AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Les Fausses Confidences (48)

DORANTE. Cette femme-ci a un rang dans le monde ; elle est liée avec tout ce qu'il y a de mieux, veuve d'un mari qui avait une grande charge dans les finances, et tu crois qu'elle fera quelque attention à moi, que je l'épouserai, moi qui ne suis rien, moi qui n'ai point de bien ?
DUBOIS. Point de bien ! Votre bonne mine est un Pérou! Tournez-vous un peu, que je vous considère encore ; allons, Monsieur, vous vous moquez, il n'y a point de plus grand seigneur que vous à Paris : voilà une taille qui vaut toutes les dignités possibles, et notre affaire est infaillible ; il me semble que je vous vois déjà en déshabillé dans l'appartement de Madame.
Commenter  J’apprécie          160
Madame Argante
Ah ! la belle chute ! Ah ! ce maudit intendant ! Qu'il soit votre mari tant qu'il vous plaira, mais il ne sera jamais mon gendre.
Commenter  J’apprécie          150
MADAME ARGANTE. C'est votre neveu, dit-on ?
MONSIEUR REMY. Oui, Madame.
MADAME ARGANTE. Eh bien ! tout votre neveu qu'il est, vous nous ferez un grand plaisir de le retirer.
MONSIEUR REMY. Ce n'est pas à vous que je l'ai donné.
MADAME ARGANTE. Non ; mais c'est à nous qu'il déplaît, à moi et à Monsieur le Comte que voilà, et qui doit épouser ma fille.
MONSIEUR REMY, élevant la voix. Celui-ci est nouveau ! Mais, Madame, dès qu'il n'est pas à vous, il me semble qu'il n'est pas essentiel qu'il vous plaise. On n'a pas mis dans le marché qu'il vous plairait, personne n'a songé à cela ; et, pourvu qu'il convienne à Madame Araminte, tout doit être content. Tant pis pour qui ne l'est pas. Qu'est-ce que cela signifie ?
MADAME ARGANTE. Mais vous avez le ton bien rogue, Monsieur Remy.
MONSIEUR REMY. Ma foi ! Vos compliments ne sont pas propres à l’adoucir, Madame Argante.
LE COMTE. Doucement, Monsieur le Procureur, doucement : il me paraît que vous avez tort.
MONSIEUR REMY. Comme vous voudrez, Monsieur le Comte, comme vous voudrez ; mais cela ne vous regarde pas. Vous savez bien que je n'ai pas l'honneur de vous connaître, et nous n'avons que faire ensemble, pas la moindre chose.
LE COMTE. Que vous me connaissiez ou non, il n'est pas si peu essentiel que vous le dites que votre neveu plaise à Madame. Elle n'est pas une étrangère dans la maison.
MONSIEUR REMY. Parfaitement étrangère pour cette affaire-ci, Monsieur ; on ne peut plus étrangère : au surplus, Dorante est un homme d'honneur, connu pour tel, dont j'ai répondu, dont je répondrai toujours, et dont Madame parle ici d'une manière choquante.
MADAME ARGANTE. Votre Dorante est un impertinent.
MONSIEUR REMY. Bagatelle ! ce mot-là ne signifie rien dans votre bouche.
MADAME ARGANTE. Dans ma bouche ! À qui parle donc ce petit praticien, Monsieur le Comte ? Est-ce que vous ne lui imposerez pas silence ?
MONSIEUR REMY. Comment donc ! m'imposer silence ! à moi, Procureur ! Savez-vous bien qu'il y a cinquante ans que je parle, Madame ?
MADAME ARGANTE. Il y a donc cinquante ans que vous ne savez ce que vous dites.
Commenter  J’apprécie          140
DORANTE. Je t'avoue que j'hésite un peu. N'allons-nous pas trop vite avec Araminte ? Dans l'agitation des mouvements où elle est, veux-tu encore lui donner l'embarras de voir subitement éclater l'aventure ?
DUBOIS. Oh ! oui : point de quartier. Il faut l'achever, pendant qu'elle est étourdie. Elle ne sait plus ce qu'elle fait. Ne voyez-vous pas bien qu'elle triche avec moi, qu'elle me fait accroire que vous ne lui avez rien dit ? Ah ! je lui apprendrai à vouloir me souffler mon emploi de confident ! pour vous aimer en fraude.
DORANTE. Que j'ai souffert dans ce dernier entretien ! Puisque tu savais qu'elle voulait me faire déclarer, que ne m'en avertissais-tu par quelque signe ?
DUBOIS. Cela aura été joli, ma foi ! Elle ne s'en serait point aperçue, n'est-ce pas ? Et d'ailleurs, votre douleur n'en a paru que plus vraie. Vous repentez-vous de l'effet qu'elle a produit ? Monsieur a souffert ! Parbleu ! il me semble que cette aventure-ci mérite un peu d'inquiétude.
DORANTE. Sais-tu bien ce qui arrivera ? Qu'elle prendra son parti, et qu'elle me renverra tout d'un coup.
DUBOIS. Je lui en défie. Il est trop tard. L'heure du courage est passée. Il faut qu'elle nous épouse.
Commenter  J’apprécie          120
Fierté, raison et richesse, il faudra que tout se rende. Quand l’amour parle, il est le maître
Commenter  J’apprécie          110
ARAMINTE, froidement. Il restera, je vous assure.
MADAME ARGANTE. Point dut tout ; vous ne sauriez. Seriez-vous d'humeur à garder un intendant qui vous aime ?
MONSIEUR REMY. Eh à qui voulez-vous donc qu'il s’attache ? À vous, à qui il n'a pas affaire ?
ARAMINTE. Mais en effet, pourquoi faut-il que mon intendant me haïsse ?
MADAME ARGANTE. Eh ! non, point d'équivoque. Quand je vous dis qu'il vous aime, j'entends qu'il est amoureux de vous, en bon français ; qu'il est ce qu'on appelle amoureux ; qu'il soupire pour vous ; que vous êtes l'objet secret de sa tendresse.
MONSIEUR REMY, étonné. Dorante ?
ARAMINTE. L'objet secret de sa tendresse ! Oh ! oui, très secret, je pense. Ah ! ah ! je ne me croyais pas si dangereuse à voir. Mais dès que vous devinez de pareils secrets, que ne devinez-vous que tous mes gens sont comme lui ? Peut-être qu'ils m'aiment aussi : que sait-on ? Monsieur Remy, vous qui me voyez assez souvent, j'ai envie de deviner que vous m'aimez aussi.
Commenter  J’apprécie          100
Marton.

Ne dissimule point.

Dubois.

Moi, un dissimulé ! moi, garder un secret ! Vous avez bien trouvé votre homme ! En fait de discrétion, je mériterais d’être femme. Je vous demande pardon de la comparaison ; mais c’est pour vous mettre l’esprit en repos.
Commenter  J’apprécie          90
Pardi ! le coeur d'une femme est bien étonnant ! le feu y prend bien vite ! (II, 3)
Commenter  J’apprécie          60
DUBOIS : Ouf ! ma gloire m'accable

Acte III scène 13
Commenter  J’apprécie          50
Un peu de jalousie, même injuste, ne messied pas à un amant.
Commenter  J’apprécie          50






    Lecteurs (2667) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Las falsas confidencias

    A quel siècle appartient Marivaux ?

    XV
    XVI
    XVII
    XVIII

    9 questions
    63 lecteurs ont répondu
    Thème : Les Fausses Confidences de Pierre de MarivauxCréer un quiz sur ce livre

    {* *}