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EAN : 9782226442048
560 pages
Albin Michel (19/08/2020)
4.1/5   635 notes
Résumé :

Grand Prix de Littérature américaine 2020

Palmarès Les 100 livres de l'année 2020 - Lire-Magazine Littéraire

Par un fébrile soir d’été, quatre anciens camarades de lycée désormais trentenaires se trouvent par hasard réunis à New Canaan, la petite ville de l’Ohio où ils ont grandi.

Bill Ashcraft, ancien activiste humanitaire devenu toxicomane, doit y livrer un mystérieux paquet. Stacey Moore a accepté de rencontrer... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (146) Voir plus Ajouter une critique
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*** Rentrée littéraire #15 ***

Il est rare qu'un premier roman percute le lecteur d'un uppercut aussi dévastateur, le laissant K.O après 560 pages d'une noirceur absolue tout en ouvrant une réflexion profonde sur l'Amérique post 11 septembre 2001.

Après un incipit implacable et désenchanté en forme de défilé funéraire ( celui d'un jeune soldat tué en Irak ), Stephen Markley plonge son récit dix ans après dans la ville fictive de New Canaan, Midwest, Ohio, conçue comme un microcosme emblématique de la décadence du pays. Quatre personnages principaux, bientôt trentenaires, anciens amis au lycée, y reviennent une même nuit, animés par des motivations très différentes.

Quatre chapitres, un pour pour chacun, dressant leur portrait de façon terriblement précise : il y a Bill, le révolté épris de justice sociale, ultra politisé et désormais junkie qui doit livrer un mystérieux colis ; Stacey, l'ex ado maladroite et chrétienne qui a réussi ses études, enfin prête à affirmer sans honte son homosexualité, revenu enquêter sur la disparition d'une ex petite amie qui a compté ; Dan, le plus touchant, ancien lycéen timide et intello, vétéran de l'Irak où il a perdu son oeil, il veut retrouver son premier amour ; et Tina, la belle nana du lycée devenue caissière chez Wal Mart, en quête de vengeance. Autour de ces quatre-là gravitent une bonne vingtaine de personnages secondaires. Cela pourrait être des stéréotypes et pourtant non, on sent rapidement toute l'épaisseur psychologique qui les enveloppe.

Il est également rare qu'un premier roman soit aussi riche dans sa construction. Les quatre récits se déroulent tous sur une même période, 12 heures d'environ, et entremêlent au présent des flashbacks de la période lycée. le lecteur est témoin de cette nuit à partir de perspectives distinctes et parfois contradictoires. Des fils sont laissés en suspens puis repris dans un chapitre suivant, des détails occasionnels prennent soudainement une signification nouvelle et surprenante. le procédé est classique mais là, il est incroyablement bien maitrisé : des secrets sont révélés, des trahisons dévoilées, des choix terribles à assumer, jusqu'à la déflagration finale qui explose lorsque tous les événements présentés, passé et présent, finissent par s'interconnecter.

Il est tout aussi rare qu'un premier roman affiche aussi haut ses ambitions : sonder à la fois les tréfonds de la condition humaine et tenter d'expliquer l'histoire politico-sociale d'un pays. L'auteur se pose en quasi moraliste et on sent bien à quel point le choix de son casting et des trajectoires diverses qu'il offrent est un arsenal pour dézinguer l'accélération de la dégénérescence de l'Amérique post 11 septembre : hypocrisie de la religion, homophobie latente, violences sexuelles, récession économiques, guerres impérialistes, ravages de la toxicomanie ... oui il y en a beaucoup et parfois trop car l'auteur est déterminé à écrire des pages à la puissance explosive pour étayer sa thèse. Ce systématisme alourdit parfois son propos mais n'enlève en rien son acuité.

Finalement, c'est sur un autre terrain, plus intimiste, que j'ai trouvé cet Ohio le plus convaincant : lorsqu'il évoque la persistance et la modification de la mémoire au cours d'une vie à partir de la période fondatrice et brutale de l'adolescence. Chaque page évoquant un fait présent semble appuyer sur un piston qui réactive un souvenir, bon ou mauvais. Et c'est très fort de voir ces personnages se débattre avec leur vécu d'adolescent, ruminant leur échec adulte alors qu'ils pensaient conquérir le monde, tentant d'étouffer des reflux douloureux en les requalifiant sans vraiment parvenir à tromper leur conscience. Et pourtant, dans cet océan de colère et de désillusion, ils cherchent malgré tout la petite lumière venue de leurs jeunes années qui pourraient leur apporter la rédemption.

Un premier roman au lance-flamme, à la force de conviction dévastatrice. Indubitablement marquant. Terriblement sombre.

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Un roman américain pur jus. Mais qu'est-ce qui caractérise tant la littérature américaine, au point de savoir que c'en est même si on devait me cacher le titre et l'auteur ? A l'aune de ma (toute) petite expérience en la matière, je dirais que les ingrédients sont souvent les suivants (et, amis Babeliotes, vous pourrez compléter cette liste non exhaustive, ou la nuancer, le débat est ouvert) :

- Une construction astucieuse, oscillant par exemple entre présent et passé, en aller retour s'enrichissant l'un l'autre ;
- Un ensemble de personnages dont la psychologie est analysée finement et profondément ; Loin des stéréotypes, les personnages sont souvent enveloppés d'une épaisseur psychologique qui nous aide à les aimer, du moins véritablement à les comprendre ;
- Une dénonciation franche, argumentée et acerbe, parfois jubilatoire, des grands maux de la société, et notamment de la société américaine ;
- Une part belle accordée à la nature, aux paysages, aux grands espaces, souvent décrits de façon poétique, voire hallucinée, dans cet ensemble de psychologie et de dénonciation, les paysages semblent être l'élément immuable et salvateur. Certains auteurs en font d'ailleurs l'élément central de leur livre, un personnage à part entière, présence de feu et de grâce (Nature writing).
- La présence de dualités irrésolues, non manichéennes : la violence des villes face à la sauvagerie des grands espaces, La laideur des villes moyennes face à l'inquiétante beauté de la nature, les traditions un peu kitsch face à la modernité déprimante, la supériorité condescendante des cow boys face à la violence sans pitié des indiens, le patriotisme des républicains face aux espoirs vains des démocrates…

Alors que l'épure de la littérature asiatique me comble de sérénité, que la subtilité poétique de la littérature des pays de l'est m'enveloppe dans ses mystères, que la mélancolie de la littérature portugaise parle avec émotion à mes racines, alors que la grandiloquence de la littérature russe me fortifie, la richesse foisonnante de la littérature américaine me nourrit. Et ce premier roman de Stephen Markley ne fait pas exception. Roboratif, il l'est et m'est d'avis qu'il restera dans les annales des grands livres de la littérature américaine.

Ce livre débute par l'enterrement de Rick, jeune soldat mort aux combats en Irak , incipit funèbre, puis donne la parole à quatre personnages ayant côtoyé Rick durant le lycée, quatre anciens amis qui n'ont pas voulu ou n'ont pas pu assister au défilé funéraire, et qui reviennent, au début de la trentaine, à New Canaan, ville fictive du Midwest, dans l'Ohio, ville emblématique de la décadence du pays. Un long chapitre précis est consacré à chacun, occasion pour eux de s'exprimer, de dénoncer l'Amérique post 11 septembre 2001, en aller-retour subtil entre passé et présent.
On trouve Bill, politisé, épris de justice, complètement drogué qui doit livrer un mystérieux colis ; Stacey qui a toujours eu du mal avec son homosexualité du fait de son éducation catholique ,prête désormais à l'assumer et qui recherche des traces de son ancienne petite amie, Lisa ; le timide Dan, vétéran de l'Irak où il a perdu un oeil et qui veut retrouver Hayley, son premier amour ; et enfin Tina, la belle nana du lycée que certains hommes ont abusée et humiliée, devenue caissière chez Walmart, aujourd'hui en quête de vengeance. Les quatre récits se déroulent en même temps, sur une nuit, la même nuit.
Ces quatre récits se complètent, s'apportent mutuellement des précisions, des compléments. La nuit du grand retour. L'occasion de dénoncer pèle mêle les dégâts de la toxicomanie, l'intolérance de la religion, l'homophobie, les violences sexuelles, la destruction de la nature et des écosystèmes, la crise de 2008 et ses conséquences en termes d'expulsions, de récession économique, de désindustrialisation, de friches industrielles à l'abandon, les guerres impérialistes, la société de consommation.
Beaucoup de dénonciations donc, qui ne sont pas sans comporter, il est vrai, certaines longueurs. Il faut dire que l'ambition de l'auteur, dans ce premier roman, est impressionnante. On lui pardonnera donc ces longueurs que je vois comme autant de marques d'enthousiasme.

On trouve, en plus des quatre personnes nommées précédemment, tout un ensemble de personnages secondaires, parfois dans le jus de cette ville de New Canan : « ce style de mec qu'on trouve un peu partout dans le ventre boursouflé du pays, qui enchaîne Budweiser, Camel et nachos accoudé au comptoir comme s'il regardait par-dessus le bord d'un gouffre, qui peut frôler la philosophie quand il parle football ou calibres de fusil, qui se dévisse le cou pour la première jolie femme mais reste fidèle à son grand amour, qui boit le plus souvent dans un rayon de deux ou trois kilomètres autour de son lieu de naissance, qui a les mains calleuses, un doigt tordu à un angle bizarre à cause d'une fracture jamais vraiment soignée, qui est ordurier et peut employer le mot putain comme nom, adjectif ou adverbe, de manières dont vous ignoriez jusque-là l'existence ».

New Canaan nous est présenté sans fioriture : « la banlieue de New Canaan apparaissait comme un condensé de tout le mal-être du Midwest. Cette maigre zone commerciale avait perdu tous ses panneaux, on n'y voyait plus que les silhouettes spectrales d'activités disparues et les petites traces de rouille aux endroits où des vis plongeaient naguère dans le stuc. La suite du chemin était marquée par toutes les tumeurs habituelles. Maisons avec un panneau À VENDRE. Maisons avec un panneau SAISIE. le reste à louer et manifestement pas loué. Andy's Glass Shop, fermé. Burger King, ouvert. ». « Toutes les villes de l'Ohio avaient de grandes étendues gangrenées qui ressemblaient à New Canaan, la même géographie de zones commerciales cancéreuses aux avant-postes violemment éclairés vantant diverses variations autour du crédit à la consommation. »

J'ai été subjuguée par la vision qu'essaie de rendre compte Stephen Markley lorsque nous sommes sous l'effet de stupéfiants, je comprenais et ressentais comme si j'avais moi-même ingurgité toute cette drogue : « Bill courut jusqu'au grillage, les bras comme des pistons, les poumons aussi gonflés que des ballons dirigeables. Il courut sous le regard attentif de son Léviathan, cette créature opaque qui ne connaissait que l'autorité et la faim, et qu'on ne peut pas voir si on n'est pas sous l'effet bénéfique de trois types de substances différentes parce que la regarder c'est la manquer. Tournez les yeux dans sa direction et elle retrouve son état gazeux. Elle fixait Bill avec curiosité, trente-sept millions d'yeux-microscopes disséquant la surface du pays nu. Il empoigna le grillage, grimpa au sommet et passa par-dessus. Il atterrit en roulant, des brins d'herbe se collèrent à ses coudes, il se remit debout puis il sprinta vers le terrain. Il franchit la surface en polyuréthane noir et ses tennis foulèrent l'herbe sèche. Il se plia en deux, baissa les mains et lança les jambes vers l'arrière en une roulade désordonnée. Il était un accélérateur de particules qui précipitait des protons et des neutrons les uns contre les autres. Il voyait les électrons se faufiler entre les réalités, il goûtait les fantômes quantiques. Et il atterrit sur le cul. le ciel tournoyait et la Chose disparut, rejoignit les étoiles et le carbone. C'était génial. Il fit des anges dans la poussière comme si c'était de la neige. Il rit sans s'arrêter. »

J'ai aimé plonger dans ce gros roman ; j'ai trouvé magistrale l'ambition de l'auteur de vouloir à la fois sonder les tréfonds de l'âme humaine et d'expliquer l'histoire politique, sociale, économique des Etats-Unis, sans pour autant se poser en donneur de leçon. J'ai trouvé incroyable sa manière de nous faire parcourir ce lieu et nous faire toucher du doigt ces nombreux sujets selon le regard et l'avis des quatre personnages, selon des facettes et des angles totalement différents. Je termine ce livre, repue et rassasiée ! Oui, la littérature américaine ne cesse de me nourrir.
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C'est un récit dense, à quatre voix que nous propose avec beaucoup d' énergie, dans une sorte de logorrhée qui entraîne le lecteur dans un tourbillon vertigineux. de l'adolescence à l'âge adulte on suit le destin de quatre jeunes américains moyens, des filles et des garçons que les pulsions sexuelles de l'adolescence entrainent parfois au-delà du raisonnable.

Tina, Stacey, Bill, Dan vont l'un après l'autre lever le voile sur une période trop alcoolisée et fumeuse pour que les limites ne se trouvent pas franchies. Les récits se complètent en se contredisant parfois. Les aléas de la mémoire recréent la légende, et ce d'autant que les traumas fondateurs ont pu altérer les souvenirs. Construit comme un puzzle qui ne révélerait le tableau complet que lorsque que la dernière pièce prendrait sa place. A l'âge adulte, certains en sont profondément marqués. La guerre en Irak et l'attentat des tours jumelles achèvent de brouiller les cartes dans ces esprits perturbés.

C'est à la fois un constat d'échec personnel pour chacun des personnages qui au gré de leur errance se confrontent à ce qui reste des souvenirs de leur jeunesse. Il faudra arriver à la toute fin du roman pour comprendre ce qui s'est vraiment passé.

Guerre, drogue, racisme, régression cognitive sur fond de religion, c'est un portrait sans complaisance de l'Amérique contemporaine, vacillant sur les socles chimériques de ce qui fut le rêve américain.

C'est noir, violent, et cru, sans concession et porté par une écriture vive, dense, qui demande une attention soutenue, et nécessite une concentration sans faille pour avancer dans le récit.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Bienvenue à New Canaan, état de l'Ohio avec sa devise " avec dieu tout est possible".
Comme disait Neil Young " rust never sleep " la rouille ne dort jamais, la "rust belt ( la ceinture de rouille) rend ses habitants un peu instables voir inquiétants, y aurait-il un micro climat, un poison qui rend l'Ohio et New Canaan si triste ?
J'ai fini ce premier roman de Stephen Markley le moral dans les chaussettes.
Ohio c'est comme un clip d'eminem " Lose yourself " une atmosphère sombre, comme un rap qui dérape .
Quatre personnages sont de retour à New Canaan , la ville qui les a vu naitre et grandir. Bill, Stacey, Dan et Tina . Ils se connaissent, se sont fréquentés au collège, au lycée mais le temps à passé sauf la haine de soi et la haine des autres. Il est plus facile de haïr que d'aimer, aimer c'est se fragiliser, s'offrir à l'autre, aux autres.
Leurs vies est comme un match de foot américain, avancer tête baissée, avancer coûte que coûte 1 yard, 3 yards, 10 yards, prendre des coups, en donner.
Quatre histoires dans l'histoire avec en filigrane Lisa et Rick deux personnages qui illuminent ce récit.
J'ai adoré Ohio un roman qui bouleverse.
" Rien n'est jamais parfait dans la vie. C'est pour ça que c'est la vie et pas le paradis".
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OHIO de Stephen Markley
Traduit par Charles Recoursé
Éditions Albin Michel (coll. Terres d'Amérique)

OHIO débute avec une phrase percutante qui symbolyse bien la façon dont l'Amérique traite ses enfants : "Il n'y avait pas de corps dans le cercueil. C'était un modèle Star Legacy rose platine en acier inoxydable 18/10 qu'on avait loué au Walmart du coin et enveloppé dans un grand drapeau américain." (p11)

Et voilà, c'est avec un cercueil de location rose et bon marché que l'on rend hommage à un jeune homme du pays tué lors d'une mission en Irak ! C'est triste non ? Mais le ton est donné ! OHIO est un roman plein d'impertinence et, par moment, politiquement incorrect pour notre plus grand plaisir (d'ailleurs, je ne résiste pas à citer une phrase de la page 63 qui m'a bien fait marrer : "Les choses commencèrent à changer en 2000, quand le mange-merde qui gouvernait le Texas vola la présidentielle au vice-président mou et incompétent").

Personnellement, j'ai trouvé que la façon dont est structuré ce roman est très intelligente : car OHIO est principalement composé par quatre nouvelles qui se concentrent chacune sur un personnage différent. Quatre histoires distinctes qui se superposent afin de mettre en perspective les événements d'une même nuit tout en expliquant comment les séquelles du 11 septembre ont menées au déclin de ces régions rurales américaines telles que l'Ohio. Tous les personnages que l'on rencontrera dans ce roman seront le reflet d'une Amérique brisée que ce soit par la récession, la fuite des industries, les ravages de la drogue, la violence sexuelle, la guerre, le bouleversement écologique, etc.

J'ai adoré OHIO mais les quelques petits défauts (notamment des longueurs et un peu trop de bavardages) m'ont fait passer à côté du coup de coeur. Il aurait mérité d'être un peu plus acéré et dense mais c'est un excellent premier roman qu'il faut absolument lire pour comprendre l'Amérique d'aujourd'hui.

Stephen Markley est un auteur à suivre.

Mille mercis au Picabo River Book Club et aux Éditions Albin Michel pour ce partenariat.
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critiques presse (7)
LeSoir
13 novembre 2020
U premier roman ample et saisissant.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Culturebox
13 novembre 2020
"Ohio", c'est le titre du premier roman d'un jeune écrivain américain qui dessine dans une veine noire brillamment observatrice le portrait d'un pays en lambeaux.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LaLibreBelgique
14 octobre 2020
Le premier roman de Stephen Markley se penche sur la génération sacrifiée de l'après 11-Septembre.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeMonde
13 octobre 2020
Construit sous forme de flash-back à une quinzaine d'années d'intervalle, « Ohio » expose crûment la jeunesse totalement désabusée qui a pris corps dans les Etats-Unis post-11-Septembre.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeSoir
12 octobre 2020
Stephen Markley la rencontre dans «Ohio», un premier roman puissant marqué par la violence de l'époque.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LeJournaldeQuebec
28 septembre 2020
Originaire de Mount Vernon, Ohio, l’écrivain Stephen Markley nous montre le vrai visage de l’Amérique : celui d’une génération marquée par la guerre, les désillusions et la dégénérescence.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeFigaro
17 septembre 2020
Le premier roman de Stephen Markley décrit la vie de quatre trentenaires qui se sont connus au lycée avant de se perdre de vue. L’auteur brasse ici des tonnes de violence et d’émotion.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (145) Voir plus Ajouter une citation
Walter Benjamin possédait le tableau de Paul Klee intitulé Angelus Novus et représentant un ange qui parait reculer à toute vitesse, les ailes déployées, les yeux écarquillés, la bouche ouverte. C'est à cela que doit ressembler l'ange de l'histoire, écrivait Benjamin. Son visage est tourné vers le passé. Là où nous apparaît une chaine d'événements, il ne voit, lui qu'une seule et unique catastrophe, qui sans cesse amoncelle ruines sur ruines et les précipite à ses pieds. Il voudrait bien réveiller les morts et rassembler ce qui a été démembré. Mais du paradis souffle une tempête qui s'est pris dans ses ailes, si violemment que l'ange ne peut plus les refermer. Cette tempête le pousse irrésistiblement vers l'avenir auquel il tourne le dos, tandis que le monceau de ruines devant lui s'élève jusqu'au ciel. Cette tempête est ce que nous appelons le progrès.
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Pour elle, le monde naturel existait de la même façon qu’il existe pour la majorité des populations du Nord : un parc à thème, un Disneyland de plus. Un des luxes de la modernité était de ne jamais avoir à se demander si l’asphalte d’un parking risquait d’écraser le sol, de déranger un écosystème fragile, d’expulser une colonie d’insectes, d’oiseaux ou de petits mammifères. Ou bien de ne jamais songer que ce parking lui-même n’était guère qu’une miniature d’un phénomène bien plus vaste et sinistre : une guerre contre la biosphère vivante. On parle d’anthropocène, mais il serait plus exact de l’appeler nécrocène : une ère géologique déclenchée par l’être humain, dans laquelle le profit découle de l’exploitation et de l’extinction, l’immense capital accumulé finançant des dévastations plus grandes encore en un cycle fatal.
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Encore maintenant, à l'âge adulte, l'Enfer revenait de temps en temps, sans prévenir, violemment. Par exemple le jour où son grand frère l'avait fait asseoir dans sa cuisine pour essayer de la sauver. Patrick et sa femme, Becky, avaient un avis tranché sur son « mode de vie », qu'ils n'évoquaient jamais devant le reste de la famille. Ça avait commencé en 2005. Quand elle leur avait annoncé son homosexualité, ils avaient été aimants et d'une politesse à toute épreuve, mais ensuite ils s'étaient mis à lui transférer par mail ce que l'on peut envoyer de plus insultant à un proche gay : les liens de sites de guérison par électrochocs, et des publicités vantant les mérites des centres de « thérapie » pour tarlouzes qui tournaient dans les cercles évangélistes malgré les moqueries croissantes du grand public.
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La vie elle-même est devenue l'ultime ressource disponible, exploitable. On est prêts à tout. Raser des montagnes entières, anéantir des espèces, déplacer des fleuves, brûler des forêts, modifier le pH de l'eau, nous couvrir de produits chimiques toxiques. Il a fallu deux millions d'années à notre espèce pour se mettre debout et seulement cinq cents générations pour tout le reste. Notre culture repose sur notre droit à l'abondance, et sur pas grand-chose d'autre. Et nous avons mis notre droit de naissance en danger parce que nous sommes incapables de nous contrôler. De contrôler notre désir.
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À l'enterrement de Wunderlich, ils avaient écouté l'éloge de l'aumônier militaire. Le casque et les plaques d'identité du sergent étaient pendus à un fusil planté par la baïonnette près de ses bottes. Avant le départ au front, on vous fait remplir un petit livret bleu dans lequel vous inscrivez la chanson que vous souhaitez pour votre enterrement. À la fin de l'oraison, la batterie et la guitare avaient résonné et tout le monde s'était regardé. Dan avait vu la surprise illuminer le visage de Coyle. Et quand Alanis Morissette avait entonné « I'm broke but I'm happy / I'm poor but I'm kind », ils avaient explosé. Coyle hurlait de rire. Ils s'étaient levés pour danser, une main dans la poche, en faisant le signe de la paix.
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