étranger. Son étrangeté se dédouble. Partir, c'est rompre deux fois, avec celui que l'on était et avec une certaine illusion, celle de se sentir à sa place quelque part. C'est renoncer à ce confort psychologique d'être légitime aux yeux des autres. C'est rompre avec l'espoir d'une reconnaissance.
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Comment revenir à l'existence sans cette insouciance qui a été la nôtre jusqu'à la catastrophe, comment vivre avec l'incertitude, sur les ruines de notre ancienne confiance ? Que faire quand l'épreuve nous a rompus, vidés de notre sang, de notre énergie ? Comment ne pas nous laisser « engloutir » par l'incertitude, par la crainte d'un autre malheur ? « Où trouver le courage d'être en dépit de la Menace ? » se demande Marion Muller-Colard.
Dans la joie. Prendre le risque de vivre, c'est faire le pari des joies possibles. Et avoir la force de se souvenir, même dans la nuit tragique, de I'étincelle de joie qui se tenait en elle.
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Passer par la nuit, accepter de disparaître, dans l'oubli du jour passé et l'absence à soi, voilà ce dont une conscience vive a besoin pour affronter les lendemains. Mais la conscience sans sommeil étire indéfiniment le passé dont elle refuse qu'il s'efface. L'insomnie distend la présence, refuse la coupure du passé, s'épuise dans cet effort vain sans même s'en rendre compte.
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La sexualité est alors mémoire de la démolition, et le désir, le lieu où se loge la violence résiduelle. Elle est moins l'expression d'un amour, d'un élan vers l'autre que le moment où se rejoue la perte, indéfiniment, dans l'espoir vain peut-être d'en épuiser la violence. Elle porte la trace de la traversée de la nuit.
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La séparation s'amorce dans l'évanouissement du « tu ».
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