Nous entretenons avec le ciel de l'endroit où nous avons vu le jour une intimité qui dépasse le mouvement des nuages ou le clignotement des étoiles.
On est tous des voyageurs, Stacey. La seule chose qui nous différencie, c'est la quantité de bagages qu'on choisit de se mettre sur le dos.
Le croissant de lune se reflétait sur l'eau et drapait la cime des arbres d'un lustre incandescent comme si on avait broyé les milliers de lucioles errantes pour en badigeonner les feuilles
- Tu vois, c'est ça votre problème à vous les gauchistes. [...] Vous êtes vraiment des hypocrites. Vous êtes dans votre camp du bien et tout ce que vous voulez, c'est contrôler ce qu'on dit et ce qu'on a le droit de penser. A la fac y a une fille qui m'a pourri parce que j'avais dit "une voilée" au lieu de "une femme voilée". J'ai cru qu'elle allait me faire une crise cardiaque pour un petit mot de rien du tout. Mais c'est ça les gauchistes : la police de la pensée. Vous voulez protéger une religion comme l'islam qui traite les femmes et les homos comme de la merde et qui respecte pas non plus la liberté d'expression - vous arrivez même pas à être cohérents. Mais quand des chrétiens disent qu'ils veulent pas que des mecs avec des bites puissent aller dans les chiottes des femmes, là tout le monde s'en prend aux vieux ploucs réacs. On dit qu'ils sont intolérants ! On les chasse avec des fourches ! Les gauchistes, ils s'en tapent que l'économie parte en couille, que les emplois foutent le camp, que toutes les boîtes ferment ou que personne ait les moyens d'aller vivre dans leurs jolies villes sur la côte. Ils en ont rien à carrer. Le plus important pour eux c'est les droits des clandestins, pas l'héroïne qu'ils font venir et qui tue tous les gens qu'on connaît. Ou, non, en fait tu sais ce que c'est le plus important pour eux ? Qu'on arrête de parler de "clandestins". C'est des "sans-papiers". Ils vont manifester à cause d'un mot. Mais on les entend pas quand Curtis ou Ben ou je sais pas qui fait une overdose, si ? [p. 330]
Dan pensa aux heureux suivant la mort d'un soldat, quand la famille ne le sait pas encore. La famille continue comme si de rien n'était ; l'atroce nouvelle existe, mais elle n'est pas encore forcée de vivre avec.
Mais ensuite, Hailey écrivit que Mrs Bingham n'en avait plus pour longtemps et là elle toucha le noyau de mauvaise conscience, de chagrin et de nostalgie qui commande à notre cerveau d'affronter ce que nous préférons éviter.
Quand on pleure pour de bon, on ressemble toujours à l'enfant qu'on n'a jamais cessé d'être au fond de nous.
Leur histoire se consumait et eux tâchaient de retrouver la vie grâce aux fables de leur jeunesse flamboyante.
À dix-huit ans, on n'est pas équipée pour comprendre comment l'amour peut inspirer autant de mauvaise conscience, de haine de soi.
C'est ça, l'adolescence : chacun vit dans sa bulle de doutes terrifiants, sans envisager que tous les autres soient dans le même cas.