Mais Eva ne sait pas perdre son temps. Comment s'arrêter l'espace d'un instant pour jouer, se pincer doucement pour le plaisir. Simplement se regarder. S'émouvoir. Ce n'est pas à sa portée. Comme sa mère, qui ne savait pas plonger son nez dans les plis de sa peau de bébé pour la humer jusqu'à plus soif, se rassasier de sa douceur, de sa chaleur, de son odeur. Qui ne permettait pas à ses sens de perdre la tête. Jamais elle n'autorisait ses yeux à sentir, sa bouche à toucher, son nez à caresser.
Alors Eva qui n'a pas reçu ne donne pas.
Dans sa cellule avec cette femme la conversation est possible, mais très vite Eva se sent mal à l'aise quand sa compagne en vient à parler de sa famille. De la petite. De sa mort qui n'est jamais dite mais qui est là entre chaque mot prononcé. Eva ne comprend pas son geste. Tuer un enfant est impensable, inadmissible.